Info franceinfo "Contrat" de 100 000 euros pour assassiner un magistrat : deux hommes mis en examen

Deux hommes ont été mis en examen lundi par un juge parisien, après la diffusion sur le réseau chiffré Telegram d’un "contrat" visant un magistrat d’Île-de-France, a fait savoir le parquet de Paris, sollicité par franceinfo.

Article rédigé par Pierre de Cossette
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des magistrats. Photo d'illustration. (MARQUET FR?D?RIC / MAXPPP)
Des magistrats. Photo d'illustration. (MARQUET FR?D?RIC / MAXPPP)

L’enquête – ultrasensible – a été ouverte au mois de mars par la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), après qu’un message sur la chaîne Telegram "Brozer mafia", suivie par plus de 5 000 personnes, a été repéré. "Par cette annonce, les auteurs prétendaient rémunérer un tel passage à l’acte et se revendiquaient de l’appartenance à la DZ Mafia", précise le parquet de Paris.

Sur ce message, selon une source proche du dossier, figuraient le nom et la photo – issue d’un réseau social – d’un juge d’instruction francilien, assortis de la mention : "DZ Mafia / Contrat de 100 k sur sa tête".

Plusieurs suspects interpellés

Le magistrat a été placé sous protection, et les investigations confiées aux policiers de l’Office anti-cybercriminalité (Ofac) et de l’Office de lutte contre le crime organisé (OCLCO). Les enquêteurs se sont intéressés à plusieurs hommes mis en examen par le juge visé par les menaces dans un dossier de proxénétisme.

La semaine dernière, après six mois d’enquête, les policiers ont interpellé plusieurs suspects. Deux d’entre eux – déjà incarcérés – ont été mis en examen lundi 13 octobre pour "association de malfaiteurs en vue de commettre le crime d’assassinat" et "administration de plateforme en ligne permettant des transactions illicites, en bande organisée", précise le parquet de Paris à franceinfo.

Selon une source proche de l’enquête, l'un de ces deux hommes, âgé de 21 ans, est considéré comme l’instigateur du projet. L'autre serait l’administrateur de la chaîne Telegram sur laquelle le message a été diffusé, âgé quant à lui de 36 ans.

"Ces menaces sont prises très au sérieux"

Si cette chaîne Telegram était connue pour se faire le relais d’informations sur la DZ Mafia, la justice s’interroge sur l’affiliation réelle des deux suspects à l’organisation criminelle marseillaise – de plus en plus vue comme une "franchise" par les policiers spécialisés et sur la capacité financière du commanditaire à verser 100 000 euros à un tueur à gages.

Pour autant, "ces menaces sont prises très au sérieux, rappelle la procureure de Paris Laure Beccuau à franceinfo, en raison d’une part du profil des personnes dont elles semblent émaner, qui ont déjà démontré leur capacité à recourir à une violence extrême et disproportionnée même au regard de leurs propres intérêts, et d’autre part de l’exposition de ces magistrats dans les affaires qu’ils ont à traiter."

"De telles exactions ne font que renforcer notre détermination, ajoute la procureure. Lorsqu’un juge est menacé, ce sont à travers lui l’État et les institutions garantes du fonctionnement de la démocratie qui sont menacés."

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