Affaire Bétharram : la commission indépendante créée par la congrégation religieuse lance un appel à témoins et commence ses auditions

Cette instance lancée à la demande de la congrégation des pères de Bétharram doit notamment trancher la question de l'indemnisation des nombreuses victimes.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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L'établissement scolaire de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 23 septembre 2025. (ANGELINE DESDEVISES / HANS LUCAS / AFP)
L'établissement scolaire de Bétharram, dans les Pyrénées-Atlantiques, le 23 septembre 2025. (ANGELINE DESDEVISES / HANS LUCAS / AFP)

La commission d'enquête indépendante sur l'affaire Notre-Dame de Bétharram, créée à l'initiative de la congrégation religieuse responsable de l'établissement scolaire catholique, lance lundi 23 juin un appel à témoignages et entame les auditions de victimes, à des fins d'indemnisation. La congrégation des pères de Bétharram avait reconnu en mars sa "responsabilité" dans les violences physiques et sexuelles dénoncées par plus de 200 anciens élèves, alors que les témoignages se multiplient depuis un an et demi.

Elle avait annoncé des mesures avec l'aide de l'Institut francophone pour la justice et la démocratie (IFJD), une ONG spécialisée dans la justice transitionnelle en zone de conflit. Elles comprenaient la mise en place d'une commission dédiée, portée par 12 commissaires référents, et financée par les religieux à hauteur de 120 000 euros, pour une mission de 12 mois.

"Etre capable d'en tirer des enseignements"

L'appel à témoignages s'adresse aux victimes qui ont déjà parlé ou porté plainte, à celles qui ne se seraient pas encore manifestées, mais aussi à toute personne ayant des informations à communiquer. Elles peuvent se manifester sur le site de l'IFJD.

La commission a pour mission de faire "des violences physiques et sexuelles et de toute autre forme de violence commises" au sien de Notre-Dame de Bétharram, mais aussi de toute autre activité organisée par la congrégation en France. Lundi, le mouvement Scouts et guides de France a ainsi relayé l'appel à témoignages au regard des violences relatées par plusieurs victimes pendant des "camps scouts".

Le président de la commission, Jean-Pierre Massias, la compare aux "Commissions Vérité" créées dans les années 1980 en Argentine, après la dictature militaire, ou dans l'Afrique du Sud post-apartheid. "Le but est d'essayer d'analyser une somme de violences individuelles comme un fait social collectif et d'être capable d'en tirer des enseignements", explique ce professeur de droit, qui préside aussi l'IFJD.

Une convocation de François Bayrou pas exclue

Recueillir la parole des victimes est une manière de leur reconnaître un statut que la justice pénale, "entravée par la question de la prescription", ne peut leur octroyer, souligne Jean-Pierre Massias.

Les auditions, qui commencent par celles des victimes, se poursuivront avec celles de prêtres et d'auteurs de violences en juillet, puis entre septembre et décembre. "On ne s'interdit aucun type d'audition", y compris une convocation du Premier ministre François Bayrou, assure Jean-Pierre Massias à franceinfo. "On ne peut pas le forcer à venir", précise-t-il cependant. En revanche, la congrégation religieuse "s'est engagée à ce que les personnes que nous sollicitons puissent nous répondre".

En parallèle, un travail de classement des archives de la congrégation est entrepris avec un laboratoire du CNRS, pour les mettre à disposition du public. La commission entend rendre son rapport dans un an, mais n'écarte pas de proposer des mesures de réparation "avant Noël", "parce que c'est urgent".

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