"C'est Nicolas qui paie" : trois questions sur cette expression devenue virale et… politique
Elle a fleuri sur les réseaux sociaux, notamment sur des comptes relayant des idées d'extrême droite, mais se retrouve aussi désormais à la tribune de l'Assemblée nationale ou dans les interviews politiques. Franceinfo vous explique d'où vient le personnage de "Nicolas qui paie" et ce qu'il faut en comprendre.
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"Mais je ne le connais pas, le Nicolas". C'est ainsi que, dans une séquence qui a prêté à sourire, le leader de La France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a répondu aux journalistes alors qu'il était interrogé sur "Nicolas qui paie", lors de l'émission les Grandes Gueules sur RMC, tournée en public, le 20 juin. Le chroniqueur Charles Consigny s'est adressé à Jean-Luc Mélenchon, lui expliquant ceci : "Celui qui va faire la révolution, c'est Nicolas. Nicolas il a 30 ans et c'est lui qui paie pour tous les autres". Jean-Luc Mélenchon a alors semblé découvrir ce "Nicolas qui paie", devant un public scandant en cœur "Nicolas ! Nicolas !".
D'où vient ce Nicolas ?
Ce "Nicolas qui paie" n'est pas une vraie personne, mais correspond plutôt à une expression qui s'est imposée sur les réseaux sociaux depuis plusieurs années. Si son origine exacte reste difficile à déterminer avec précision, le compte X @bouliboulibouli, souvent présenté comme un compte d'extrême droite et à qui certains médias attribuent la paternité de l'expression, explique que "le mème Nicolas vient du compte macroniste Sidounours".
Dans un message X posté par ce compte le 29 avril 2020, on peut en effet voir une infographie intitulée "Le contrat social". On y voit un dénommé Nicolas, 30 ans, chemise et cravate, se prenant la tête dans les mains comme s'il était acculé par les soucis. L'image, qui relaie notamment une idéologie raciste, fait comprendre que "Nicolas" paie notamment au quotidien pour un certain "Karim, 25 ans" et un couple de retraités "Bernard et Chantal, 70 ans".
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À l'époque, non sans ironie, le propriétaire du compte écrivait ceci : "J'exige le prix Nobel d'économie pour cette découverte majeure." Ce personnage de Nicolas est depuis devenu ce que l'on appelle un mème, c'est-à-dire une image virale sur le web. Un compte X "Nicolas qui paie" a même depuis vu le jour.
Que signifie-t-il ?
Pour comprendre le sens de cette expression, il faut par exemple regarder le dernier message posté le 23 juin sur X par le député proche du RN Eric Ciotti.
Alors que l'on apprenait lundi que les Jeux de Paris avaient coûté près de six milliards d'euros d'argent public selon "une première estimation" de la Cour des comptes, le député des Alpes-Maritimes s'est fendu d'un tweet déclarant : "Ce n'est pas grave, c'est Nicolas qui paie !". Dans une enquête publiée le 17 juin, Le Figaro explique que l'expression se réfère à "un personnage imaginaire" qui "incarne la lassitude fiscale d'une génération d'actifs qui s'estime sacrifiée pour financer la gabegie de l'État."
Le journal détaille : "Sur les réseaux sociaux comme X, 'Nicolas' est utilisé par des internautes pour désigner, de façon ironique, les contribuables qui paient, par leurs impôts, toutes les dépenses, même les plus fantaisistes, des pouvoirs publics. Plus précisément, 'Nicolas' représente un trentenaire pressuré par le fisc pour financer à la fois les retraites, les aides sociales, sans oublier, selon certains internautes, les dépenses liées à une immigration jugée 'incontrôlée'".
Pourquoi est-il critiqué ?
L'expression est largement reprise par la droite et les relais de l'extrême droite, comme le montre le message posté par Eric Ciotti, ou encore l'intervention à l'Assemblée nationale du député ciottiste Gérault Verny dont le journal L'Humanité rappelle qu'il est actionnaire du média d'extrême droite Frontières.
Si l'expression "C'est Nicolas qui paie" a d'abord été employée pour dénoncer un ras-le-bol fiscal, elle permet aussi désormais d'exprimer, parfois, des théories racistes. Sur X, certains promoteurs de l'expression "Nicolas qui paie" dénoncent d'ailleurs l'usage identitaire qui en a découlé, comme le montre cet échange : "Nicolas n'est pas colbertiste, il veut simplement que l'Etat s'occupe du régalien et arrête de faire venir des millions de Karim", écrit un internaute. Ce à quoi un autre répond : "La première partie oui, la seconde non. C'est le gaspillage, la gratuité, des services publics pourris, les aides, les subventions, le ras-le-bol fiscal, comme si l'argent tombait du ciel. C'est ça le message de fond. Si c'est pour devenir un truc identitaire, le mouvement va mourir."
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