Dédoublement des classes de CP et CE1 : la mesure doit être "vraiment budgétisée à hauteur de ce qu'elle exige"
Francette Popineau, co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU, a regretté, lundi sur franceinfo, qu'il n'y ait pas assez de postes créés au premier jour de la rentrée scolaire 2018 pour poursuivre les dédoublements des classes dans les quartiers défavorisés.
Rentrée scolaire oblige, les nouveautés sont à l'ordre du jour comme la poursuite du dédoublement des classes de CP et CE1 dans les REP, les réseaux d'éducation prioritaire. Elles compteront désormais une douzaine d'élèves au lieu d'une vingtaine en règle générale. Une mesure qui jusque-là à "une influence très nette sur le climat de classe et les apprentissages", estime Francette Popineau, lundi 3 septembre sur franceinfo. Cependant, la co-secrétaire générale et porte-parole du Snuipp-FSU demande que ce dispositif soit "vraiment budgétisé à hauteur de ce qu'elle exige" car pour l'instant "on donne le sentiment d'habiller les uns en déshabillant les autres". La responsable syndicale propose "d'abaisser les effectifs à 20 partout, du CP au CM2" pour avoir "un résultat pérenne" sur la réussite des élèves.
franceinfo : Est-ce que les professeurs sont convaincus par le dédoublement des classes ?
Francette Popineau : Oui. Nous avons réalisé une enquête. Elle dit que la baisse des effectifs a une influence très nette sur le climat de classe et les apprentissages. Cela facilite les interactions entre le maître, les maîtresses et les élèves, mais aussi entre les élèves eux-mêmes. Il y a évidemment du plus à cette mesure de dédoublement. En revanche, nous demandons que cette mesure de campagne du candidat Macron soit vraiment budgétisée à hauteur de ce qu'elle exige, car pour l'instant ce n'est pas le cas.
Pourquoi ?
Nous avons calculé qu'il faut un peu plus de 5 000 postes en cette rentrée pour réaliser tous les dédoublements qui sont prévus. Or, la dotation n'est que de 3 680 postes. Même si on met en regard une baisse démographique, on voit bien que c'est insuffisant pour répondre au dédoublement et aux mesures nécessaires à cette rentrée, c'est à dire ouvrir des classes là où il y a des besoins, ouvrir des postes de remplacement. Dans les départements, on a pris essentiellement sur le dispositif "plus de maîtres que de classes" qui était un dispositif prometteur qui commençait à donner des signes positifs en termes d'apprentissage. Malheureusement, il n'a pas eu le temps d'être évalué. Les postes ont aussi été pris essentiellement dans le rural.
On donne le sentiment d'habiller les uns en déshabillant les autres.
Francette Popineau
On y opposerait volontiers, dans l'éducation prioritaire, l'abaissement des effectifs à 20 partout, du CP au CM2. Cela ne coûterait que 2 000 postes supplémentaires. Au regard de l'Education nationale, ce n'est pas énorme. Avec ces 2 000 postes, on abaisserait les effectifs dans toutes les classes. On n'est pas sûr qu'abaisser les effectifs en CP et en CE1, même de manière conséquente, donne un résultat pérenne. Qu'en sera-t-il quand les élèves auront ensuite des classes chargées au CE2, CM1, CM2 ?
Que pensez-vous des évaluations nationales mises en place en CP, CE1, et sixième ?
C'est un sujet d'inquiétude. L'évaluation est un outil de mesure très important pour le maître. Lorsqu'on a fini de voir une notion, on vérifie avec les enfants là où ils en sont, là où ils réussissent et le chemin qu'il reste à parcourir pour arriver aux attendus. Pour nous, c'est un outil. Là, on est dépossédé de cet outil. C'est quelque chose qui vient de l'extérieur et qui ne prend pas forcément appui sur la classe. Il semblerait qu'on soit plus attaché à vérifier les difficultés que vérifier les réussites de l'élève. C'est un changement de philosophie. C'est une grande machine qui va traiter les résultats et qui va nous dire ce qu'on doit faire ensuite pour les enfants.
Est-ce parce qu'on vous impose des choses que cela bloque ?
Non, des évaluations nationales il en faut. Evaluer le système, c'est important. On a besoin de savoir où on en est. Jusqu'alors, l'évaluation du système se fait par échantillon. Là, on va considérer qu'à chaque erreur, répond la même remédiation [soutien apporté aux élèves qui ont du mal à acquérir les fondamentaux]. Quand on a un enfant face à soi, on sait ce qu'il sait faire et on sait ce qu'il n'a pas pu rendre dans l'évaluation. La machine ne saura pas tout ça. Pour que cet outil soit utile, il faut qu'il prenne appuis sur la classe et que l'enseignant fasse l'analyse, car il la fera au regard de ce qu'il sait de l'enfant et il adaptera les remédiations.
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