"Excès d'orgueil", "mépris"... Les recommandations aux enseignants de Jean-Michel Blanquer passent difficilement auprès du SNUIpp
Francette Popineau, co-secrétaire générale du SNUIpp, a expliqué, jeudi sur franceinfo, que les recommandations du ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, à l'attention des enseignants, ne relèvent pas de sa fonction.
La co-secrétaire générale et porte-parole du SNUIpp, Francette Popineau, a jugé, jeudi 26 avril sur franceinfo, qu'il n'existait "pas de recette miracle" applicable à tous les élèves du primaire en France, en réponse aux recommandations très précises que le ministre de l'Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, a fait publier dans le Bulletin officiel des enseignants. Selon la syndicaliste, la démarche est aussi le signe d'un "manque de confiance envers les enseignants", et une marque d'"excès d'orgueil" de la part du ministre.
franceinfo : Que pensez-vous de ces consignes très précises sur la manière d'enseigner aux élèves du primaires signées par le ministre ?
Francette Popineau : On est très sévères, parce qu'on ne peut pas d'une main parler de confiance et de l'autre donner des injonctions aussi précises aux enseignants. D'autre part, il faut rappeler qu'il y a un cadre de loi qui existe qui est constitué par les programmes. Laisser entendre que la liberté, ce serait l'anarchie, c'est mal comprendre ce qu'est la liberté pédagogique. Pour nous, ça c'est une forme de mépris. Cela laisse entendre que les enseignants font un peu n'importe quoi et que, fort heureusement, on a un ministre aujourd'hui qui va nous dire ce qu'il est bon de faire. Or, ce n'est pas comme ça, évidemment, que l'école fonctionne.
Y voyez-vous, comme d'autres syndicats l'ont suggéré, un excès d'autorité de la part de Jean-Michel Blanquer ?
Oui, un excès d'orgueil aussi, parce qu'il se pose en grand pédagogue. Je ne crois pas que ce soit tout à fait sa fonction. Le ministre est là évidemment pour donner des directives, des orientations qui, au départ, doivent être discutées avec le terrain. Il y a des difficultés dans l'école, qui ne relèvent pas d'ailleurs que des apprentissages. L'école est aussi une éponge sociale. Il y a une difficulté sociétale, il y a des difficultés dans l'école. Il faut les prendre en charge. Ça passe par de la formation des enseignants, qui pour l'instant est totalement absente. Que voulez-vous qu'un enseignant chevronné fasse de ce guide, puisque pour l'essentiel ce sont des choses qu'il fait, même s'il n'utilise pas le bon cahier ? Je pense qu'on sait exactement ce qu'il faut pour nos élèves, on met nos pratiques pédagogiques au service de l'élève. Quant à l'enseignant débutant, comment voulez-vous que tout seul, il lise les 130 pages ? Ce serait laisser entendre qu'avec un niveau bac+5, un niveau master, finalement, et un bon guide, le métier d'enseignant se résumerait à monter une étagère.
Les recommandations du ministre vont, effectivement, jusqu'à vous imposer le format des cahiers. Est-ce que cela va trop loin selon vous ?
Cela va trop loin, parce que c'est vraiment un manque de confiance réel envers les enseignants qui savent exactement quel cahier donner en fonction de quel élève ! On sait bien justement que des enfants ont plus de difficultés, donc on adapte les cahiers en fonction des difficultés que peuvent avoir les élèves, notamment les enfants qui sont dyslexiques, dyspraxiques, etc. Il n'y a pas un seul type d'élève, donc on ne peut pas avoir une recette miracle qui fonctionnerait pour tous les élèves. Si c'était cela, je peux vous dire qu'il y a bien d'autres ministres avant lui qui l'auraient trouvée.
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