"Seul sur Mars" est-il réaliste ?
Le film de Ridley Scott, avec Matt Damon dans le rôle principal, a été encensé outre-Atlantique pour sa relative crédibilité en matière de survie spatiale.
"Je vais devoir en chier, de la science." Dans Seul sur Mars, le film de Ridley Scott qui sort mercredi 21 octobre, l'astronaute et botaniste Mark Watney, interprété par Matt Damon, se retrouve livré à lui-même sur la planète rouge. Laissé pour mort, le personnage imaginé par le romancier Andy Weir doit survivre pendant quatre ans dans un environnement inhospitalier. D'où son recours au bricolage et à ses connaissances pour contacter ses anciens coéquipiers, d'abord, et puis pour se nourrir jusqu'à ce qu'ils viennent le chercher.
Dans les pays anglo-saxons, le long-métrage de science-fiction a été encensé par la critique, notamment pour son réalisme. "Seul sur Mars est aussi brillant que Prometheus était nul, ce qui est étonnant, étant donné que les deux films sont du même réalisateur", écrit par exemple le Guardian (en anglais). L'est-il autant qu'on le dit ? Eléments de réponse.
Des vraies technologies utilisées par la Nasa
Seul sur Mars est le fruit d'une collaboration logique entre Ridley Scott et la Nasa : le réalisateur, à la recherche de crédibilité, avait besoin de réponses scientifiques ; l'Agence spatiale américaine, elle, raffole de toute occasion de faire sa publicité. Comme l'explique le site Popular Science (en anglais), Jim Green, le directeur des sciences planétaires à la Nasa, s'est longuement entretenu avec le cinéaste dès qu'il s'est attelé à l'adaptation du livre éponyme d'Andy Weir.
Mieux, il a proposé aux équipes du film de leur montrer les prototypes imaginés par l'agence pour vivre sur Mars. Résultat : des technologies qui existent bel et bien sont représentées à l'écran (et la Nasa s'en félicite sur son site). Dans le film, Mark Watney cultive par exemple des pommes de terre à l'instar des locataires de la Station spatiale internationale qui ont mangé la première salade à avoir poussé dans l'espace.
Dans plusieurs médias anglo-saxons, des scientifiques notent toutefois que, pour utiliser ses excréments dans la mise en place de son potager comme il le fait dans le film, Mark Watney aurait d'abord dû les composter pour tuer les bactéries nocives. Le film, sur ce point, a un peu simplifié le processus.
Degré de réalisme : 80%
Le scénario bouleversé par la présence d'eau sur Mars ?
Depuis la fin du mois de septembre, on sait que de l'eau coule à la surface de la planète rouge. Ridley Scott, lui, était au courant "depuis plusieurs mois", assure-t-il. Lors de ses entretiens avec les experts de la Nasa, le cinéaste américain a pu évoquer la question. En revanche, il était déjà trop tard pour intégrer ces révélations au script.
Pour le scénariste, Drew Goddard, cette découverte ne change pas grand-chose au problème de Mark Watney. "On sait qu'il n'y a pas de rivière", rétorque-t-il dans un entretien à The Verge (en anglais). Et de rappeler que le personnage de Matt Damon a trouvé une solution probante pour produire sa propre eau. Un moyen peut-être même plus simple que d'aller collecter l'eau martienne à l'autre bout de la planète. Il s'agit en fait, comme l'explique la vidéo ci-dessous (en anglais), de faire brûler de l'hydrogène (ou de l'hydrazine dans le film) et de récupérer de l'eau sous l'effet de la condensation :
Degré de réalisme : 95%
Le point de départ de l'intrigue totalement inventé
Reste que les aventures de Mark Watney/Matt Damon reposent sur un postulat initial erroné : aucune tempête sur Mars ne pourrait forcer les coéquipiers de l'astronaute à quitter la planète sans lui. "Il y a du vent, parfois accompagné de poussières. Il y a des tempêtes sur Mars, mais elles ne sont pas aussi violentes que dans le film", corrige Josh K. Willis, un scientifique de la Nasa interrogé par Buzzfeed (en anglais).
En raison de la très fine atmosphère martienne, la vitesse des vents ne peut atteindre qu'environ la moitié de celle d'un ouragan. Et ces bourrasques "ne seraient probablement pas perceptibles pour un astronaute", note Scott Hubbard, spécialiste de Mars et professeur à l'université de Stanford, cité par le Huffington Post. "Vous pourrez faire voler un cerf-volant, mais cela ne pourrait pas vous assommer", corrobore l'ingénieur américain Robert Zubrin dans le Guardian (en anglais).
Degré de réalisme : 10%
Un voyage plutôt conforme à ce qu'il pourrait être
Pour cela, encore faut-il pouvoir se rendre sur la planète voisine de la Terre, située à près de 55 millions de kilomètres (à son point le plus proche). La Nasa veut envoyer des hommes sur Mars d'ici 2030. Des premiers vols d'essai pourraient avoir lieu dès 2023. La principale difficulté : recréer une sorte de gravité artificielle, afin que les astronautes ne vivent pas en apesanteur pendant des mois.
Sur le même principe que le vaisseau d'Interstellar, Ridley Scott a ainsi imaginé "Hermes", une sorte de Station spatiale internationale mouvante, dont une partie tourne. Cette rotation et la propulsion du vaisseau par des moteurs ioniques permettent de donner une impression de gravité dans la partie habitable, explique Wired (en anglais). "Il n'y a pas besoin d'aérodynamisme, parce que vous naviguez dans le vide", affirme encore Ridley Scott dans le magazine.
Et, même si l'aller-retour d'un équipage vers Mars devient un jour possible, une mission de secours mobilise bien d'autres enjeux, remarque Vulture (en anglais). Un scénario qui, pour l'instant, reste inimaginable.
Degré de réalisme : 50%
Tout bon sur la méthode
En dépit de quelques approximations, la communauté scientifique salue l'inventivité du personnage de Matt Damon. Ingénieux, le botaniste expérimente, teste, essuie quelques échecs, mais recommence en variant les paramètres pour trouver la solution. Bref, une représentation plutôt convaincante du travail d'un scientifique, souligne Slate. "Ce que nous aimons dans ce film, c'est qu'il montre comment on doit penser avec un, deux ou trois coups d'avance", fait savoir l'astronaute Rex Walheim, cité par le Huffington Post.
Degré de réalisme : 100%
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