Incursions de drones étrangers dans l'espace européen : "Il y a d'autres étapes avant la fermeté que les aviateurs ont appris dans l'OTAN", pointe le général d'aviation Patrick Dutartre
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Que faire face aux drones étrangers, en provenance de Russie notamment, qui survolent l'espace aérien de l'Europe ? Invité de "La Matinale" mercredi 24 septembre, le général Patrick Dutartre reconnaît que "des mesures actives de sûreté aérienne" pourraient être prises, mais appelle à la prudence.
Les incursions de drones, notamment en provenance de Russie, se sont enchaînées. Mardi 23 septembre, les aéroports de Copenhague (Danemark) et Oslo (Norvège), ont été survolés par plusieurs de ces engins, dont on ignore encore l'origine. Le général Patrick Dutartre, général de l'Armée de l'Air et de l'Espace, ancien pilote de chasse, invite à faire "preuve de bon sens et de discernement", dans "La Matinale" du 24 septembre.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription de l'interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Jean-Baptiste Marteau : Que faire face à ces survols de drones ? Même si pour l'instant, on ne sait pas d'où venaient ces objets hier qui ont survolé ces deux aéroports. Cette nuit, Donald Trump a clairement dit que les pays de l'OTAN devraient abattre notamment les avions russes quand ils violent l'espace aérien européen. Évidemment, un avion de chasse russe ou un drone, ce n'est pas tout à fait la même chose. Faut-il abattre ces objets qui survoleraient l'espace aérien européen ?
Patrick Dutartre : Dans ce tumulte dans l'espace aérien nord-européen, il faut faire preuve de bon sens et surtout de discernement. Dans tous les cas, nous sommes confrontés à des choses différentes. S'agissant, par exemple, de la Pologne et de la Roumanie, la conséquence d'une guerre à très haute intensité qui dure depuis trois ans et demi. On oublie un peu trop souvent, ici en France, à Paris, qu'il y a 400 à 800 drones qui attaquent tous les jours l'Ukraine et là-dedans, il y en a quelques-uns qui sont allés en Pologne ou en Roumanie. Ce qu'il s'est passé en Estonie avec les chasseurs est encore autre chose. C'est dans le golfe de Finlande, vous avez un golfe qui est assez peu large. Et les Russes ont l'habitude de passer entre Saint-Pétersbourg et Kaliningrad, au milieu, mais parfois, ils écornent un peu les zones aériennes de l'Estonie.
C'est volontaire, c'est une menace pour l'Europe ?
C'est presque plus une habitude, si vous voulez, qu'une provocation délibérée. Si vous regardez l'histoire, il y a même eu une étude sur ces phénomènes, ça fait 15 ou 20 ans que ça dure. Et on rappelle que les pays baltes faisaient partie de l'URSS, et donc les aviateurs russes n'ont pas changé leurs habitudes. Mais ce qui est important maintenant, c'est de savoir ce que l'on veut vraiment. Est-ce qu'on veut un décideur majeur ? C'est vrai qu'en toute rigueur, on pourrait prendre ce qu'on appelle des mesures actives de sûreté aérienne.
"Il y a une tension très importante"
Donc abattre ces objets ou ces avions, comme le dit Donald Trump ?
On peut faire des petites choses avant d'abattre les avions.
Je prends volontairement l'étape ultime que propose ouvertement le président américain. Mais il y a d'autres étapes, c'est ce que vous dites. Il y a d'autres manières de répondre.
L'étape ultime, c'est la fermeté. Mais il y a d'autres étapes que les aviateurs ont tous appris dans l'OTAN. La contrainte, éventuellement le déroutement, le détournement, le tir de semonce, s'il faut, effectivement... Donc c'est un choix essentiellement politique.
Qu'est-ce qu'on veut faire, et quelles conséquences vont avoir nos actes ?
Exactement. Et d'ailleurs, Mark Rutte, le secrétaire général de l'OTAN, je ne sais pas si vous avez écouté sa conférence de presse, il en a parlé. Il a dit qu'on doit faire preuve de calme, de discernement, mais en même temps, être ferme.
François Beaudonnet : Et je crois qu'il faut qu'on fasse attention, nous, à la manière dont on parle de ça. Parce que beaucoup de gens me disent qu'on va aller en guerre, c'est la catastrophe, c'est très anxiogène. Donc nous, les journalistes et les observateurs, je pense qu'il faut être effectivement prudents, prendre du recul et, comme vous le faites, mettre en contexte. Après, ce qui est vrai, c'est qu'il y a toujours eu des incursions de drones russes, en particulier depuis 2022 et le début de la guerre en Ukraine, sauf qu'avant, on n'en parlait pas. Et il y a eu récemment ce drone russe sur la Roumanie, mais ça fait des années qu'ils ont des incursions quasi permanentes. Avant, ils ne le disaient pas. La nouveauté, c'est que maintenant, on communique par rapport à ça. La nouveauté aussi, c'est qu'en particulier dans le nord de l'Europe, côté russe, il y a quand même une agressivité qui est plus intense que ce qu'elle était auparavant. Des aviateurs français, puisque vous savez que la France participe plusieurs mois par an à la police du ciel dans les pays baltes, m'ont raconté qu'ils sont à côté d'un avion russe, qui est un avion imposant, et que tout à coup l'avion russe montre tous les armements qu'il y a dessous, c'est quelque chose d'extrêmement agressif.
Jean-Baptiste Marteau : Donc il y a une provocation malgré tout des Russes à laquelle il faut pouvoir répondre de manière proportionnée, comme vous le disiez ?
Patrick Dutartre : Ça fait 80 ans, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qu'il y a des interactions.
Est-ce qu'il faut les prendre plus au sérieux aujourd'hui ou est-ce qu'elles sont comme elles l'ont toujours été ?
Aujourd'hui, il y a une tension très importante du fait de la haute intensité de la guerre, du fait que l'OTAN soutient de manière inconditionnelle l'Ukraine, du fait que l'Europe la soutienne, qu'il y ait des déclarations politiques en permanence, qu'il y a des dialogues qui n'avancent pas pour trouver une solution de paix, et donc, la tension est extrême effectivement.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l'entretien en intégralité.
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