"Un champion européen des satellites" : Airbus, Thales et Leonardo fusionnent leurs activités spatiales

Avec cette alliance, les autorités européennes espèrent contrer le Starlink d'Elon Musk.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le logo du groupe Thalès photographié sur le site de Hersal, en Belgique, le 3 octobre 2025. (VIRGINIE LEFOUR / AFP)
Le logo du groupe Thalès photographié sur le site de Hersal, en Belgique, le 3 octobre 2025. (VIRGINIE LEFOUR / AFP)

Ensemble, vers l'infini et au-delà. Airbus, Thales et Leonardo ont signé jeudi 23 octobre un protocole d'accord en vue de fusionner leurs activités dans les satellites. Ce méga-projet est destiné à contrer la domination de Starlink, la constellation d'Elon Musk, et à renforcer la souveraineté de l'Europe.

L'"acteur spatial européen de premier plan" ainsi créé emploiera quelque 25 000 personnes à travers l'Europe, pour un chiffre d'affaires de 6,5 milliards d'euros (à fin 2024) et un carnet de commandes représentant plus de trois années de ventes. Il sera opérationnel en 2027 si la Commission européenne donne son feu vert, souligne Thales.

"Renforcer la souveraineté européenne"

"Dans un contexte mondial marqué par une concurrence accrue, nous avons besoin de champions du spatial à l'échelle de l'Europe. C'est le seul moyen pour investir plus, innover plus, être plus compétitifs et mettre le spatial au service de notre autonomie stratégique", a réagi Philippe Baptiste, ministre français de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Espace et ancien patron du Cnes, l'agence spatiale française. Ce projet de fusion, baptisé Bromo, est "une excellente nouvelle", s'est également félicité le ministre de l'Economie, Roland Lescure, saluant "la création d'un champion européen des satellites" qui permettra de "renforcer notre souveraineté européenne".

Le siège social de la nouvelle entité sera basé à Toulouse, où Airbus, Thales Alenia Space et Leonardo disposent déjà d'importantes implantations en ingénierie, production et recherche, a annoncé un haut responsable de Thales lors d'une conférence téléphonique. Airbus, Leonardo et Thales détiendront respectivement 35%, 32,5% et 32,5% du capital. L'entreprise fonctionnera sous contrôle conjoint, avec "une gouvernance équilibrée", selon Leonardo.

Crainte d'un monopole

Des syndicats ont toutefois mis en garde contre le "monopole" que créerait cette fusion et prévenu que les suppressions d'emploi en cours dans les branches spatiales d'Airbus et de Thales mettaient "en péril le maintien des compétences". Pour la CGT Métallurgie, la raison de cette fusion est "de créer un monopole permettant d'imposer ses prix et d'affaiblir le pouvoir des agences" spatiales française (Cnes) et européenne (ESA). Dans un communiqué, mardi, le syndicat a fait valoir qu'Airbus et Thales Alenia Space avaient déjà "un carnet de commandes record" qu'ils avaient "du mal à honorer". Le syndicat FO Métaux a estimé jeudi que cette fusion ouvrait "la voie à un nouvel équilibre industriel", à condition que des "savoir-faire" français soient préservés. Elle "ne peut être synonyme de perte d'emploi", a-t-il mis en garde.

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