On vous explique la polémique après les messages antisémites d'une étudiante gazaouie admise à Sciences Po Lille et menacée d'expulsion
Une enquête a été ouverte pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité par le parquet de Lille. L'étudiante "doit quitter le territoire national", a affirmé vendredi le ministre des Affaires étrangères, alors que la France suspend ses évacuations depuis Gaza.
Elle devait intégrer Sciences Po Lille à la rentrée mais doit désormais "quitter le territoire national". Une réfugiée gazaouie de 25 ans, accueillie en France au mois de juillet, n'a "pas sa place" dans le pays, a déclaré, vendredi 1er août, sur franceinfo, Jean-Noël Barrot. Le ministre des Affaires étrangères était interrogé sur le profil de cette étudiante qui a écrit et relayé des messages antisémites sur les réseaux sociaux. Ces messages ont conduit l'établissement universitaire du Nord à annuler son inscription. La polémique s'est invitée jusqu'au sein du gouvernement Bayrou. Franceinfo revient sur les faits.
Les messages antisémites d'une réfugiée gazaouie dénoncés
L'affaire commence mardi soir, lorsque plusieurs comptes X, dont le média d'extrême droite Bastion, se font l'écho d'une "réfugiée gazaouie récemment arrivée en France et logée par le directeur de Sciences Po Lille", décrite comme une "adoratrice de Hitler" qui partage des "vidéos de propagande nazie", en appelant "à 'tuer les Juifs partout'". Un lien est fait entre une jeune Gazaouie rencontrée par RMC et les messages en question.
Plusieurs élus RN s'emparent immédiatement de ces publications. "Comment est-il possible de ne pas avoir vérifié les réseaux sociaux d'une personne que vous hébergez ?", s'interroge Matthias Renault, député de la Somme, en apostrophant sur X Etienne Peyrat, le directeur de Sciences Po Lille. Il affirme également que "la Cour nationale du droit d'asile a décidé il y a 15 jours que la France devra accueillir des réfugiés palestiniens..." Dans les faits, la CNDA a jugé le 11 juillet que "les ressortissants palestiniens originaires de la bande de Gaza non protégés par l'ONU peuvent se voir accorder le statut de réfugié en application de la convention de Genève".
Sollicité par l'AFP, Sciences Po Lille précise mercredi que "les propos sur les réseaux sociaux de la jeune fille sont confirmés", sans détailler exactement les messages. Selon France Inter, dans plusieurs messages, la jeune femme parlait de "martyrs" pour désigner certains dignitaires du Hamas, un mot assez courant dans la bande de Gaza. D'autres publications sont clairement antisémites.
L'école explique avoir découvert ces messages à la suite d'un reportage diffusé lundi matin. Sur RMC, l'étudiante raconte sa nouvelle vie en France, "dans un endroit sûr", et se félicite "d'avoir obtenu une bourse du gouvernement français pour [ses] études". Le directeur de Sciences Po Lille, Etienne Peyrat, héberge l'étudiante, est-il précisé. "L'alerte, nous, on l'a vue suite à des publications qui ont été faites sur les réseaux sociaux. Evidemment, dès lors qu'on a vu ces éléments, on s'est mis en lien d'un côté avec nos autorités de tutelle, donc relevant du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche", détaille jeudi après-midi le directeur de l'établissement à France 3 Hauts-de-France.
Le gouvernement en appelle à la justice, l'inscription de l'étudiante annulée
Mercredi, le gouvernement s'indigne d'une même voix des messages écrits et relayés par l'étudiante. Le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, souligne sur X avoir "demandé de faire fermer ce compte haineux, et donné instruction au préfet de saisir la justice", affirmant que "les propagandistes du Hamas n'ont rien à faire dans notre pays". Son collègue chargé de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, Philippe Baptiste, assure quant à lui sur X avoir saisi le procureur de la République "au titre de l'article 40 du code de procédure pénale". Cette disposition oblige les fonctionnaires qui ont eu connaissance d'un crime ou d'un délit, dans l'exercice de leurs fonctions, à en informer le procureur. Le même jour, le préfet du Nord explique avoir saisi le paquet de Lille "à la suite des propos intolérables tenus sur les réseaux sociaux".
Mercredi après-midi, Sciences Po Lille annonce l'annulation de l'inscription de l'étudiante. "Après concertation avec le ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche, le rectorat de région académique et la préfecture, la direction de Sciences Po Lille a pris la décision d'annuler l'inscription prévue de cette étudiante dans notre établissement", écrit Sciences Po Lille sur X, évoquant une "contradiction totale" entre les messages incriminés et les valeurs de l'école.
Auprès de l'AFP, l'établissement explique avoir "accueilli cette étudiante sur proposition du consulat général de France à Jérusalem". "Elle est venue via la diplomatie française", est-il précisé. "On est un établissement d'enseignement supérieur et de recherche. Et donc, notre sélection est effectuée sur des critères académiques", se justifie Etienne Peyrat auprès de France 3 Hauts-de-France.
Le Quai d'Orsay reconnaît une faille, une enquête judiciaire est ouverte
La diplomatie française réagit à l'affaire mercredi soir. "Une étudiante gazaouie tenant des propos antisémites n'a rien à faire en France. Les criblages effectués par les services compétents des ministères concernés n'ont manifestement pas fonctionné", reconnaît sur X le ministre français des Affaires étrangères. Jean-Noël Barrot affirme avoir "demandé à ce qu'une enquête interne soit diligentée pour que cela ne puisse en aucun cas se reproduire".
Jeudi matin, la procureure de la République de Lille, Carole Etienne, déclare avoir ouvert une enquête pour apologie du terrorisme et apologie de crime contre l'humanité "avec utilisation d'un service de communication au public en ligne", sans plus de détails à ce stade.
La jeune femme appelée à quitter la France
Une source diplomatique souligne auprès de France Inter jeudi après-midi que l'étudiante gazaouie "a vocation à quitter le territoire national dès que possible". La destination vers laquelle elle pourrait être renvoyée n'est pas précisée, alors que les tirs et les bombardements israéliens se poursuivent sur la bande de Gaza, et que les habitants de l'enclave sont menacés d'une "famine généralisée", selon l'ONU.
Sur franceinfo, vendredi matin, Jean-Noël Barrot confirme ce souhait de voir la jeune Gazaouie expulsée. Elle "n'a pas sa place à Sciences Po, elle n'a pas sa place en France, elle doit quitter le territoire national", insiste le ministre des Affaires étrangères, là encore sans faire mention d'une éventuelle destination.
Le gouvernement lance une "enquête administrative commune"
L'exécutif est accusé, notamment par l'extrême droite, de ne pas avoir empêché l'étudiante d'être accueillie en France, tandis que les messages existaient déjà. Interrogé jeudi lors d'un déplacement à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le Premier ministre assure que "la vigilance sur le profil des personnes admises en France est de tous les instants". "Est-ce qu'elle peut être améliorée ? Sûrement. Est-ce qu'il peut y avoir sanction lorsqu'il y a des manquements ? A coup sûr", ajoute François Bayrou.
Vendredi matin, Jean-Noël Barrot annonce sur franceinfo que la France n'accueillera plus de personnes évacuées de Gaza avant les conclusions d'une enquête sur les failles qui ont permis l'accueil de cette étudiante. "Tous les profils qui sont entrés en France vont faire l'objet d'une nouvelle vérification", ajoute-t-il.
Auprès de franceinfo, l'entourage de Bruno Retailleau explique qu'une "enquête administrative commune" est lancée. "Dans le cadre des opérations d'évacuation de Gaza, les listes établies par le centre de crise et de soutien du quai d'Orsay sont transmises à l'administration israélienne pour une première vérification de sécurité. Les visas sont ensuite instruits par le poste consulaire français. Pour sa part, le ministère de l'Intérieur procède à un contrôle des fichiers de police français", précise-t-on de même source à propos du criblage de sécurité.
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