Vous avez manifesté pour Charlie ? Voici votre portrait-robot selon Emmanuel Todd
Dans son ouvrage "Qui est Charlie ?" (Seuil), publié jeudi, l'anthropologue Emmanuel Todd détermine le profil et les motivations des manifestants à travers leurs origines sociales et géographiques.
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Qui se cachait vraiment derrière le mouvement "Je suis Charlie" ? Dans son essai Qui est Charlie ? Sociologie d'une crise religieuse (Seuil), l'anthropologue et historien Emmanuel Todd analyse à travers plusieurs données le profil des quatre millions de manifestants descendus dans les rues le 11 janvier 2015. Plusieurs chercheurs comme le démographe François Héran ou la psychanalyste Julia Kristeva ont critiqué les méthodes et conclusions de l'auteur dans le journal Libération, et Manuel Valls dénonce sa thèse dans Le Monde de ce jeudi.
>> Pour comprendre la thèse d'Emmanuel Todd, lisez notre article : "Qui est Charlie" ? Cinq citations pour comprendre le livre controversé d'Emmanuel Todd
A l'aide de cartes de la France et de statistiques sociologiques, l'auteur dessine le portrait pour le moins inattendu du manifestant type du 11 janvier. L'auteur précise qu'il a voulu caractériser "la masse" et non les manifestants individuellement. Francetv info a réuni ces principales caractéristiques.
Un manifestant plutôt "âgé"
Emmanuel Todd ne s’est pas rendu à la manifestation du 11 janvier, comme il l'a précisé sur France Inter le 4 mai 2015, mais il qualifie la majorité des manifestants par le terme de "MAZ" : des classes moyennes, personnes âgées, catholiques zombies. L'auteur ne leur donne pas d’âge précis, mais les assimile à la moyenne d’âge du corps électoral, c’est-à-dire "proche de 50 ans en 2015".
Un Français habitant une grande agglomération : Paris, Rennes ou Grenoble
A travers une carte de l’intensité des manifestations du 11 janvier 2015, Emmanuel Todd montre que les grandes "aires urbaines" – Paris, Lyon, Rennes, Bordeaux ou Grenoble – sont celles qui se sont le plus mobilisées. Par exemple, le taux de manifestation était de 18,4% de la population active à Rennes, et de 16,3% à Grenoble et à Paris. A l'opposé, les villes de taille moyenne, comme Dunkerque, se sont mobilisées à hauteur de 2,3 % de la population active, ou même de 0% à Douai-Lens (Nord).
Il est cadre ou exerce une profession intellectuelle supérieure
En superposant la carte de l’intensité des manifestations en France et celles de la composition sociale (essentiellement la proportion d’ouvriers et la proportion de cadres et de professionnels intellectuels supérieurs), Emmanuel Todd montre que les villes comportant une proportion élevée d’ouvriers (Dunkerque, Le Havre…) ont peu manifesté. En revanche, les "citadelles de cadres" (Paris, Lyon, Rennes…) font apparaître un taux élevé de mobilisation. A Paris, ville très mobilisée, 20 à 29% de la population appartient à la classe moyenne supérieure contre 9 à 12% pour la ville de Dunkerque.
Un manifestant "catholique zombie"
Pour analyser les "forces religieuses" qui ont guidé les manifestants, Emmanuel Todd compare la carte de l’intensité des manifestations avec une carte des régions de France "catholiques zombies". Selon sa définition, le catholicisme zombie est la persistance des valeurs catholiques dans les régions où la pratique religieuse a disparu.
Il distribue les villes en trois catégories : imprégnation catholique forte, faible ou insignifiante. A travers cette superposition, il estime que le taux moyen de manifestants est en moyenne de 6% dans les villes de tradition laïque, et de 11,4% dans les villes de tradition catholique (pour lui Rennes, Grenoble, Paris…) et en déduit que la majorité des manifestants marchait sous les valeurs du catholicisme zombie (hiérarchie, autorité et inégalités).
Un "égoïste, autiste et d’humeur répressive"
Pour Emmanuel Todd, le 11 janvier était une manifestation de "fausse conscience". L’auteur affirme que, par leur catégorie sociale et leurs valeurs héritées du catholicisme, les manifestants ont fait preuve d'égoïsme et d'autisme. Par l'absence d'ouvriers, de "paysans" ou de jeunes issus des banlieues dans ses rangs, les manifestants ont affiché un entre-soi contraire aux valeurs affichées : liberté d'expression, laïcité et égalité.
Un islamophobe qui s’ignore
En soutenant les caricatures de Mahomet, les manifestants ont implicitement demandé le "droit de blasphémer l’islam", une religion qu’Emmanuel Todd considère comme celle des "opprimés et des faibles". Il ajoute : "Des millions de Français se sont précipités dans les rues pour définir comme besoin prioritaire de leur société le droit de cracher sur la religion des plus faibles."
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