Mouvement "Bloquons tout" : pourquoi les références à Mai 68 sont récurrentes dans les mobilisations sociales ?
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L'appel à bloquer le pays mercredi, qui a émergé sur les réseaux sociaux et dont les contours sont encore difficiles à cerner, n'empêche pas certains à le rapprocher du mouvement majeur qui avait paralysé la France à la fin des années 60.
"Ça va faire un Mai 68 dans les rues." À l'approche de la mobilisation du mercredi 10 septembre, des références à Mai 68 émergent. L'expression était notamment sur les lèvres de plusieurs sympathisants du Rassemblement national, dimanche, à Hénin-Beaumont, dans le Pas-de-Calais, où le parti de Marine Le Pen faisait sa rentrée politique. Pour une militante, "on peut toujours trouver une solution pour faire sortir notre président le 10 septembre. On peut l'amener à démissionner, dans l'idée, faire un genre de gros Mai 68".
En mai 1968, un mouvement étudiant, une grève générale et des occupations d'usines provoquent une paralysie historique de la France. Les événements aboutissent à la démission du président de la Répulique, Charles de Gaulle, un an plus tard, après la victoire du "non" au référendum qu'il porte pour réformer l'État.
Si les références à Mai 68 sont récurrentes dans les mobilisations sociales, "il n'est pas opportun de comparer le mouvement du 10 septembre et Mai 68, assure l'historienne Danielle Tartakowsky. "Mais il est important de comprendre pourquoi certains acteurs s'en emparent", ajoute la coautrice de l'Histoire des mouvements sociaux de 1814 à nos jours, paru en 2012 aux éditions La Découverte.
Deux événements incomparables pour plusieurs raisons
D'après Danielle Tartakowsky, la mobilisation du 10 septembre et celle de mai 1968 "ne sont résolument pas comparables", pour plusieurs raisons. La première est "sociologique" : "La sociologie est bien plus complexe aujourd'hui", souligne-t-elle. "En 1968, ce sont les étudiants qui initient le mouvement, alors qu'en 2025, des blocages sont annoncés dans des lycées, mais ils sont loin d'être moteurs."
De plus, en 1968, la mobilisation était "inattendue de la part de toutes les organisations syndicales, du gouvernement et des renseignements généraux", insiste-t-elle. À l'inverse, aujourd'hui, les autorités anticipent 100 000 participants à la journée d'action du 10 septembre. Quant aux syndicats, après avoir hésité à soutenir la mobilisation de mercredi, une partie d'entre eux, comme la CGT, appelle finalement à faire grève "partout où c'est possible".
Les mobilisations de 1968 et de 2025 diffèrent aussi dans la nature de leurs revendications. En 1968, le lexique était celui de la "lutte des classes" et les "revendications offensives", souligne l'historienne pour qui ce n'est pas le cas aujourd'hui, la contestation se cristallisant autour du rejet du projet de budget de François Bayrou. Il y a près de 60 ans, il s'agissait "de changer la vie", aujourd'hui, il s'agit de "contre-attaquer", analyse Danielle Tartakowsky.
Un "mythe mobilisateur"
Mais pourquoi alors certains revendiquent aujourd'hui une parenté avec Mai 68 ? Pour Danielle Tartakowsky, "'Mai 68' est un terme générique et mobilisateur pour ses partisans". La référence à Mai 68 "agit comme un mythe, notamment pour les jeunes générations, qui ne l'ont pas connu", ajoute l'historienne. Pour ses adversaires, elle agit comme "un chiffon rouge qu'on agiterait, un peu comme la référence au 'wokisme'".
"La mémoire de Mai 68 est compliquée à gérer car c'est une mémoire éclatée aux multiples acteurs."
Danielle Tartakowskyhistorienne
"La référence historique permet aussi de se définir comme un mouvement", avance Danielle Tartakowsky, notamment lorsque ce mouvement est "flou". D'après elle, la seule comparaison pertinente pour le mouvement du 10 septembre est à la rigueur celle avec les gilets jaunes, "non pour procéder à une comparaison terme à terme mais, dès lors qu'ils s'inscrivent dans une même séquence, à partir de ces dispositifs identiques que sont les réseaux sociaux".
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