11-Novembre : "Identifier un Poilu, c'est assez particulier"
Cent ans après le début de la Grande Guerre, des centaines de milliers de soldats n’ont toujours pas été identifiés, engloutis dans la boue des champs de bataille, mais certaines familles ne perdent pas espoir et continuent de les chercher. À Verdun, dans la Meuse, un homme a consacré une partie de sa vie à leur rendre leur identité.
La pièce est vétuste. Dans la salle d’autopsie de la chambre mortuaire de l’hôpital Saint-Nicolas de Verdun, pas de laser balistique ni de tests ADN. Juste une table sur laquelle Bruno Frémont – médecin légiste et chef des urgences – a disposé un crâne, probablement celui d’un Poilu. Les squelettes de la Grande Guerre n’ont plus de secret pour lui, depuis le temps qu’il les scrute. Il ne se passe pas un mois sans qu’on lui amène des ossements découverts sur le champ de bataille.
Pour les identifier, le médecin fait avec les moyens du bord : "C’est compliqué d’identifier un Poilu, parce que c’est assez rare de trouver un squelette complet, et même lorsqu’on trouve un squelette entier, le squelette n’à pas toujours sa plaque d’immatriculation ". Cette plaque en métal inoxydable, accroché autour du cou ou du poignet et inscrite au fichier de l’armée, permet de retrouver son identité. Quand le soldat a perdu sa plaque, d’autres éléments peuvent apporter quelques indications. "Tout ce qui est métallique est parfaitement conservé, les boutons des uniformes nous disent tout de suite si c’est un soldat français ou allemand ", poursuit le médecin légiste.
Une découverte incroyable
L’an dernier, le 31 mai 2013, Bruno Frémont a participé à une découverte incroyable. A quelques kilomètres de Verdun, dans le village de Fleury-sous-Douaumont, rayé de la carte en 1916, mouliné par un déluge d'obus, des touristes allemands ont découvert vingt-six corps entassés dans un trou d'à peine dix mètres carrés. Bruno Frémont est parvenu à en identifier sept. Jean-Pierre Laparra, le maire de ce village fantôme de Fleury-sous-Douaumont, n’a pas oublié ce moment historique : "Le premier qui a été exhumé, c’est Jean Caillou. Avec la plaque, on savait tout de lui, son régiment, où il était né, d’où il venait. D’un seul coup il retrouvait une autre vie. "
Jean Peyrelongue a lui été le dernier à être exhumé de la fosse découverte à Fleury. Il a 35 ans lorsqu'il meurt englouti sur le champ de bataille, en 1916. Le Poilu ne reverra jamais sa femme, ni son fils. Un fils qui va le chercher toute sa vie, un fils qui va arpenter tous les cimetières militaire de la région, pour trouver en vain où son père est enterré. Ce secret c’est Josette Morel, la petite-fille de Jean Peyerlongue, aujourd’hui âgée de 69 ans, qui va le découvrir l’an dernier. Un moment de grande émotion lorsqu’elle a reçu le coup de fil, de la tristesse aussi, at-ell confié au téléphone, depuis la banlieue de Nantes où elle vit, "en pensant à papa, qui n’a pas pu faire le deuil de son père ", très heureuse, malgré tout, de savoir où est enterré son grand-père, et de pouvoir aller se recueillir sur sa tombe.
De son village de Vescovato, en Corse, Jean-Pierre Giansily, qui lui aussi a retrouvé son oncle dans cette fosse a écrit cette lettre à Jean-Pierre Laparra : "Au travers de la dépouille mortelle de mon oncle, André Giansily, c’est toute une communauté villageoise qui est heureuse de voir un de ces fils rejoindre, pour un repos éternelle, sa terre natale, qui ne manquera pas une fois encore d’honorer ses enfants morts pour la France ". Un "happy- end " qui a d’ailleurs fait le tour du monde, l’histoire de Jean Peyrelongue et de ses compagnons d’armes a été publiée cet été au Japon.
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