Le plan "maths et filles" présenté par Elisabeth Borne face à plusieurs limites

La ministre de l'Éducation nationale prévoit notamment de créer des "classes aménagées maths et sciences en 4e et 3e" pour inciter les filles à se tourner vers ces matières.

Article rédigé par franceinfo
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Un cours de mathématiques dans une classe de CM2, à Marseille, le 3 janvier 2023. (VREL VALERIE / MAXPPP)
Un cours de mathématiques dans une classe de CM2, à Marseille, le 3 janvier 2023. (VREL VALERIE / MAXPPP)

Comment rendre les filières scientifiques, aujourd'hui très masculines, plus mixtes ? Actuellement, les femmes représentent seulement 25% des étudiants intégrant des formations supérieures conduisant aux métiers d'ingénieurs et du numérique. Cette proportion stagne depuis vingt ans. Pour y remédier, la ministre de l'Éducation lance un plan d'action pour inciter les jeunes filles à se tourner vers ces formations scientifiques avec des mesures dès le plus jeune âge. 

Des classes à horaires aménagés vont notamment être créées en 4e et 3e pour faire plus de sciences, comme cela existe aujourd'hui pour la musique ou le théâtre. Ces classes devront obligatoirement être remplies à 50% de filles, selon Elisabeth Borne. "L'objectif, c'est d'avoir des activités supplémentaires pour découvrir autrement les sciences, les maths, avec des chercheurs, avec des partenaires et donc, de pouvoir sensibiliser des jeunes à la recherche, à l'expérimentation dans les sciences", a expliqué la ministre de l'Education mercredi 7 mai sur France Inter.

Une dizaine de classes aménagées sciences seront testées dès la rentrée prochaine, dans cinq académies (Amiens, Bordeaux, Martinique, Nancy-Metz et Normandie), avec l'idée d'en avoir une par département en 2026. Des objectifs chiffrés sont aussi donnés pour le lycée. Elisabeth Borne veut qu'en 2030, 30 000 filles de plus choisissent l'enseignement de spécialité maths pour parvenir à la parité dans les classes de Terminale. Aujourd'hui, elles ne sont que 42% à le conserver jusqu'au bac. 

Des viviers d'élèves majoritairement masculins

Il y a aussi des objectifs, et non pas des quotas, pour l'enseignement supérieur, et notamment dans les classes prépas scientifiques qui mènent aux écoles d'ingénieurs. Actuellement, il y a parfois moins de 10% de femmes dans ces formations sélectives. La ministre de l'Éducation veut parvenir à au moins 20% d'étudiantes d'ici 2026, 30% en 2030 et pourquoi pas, en passant par la loi, sur le modèle de dispositifs qui existent déjà pour les boursiers avec des voies d'accès réservées.

Toute la question est de savoir comment y parvenir. Les représentants de ces classes prépa partagent ce souci de mixité mais rappellent que leurs viviers de recrutement, dans les classes de terminale, sont majoritairement masculins. 

Il faut donc agir très tôt, rappellent certains acteurs de l'Éducation nationale, un peu sceptiques face à ces annonces, dont certaines ont déjà été faites par le passé mais sans concrétisation ensuite. Les dernières études montrent que les différences de niveau filles-garçons interviennent dès le début de l'école élémentaire, dès les premiers mois du CP.

Des commentaires parfois genrés sur les bulletins

C'est pourquoi ce plan "maths et filles" veut aussi jouer sur les biais de genre des professeurs. Il est avéré, de manière générale, que les garçons sont plus souvent sollicités à l'oral que les filles, plus souvent interrogés au tableau. Les commentaires dans les bulletins sont aussi parfois genrés, on ne met pas en avant les mêmes qualités et cela joue sur la confiance, la représentation que les filles et les garçons ont d'elles et d'eux-mêmes et de leur avenir. Le plan promet des sensiblisations et des formations à destination des enseignants. C'est "une bonne chose", juge l'une de leurs représentantes mais encore faut-il en avoir les moyens. La formation continue est au point mort aujourd'hui, avec peu de crédits et peu de temps dégagé pour les suivre. 

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