Démantèlement d'un réseau d'importation de cocaïne en Normandie : "Les modes d'acheminement se diversifient", analyse le procureur de la République de Rennes

Le magistrat explique que la production de cocaïne a été multipliée par trois et que moins de drogue part vers les États-Unis. Ce qui provoque un afflux en Europe.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Normandie
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Un bateau au large du port de Ouistreham, le 10 décembre 2021. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)
Un bateau au large du port de Ouistreham, le 10 décembre 2021. (SAMEER AL-DOUMY / AFP)

"Les modes d'acheminement de la cocaïne se diversifient", analyse, mardi 8 avril, sur "ici Normandie" (ex-France Bleu) le procureur de la République de Rennes, Frédéric Teillet, au lendemain de la mise en examen de 11 personnes dans le cadre du démantèlement d'un vaste réseau d'importation de cocaïne par voie maritime. Cinq d'entre elles ont été placées en détention provisoire, deux sous contrôle judiciaire. Quatre autres ont été incarcérées en attente de l'audience devant le juge des libertés et de la détention. En tout, 630 kilos de cocaïne ont été saisis lors de ce qui est appelé un "drop-off", c'est-à-dire un largage en pleine mer d'une cargaison récupérée par un autre bateau complice.

Le procureur de la République de Rennes détaille les difficultés auxquelles ont été confrontés les services de renseignement et d'enquête, notamment l'identification du navire en haute mer : "Il en passe des centaines voire des milliers, il faut savoir lequel est effectivement chargé de produits stupéfiants." Il est aussi compliqué pour ces services de pénétrer les milieux de marins, que ce soit des plaisanciers ou des marins-pêcheurs. "Beaucoup de moyens ont été mis en oeuvre à trois endroits différents - Ouistreham, Tancarville et Dunkerque - pour arriver à interpeller en même temps l'équipage de la vedette et du bateau de pêche et dérouter le gros cargo", avance-t-il.

"Les containers ne suffisent plus"

Selon lui, "le trafic par container continue, mais les modes d'acheminement de la cocaïne se diversifient : la quantité de cocaïne à écouler pour les trafiquants a explosé, la production a été multipliée par trois. Le marché américain s'est fermé pour les producteurs de cocaïne puisque les Américains consomment maintenant beaucoup plus de drogues de synthèse". Par conséquent, "les gros producteurs, les cartels sud-américains, envoient des quantités massives de cocaïne en Europe. Le seul moyen des containers ne leur suffit plus. Ils utilisent tous les moyens à leur disposition : ça arrive par avion, par des mules ou avec des valises chargées de cocaïne, mais aussi par la mer, avec les containers et avec la technique des drop-off". Une troisième option s'offre à eux : "débarquer la drogue en Afrique de l'Ouest sur des côtes moins surveillées" et l'acheminer en Europe par la route.

Frédéric Teillet exprime également la crainte que le milieu des marins-pêcheurs et des plaisanciers soit gangréné par le trafic comme c'est le cas avec les dockers "par appât du gain, d'un argent dont je rappelle qu'il n'est pas un argent facile".

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