: Témoignages "Il appelait ça la chaise électrique" : un ancien élève du collège-lycée Saint-Joseph de Nay raconte les violences subies
Cet établissement, situé près de Bétharram, dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques), est visé par plusieurs plaintes.
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"Il nous tapait sur les fesses, les épaules, les jambes, il appelait ça la chaise électrique", témoigne ce mercredi sur ICI Béarn Bigorre un ancien élève de Saint-Joseph de Nay, dans le Béarn (Pyrénées-Atlantiques), établissement visé par plusieurs plaintes. D'anciens élèves témoignent de violences physiques, morales et sexuelles au sein du collège-lycée Saint-Joseph de Nay, situé à quelques kilomètres seulement de celui de Bétharram.
Le procureur de la République de Pau a confirmé mardi qu'une enquête est ouverte depuis juin pour violences aggravées à la suite d'un signalement de l'inspection académique. Quatre plaintes d'anciens élèves d'un établissement privé catholique du Béarn ont déjà été déposées ces derniers mois, pour des faits s'étalant entre 1965 et 1996. Un collectif s'est créé en mars dernier.
"Ça a été mon bourreau pendant une année"
Parmi les anciens élèves, Paul Mirat avait 9 ans quand il est arrivé à Saint-Joseph, en 1965. Il se souvient en particulier de la violence d'un de ses professeurs : "Il avait une baguette en bois qu'il appelait ‘Rosalie', si par hasard on bronchait, il nous faisait étendre sur une chaise, à plat ventre, et il nous tapait sur les fesses, les épaules, les jambes, il appelait ça la chaise électrique".
L'ancien collégien raconte avoir aussi été traumatisé par le même prêtre mis en cause par Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, qui avait témoigné d'un violent passage à tabac durant un camp d'été. "Lorsqu'il y a ce témoignage d'Hélène Perlant, je prends une terrible baffe dans la gueule, se souvient Paul Mirat. Ça a été mon bourreau pendant une année, mon année de sixième".
C'est l'affaire Bétharram qui a délié les langues à Saint-Joseph de Nay et qui a été un électrochoc pour Isabelle, ex-enseignante dans l'établissement dans les années 70 et membre du collectif. Elle n'y est restée que deux ans, mais elle en garde un souvenir terrible.
"J'ai vu un prêtre entrer dans ma classe, prendre un élève, le mettre à genoux, le baffer jusqu'à l'envoyer par terre, le mettre en larmes, et sortir".
Isabelle, une ex-enseignanteà ICI Béarn-Bigorre
Isabelle avoue s'être "trouvée dans un état d'impuissance, avec un enfant qui ne voulait pas en parler à ses parents, avec un entourage professionnel qui ne voulait rien dire, qui refusait de voir, et ça m'est resté en travers de la gorge toute ma carrière".
Des punitions "en pleine nuit"
Elle témoigne aussi des punitions "en pleine nuit", sur les élèves internes à Saint-Joseph qui devaient faire le "tour de préau, tour de cour de récréation en pyjama, avec ou sans chaussures". Selon l'ancienne enseignante, "ce ne sont pas des faits isolés avec quelques personnes un peu détraquées, c'est Garaison [Notre-Dame-de-Garaison à Monléon-Magnoac dans les Hautes-Pyrénées], c'est Bétharram, c'est Cendrillon à Dax [établissement qui porte aujourd'hui le nom de Cité scolaire Saint-Jacques de Compostelle], c'est Riaumont (Pas-de-Calais), c'est les Jeunes filles du Bon Pasteur… Il faut bien voir qu'il y a une façon de procéder, de couvrir les choses, c'est quelque chose qui semble être systémique", analyse-t-elle. Isabelle a témoigné auprès de l'inspection d'académie. En réponse l'institution a donc fait un signalement auprès du procureur de Pau.
Mais les témoignages recueillis par ICI Béarn Bigorre dépassent les seules violences physiques. "On a toutes sortes de violences, physiques, psychologiques, d'agressions sexuelles et de viols", complète Stéphane Estanguet, élève dans les années 80 et fondateur du collectif de victimes. Il évoque "des actes qui se répètent par des personnes différentes sur des décennies différentes. Ce n'est pas possible de rester sans rien faire, c'est beaucoup trop gros là ce qui se passe" conclut-il.
Paul Mirat demande lui désormais de "mettre des garde fous" pour ne "pas que ça se reproduise", "il faut être attentif, il faut écouter les gosses, faire sortir de l'ombre des victimes, des gars qui se trimballent avec cette blessure". Il invite les victimes à "s'en débarrasser, ils peuvent franchir le cap, aller à la gendarmerie et raconter ce qui leur est arrivé".
La direction actuelle de Saint-Joseph de Nay, contactée par ICI Béarn Bigorre, dit être à la disposition du collectif pour échanger, notamment parce que dans son communiqué, il évoque un agresseur présumé toujours en activité. Le collectif appelle les potentielles victimes à témoigner.
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