Une cinquantaine d’enseignants d’un collège d’Orléans exercent leur droit de retrait après des incidents avec des parents

Tous les cours ont été annulés vendredi au sein du collège Montesquieu en soutien à deux professeurs ciblées par des agressions verbales ou physiques de la part de parents d'élèves.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Orléans
Radio France
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Pour exprimer leur indignation, les enseignants du collège Montesquieu d'Orléans ont décidé de ne pas faire cours vendredi. (FRANCOIS GUEROULT / RADIO FRANCE)
Pour exprimer leur indignation, les enseignants du collège Montesquieu d'Orléans ont décidé de ne pas faire cours vendredi. (FRANCOIS GUEROULT / RADIO FRANCE)

Une cinquantaine d’enseignants du collège Monstesquieu d’Orléans, dans le Loiret, exercent leur droit de retrait, vendredi 16 mai, après deux incidents avec des parents, a constaté ICI Orléans (ex-France Bleu). Le collège Montesquieu, situé dans le quartier de la Source, est classé en REP (réseau d'éducation prioritaire), il compte 650 élèves et 70 membres du personnel, dont une cinquantaine d'enseignants qui ont décidé d'exercer leur droit de retrait. "Je veux enseigner pas en saigner", était-il écrit sur une banderole posée devant le collège vendredi matin. Tous les cours ont été annulés en soutien à deux collègues qui ont subi deux agressions verbales ou physiques de la part de parents d'élèves.

"On a peur de faire classe"

Mardi dernier, une maman d'élève a d’abord réussi à s'introduire dans la classe d'une professeure de français. Elle "a prétexté qu'elle devait se rendre à la vie scolaire", raconte Jordi Cabal, professeur de mathématiques dans l'établissement, à ICI Orléans. Elle a interrompu son cours : "Elle a débarqué dans la classe, a pris une chaise en disant : 'Puisqu'en février vous avez expulsé ma fille, je vais prendre sa place aujourd'hui', avant de se plaindre de la qualité des cours, poursuit l’enseignant, des reproches, des sous-entendus, cela a été très violent, le tout devant les élèves." La mère d’élève a finalement été raccompagnée par le principal vers la sortie.

Deuxième épisode, jeudi, lorsqu'une autre professeure de français a été prise à partie verbalement et physiquement, là aussi par une maman d'élève, à l'extérieur de l'établissement. L’altercation a eu lieu dans un supermarché. "C'est à la fois l'institution et la sphère privée qui sont attaquées, c'est inacceptable, proteste Fanny Ochej, qui enseigne au collège Montesquieu depuis huit ans. C'est très inquiétant, on a peur de faire classe, on ne peut pas continuer comme ça."

Pour les enseignants mobilisés, ces deux faits ne sont pas isolés mais font suite à des messages agressifs via Pronote (le cahier de liaison numérique) ou de comportements agressifs lors de réunions parents-professeurs.

Direction instable et manque de moyens

L’établissement avait pourtant plutôt bonne réputation jusqu’ici. "Cela fait dix ans que je suis ici, et je n'avais jamais vu ça", précise Jordi Cabal, le professeur de maths. Pour lui, la situation s'est dégradée à cause d'une direction instable, trois chefs d'établissement se sont succédé depuis septembre 2023, et d'un manque de moyens. "On a perdu une classe de 3e, on n'arrive pas à avoir des surveillants supplémentaires et dans ce genre de collège où il faut bien cadrer les élèves, cela peut déraper très vite, décrit-il. Et ce n'est pas faute d'avoir alerté l'inspection académique en juillet."

Les cours doivent reprendre lundi matin, mais les deux enseignantes prises à partie sont en arrêt de travail, elles ont porté plainte.

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