Ce que l'on sait de l'abattage d'un olivier à la mémoire d'Ilan Halimi, qualifié d'"acte de haine" par Emmanuel Macron

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Le tronc de l'olivier planté en hommage à Ilan Halimi à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), photographié le 15 août 2025 après avoir été sectionné. (DIMITAR DILKOFF / AFP)
Le tronc de l'olivier planté en hommage à Ilan Halimi à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis), photographié le 15 août 2025 après avoir été sectionné. (DIMITAR DILKOFF / AFP)

Une enquête a été ouverte pour destruction de bien d'utilité publique et a été confiée aux policiers de la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, a déclaré vendredi le parquet de Bobigny.

Le chef de l'Etat dénonce un "acte de haine". Un olivier planté en hommage à Ilan Halimi, jeune juif torturé à mort en 2006, a été abattu dans la nuit du mercredi 13 au jeudi 14 août, à Epinay-sur-Seine (Seine-Saint-Denis). Après cette découverte unanimement dénoncée par la classe politique, franceinfo vous dit ce que l'on sait de cette affaire.

Une enquête ouverte pour destruction de bien d'utilité publique

L'olivier a été sectionné, probablement à l'aide d'une tronçonneuse, dans la nuit de mercredi à jeudi. D'après le maire de la commune, Hervé Chevreau (sans étiquette), qui se base sur les caméras de vidéosurveillance extérieures, un homme portant un sac à dos s'est introduit à 1h50 sur le site, alors que le parc ferme à 21h30.

Une enquête a été ouverte pour destruction de bien d'utilité publique et a été confiée aux policiers de la sûreté territoriale de Seine-Saint-Denis, a précisé vendredi le parquet de Bobigny.

Face au choc suscité par cet abattage, Julien Charles, préfet de Seine-Saint-Denis, était présent sur les lieux vendredi aux côtés du grand rabbin de France, Haïm Korsia. Le représentant de l'Etat a jugé "important" de se rendre là où l'olivier a été abattu "pour dire (...) que l'enquête aboutira, qu'on réussira à identifier l'auteur de ces faits, qu'il sera traduit devant la justice".

Ilan Halimi, séquestré et torturé en janvier 2006

Ilan Halimi, un jeune juif de 23 ans, avait été enlevé, séquestré et torturé en janvier 2006 par un groupe d'une vingtaine de personnes qui se faisaient appeler "le gang des barbares", sous la direction de Youssouf Fofana.

Découvert nu, bâillonné, menotté et portant des traces de tortures et de brûlures à Sainte-Geneviève-des-Bois, dans l'Essonne, le jeune homme était mort pendant son transfert à l'hôpital un peu moins d'un mois plus tard. L'arbre avait été planté a Épinay-sur-Seine en 2011, cinq ans après son décès, pour lui rendre hommage.

La classe politique dénonce une "haine antisémite"

La classe politique s'est largement émue de cette dégradation. Le chef de l'Etat, Emmanuel Macron a assuré que la République serait "toujours intransigeante". "Abattre l'arbre rendant hommage à Ilan Halimi, c'est chercher à le tuer une deuxième fois. Il n'en sera rien : la Nation n'oubliera pas cet enfant de France mort parce que juif. Tous les moyens sont déployés pour punir cet acte de haine", a écrit le chef de l'Etat sur X.

Le Premier ministre, François Bayrou, a pour sa part dénoncé la "haine antisémite" des auteurs de l'abattage de l'arbre, "vivant rempart contre l'oubli". "Nul crime ne peut déraciner la mémoire. La lutte jamais achevée contre le mortel poison de la haine est notre devoir premier", a ajouté le chef du gouvernement sur X. La ministre de l’Education nationale, Elisabeth Borne, a pour sa part déploré un abattage "symbole d’espoir face à la barbarie".

Plusieurs autres responsables politiques ont exprimé leur émotion. "Honte au profanateur antisémite qui a dû penser que cet acte était d'un courage infini…", a lancé sur le même réseau social le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, tandis que le député de la France insoumise Antoine Léaument a fait part de sa "colère immense" et de son "plein soutien à nos compatriotes juifs". Raphaël Glucksmann, patron de Place publique, a appelé à la "lutte sans relâche contre les ordures antisémites, ceux qui les excusent et leur pavent la voie", en relevant qu'Ilan Halimi avait été "torturé et tué parce que juif" et "pourchassé désormais par-delà la mort", "victime perpétuelle des barbares".

A droite, Eric Ciotti, patron de l'UDR, y voit "un abominable symbole de l'explosion de l'antisémitisme dans notre pays autant qu'une infâme attaque contre la mémoire du martyr d'Ilan Halimi". A l'extrême droite, le porte-parole de Rassemblement national, Julien Odoul, a réagi sur X en dénonçant "les ordures antisémites" qui "ciblent tous les juifs de France".

"C'est un cri de victoire des antisémites lancé au visage des Français juifs et au visage de l'ensemble de la société, de toute la République", a pour sa part dénoncé, sur franceinfo, Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).

Un précédent à Sainte-Geneviève-des-Bois

Ce n'est pas la première fois qu'une installation en hommage à Ilan Halimi est dégradée. Deux autres arbres plantés en hommage au jeune homme avaient déjà été vandalisés en 2019 à Sainte-Geneviève-des-Bois, où il avait été retrouvé agonisant.

Mathieu Hanotin, président de l'établissement public territorial Plaine Commune, auquel appartient Epinay-sur-Seine, a également condamné cet "acte de vandalisme portant atteinte à la mémoire collective de ce meurtre antisémite" et s'est engagé dans un communiqué "à ce qu'un nouvel arbre commémoratif soit replanté dans les meilleurs délais".

Cet acte intervient alors que la communauté juive est confrontée à une très forte hausse des faits antisémites depuis les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 et le début de la guerre à Gaza.

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