"C'était un peu un choc des cultures" : confidences d'anciens élèves qui ont bénéficié des conventions ZEP à Sciences Po
Alors que l'Institut d'études politiques de Paris va supprimer son concours d'entrée et renforcer les "conventions éducation prioritaire", franceinfo a retrouvé deux anciens élèves qui ont bénéficié de ce système.
"C'était un peu un choc des cultures, j'ai rencontré des gens d'un milieu social un peu plus aisé que le mien", confie Fatoumata Sow à franceinfo. La jeune femme a bénéficié des conventions ZEP pour rentrer à Sciences Po Paris, en 2006. Plus de 18 ans après le lancement de ce dispositif, la prestigieuse institution parisienne se réforme : elle va supprimer les épreuves écrites de son concours d'admission à partir de 2021, au profit d'une sélection sur dossier et un oral, qui va renforcer ces "conventions éducation prioritaire", lancées en 2001. L'école se fixe des objectifs chiffrés : 30% minimum de boursiers dans chaque promotion.
Je suis fière d'être une convention ZEP. Ça ne m'a pas empêchée de m'épanouir socialement à Sciences Po.
Fatoumata Sowà franceinfo
"Moi, j'ai fait ce choix d'assumer clairement d'où je venais", raconte Fatoumata, qui dirige aujourd'hui le cabinet du maire du Pré-Saint-Gervais, près de Paris, tout en préparant sa candidature aux municipales dans sa ville natale, Colombes (Hauts-de-Seine). "En cinquième année, j'avais organisé mon dîner de conférence à Colombes. La classe est venue, on a dîné chez moi, dans ma cité, ça c'est super bien passé."
Fatoumata Sow garde donc un excellent souvenir de sa scolarité à Sciences Po Paris. C'est en fait après l'école qu'elle a parfois déchanté. "Je me lance dans une bataille aux municipales et c'est vrai qu'on m'a souvent fait comprendre qu'une jeune femme noire et maire d'une grande ville, c'est compliqué, raconte Fatoumata Sow. Ce sont des choses dures que je n'ai jamais entendues à Sciences Po. On fait une belle scolarité, on s'en sort et personne ne nous fait ressentir ce qui peut paraître comme une différence. C'est dans l'engagement politique que je l'ai ressenti."
Phénomène d'autocensure
Des obstacles après Sciences Po, c'est aussi ce qu'a vécu Pablo Ahumada. Il est passé en une dizaine d'années de lycéen boursier en Seine-et-Marne à diplomate au quai d'Orsay. Lui aussi assure qu'il doit beaucoup aux "conventions éducation prioritaire", même si ça n'a pas tout résolu. "Quand on regarde le nombre d'étudiants entrés à Sciences Po par la convention d'éducation prioritaire et qui ont ensuite intégré le ministère des Affaires étrangères, on est deux, explique Pablo Ahumada. Le mécanisme d'autocensure est levé dans les lycées, mais il continue à Sciences Po et même après."
Le jeune diplomate raconte avoir hésité pendant très longtemps avant de passer le concours du ministère des Affaires étrangères : "J'ai longtemps pensé que ce n'était pas fait pour moi et que je n'aurais jamais le niveau." C'est pour cela que Pablo Ahumada, tout comme Fatoumata Sow, retourne régulièrement dans son lycée d'origine pour montrer que son parcours est possible.
À regarder
-
Vagues, rafales : la tempête Benjamin a battu des records
-
Tempête Benjamin : sauvetage en pleine mer
-
Nouvelle-Calédonie : 50 détenus attaquent l'État en justice
-
Cancer : grains de beauté sous surveillance grâce à l'IA
-
La langue des signes est-elle en train de mourir ?
-
Un malade de Parkinson retrouve l'usage de ses jambes
-
Ils crient tous ensemble (et c'est ok)
-
Obligée de payer une pension à sa mère maltraitante
-
Maison Blanche : Donald Trump s'offre une salle de bal
-
Musée du Louvre : de nouvelles images du cambriolage
-
Traverser ou scroller, il faut choisir
-
Manuel Valls ne veut pas vivre avec des regrets
-
Nicolas Sarkozy : protégé par des policiers en prison
-
Piétons zombies : les dangers du téléphone
-
Tempête "Benjamin" : des annulations de trains en cascade
-
Femme séquestrée : enfermée 5 ans dans un garage
-
Vaccin anti-Covid et cancer, le retour des antivax
-
A 14 ans, il a créé son propre pays
-
Ils piratent Pronote et finissent en prison
-
Aéroports régionaux : argent public pour jets privés
-
Bali : des inondations liées au surtourisme
-
Cambriolage au Louvre : une nacelle au cœur de l'enquête
-
Alpinisme : exploit français dans l'Himalaya
-
Un objet percute un Boeing 737 et blesse un pilote
-
Cambriolage au Louvre : où en est l'enquête ?
-
Jean-Yves Le Drian défend l'image de la France
-
Chine : 16 000 drones dans le ciel, un nouveau record du monde
-
Donald Trump lance de (très) grands travaux à la Maison Blanche
-
Glissement de terrain : des appartements envahis par la boue
-
Emmanuel Macron sème la confusion sur la réforme des retraites
Commentaires
Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.
Déjà un compte ? Se connecter