Aide sociale à l'enfance : un an après le suicide de Lily, les difficultés d'hébergement subsistent

Il y a un an jour pour jour, le suicide à l'hôtel d'une adolescente placée par l'Aide sociale à l'enfance avait provoqué une vague d'émotion et poussé l'exécutif à publier un décret pour limiter le recours à ce mode d'hébergement. Mais un an après, rien n'a vraiment changé.

Article rédigé par franceinfo
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Manifestation à Paris le 25 septembre 2024 en faveur des enfants de l'ASE (VALERIE DUBOIS / HANS LUCAS)
Manifestation à Paris le 25 septembre 2024 en faveur des enfants de l'ASE (VALERIE DUBOIS / HANS LUCAS)

Lily avait 15 ans. Elle avait été retrouvée morte le 26 janvier 2024 dans la chambre d'hôtel où l'Aide sociale à l'enfance l'avait placée, faute d'hébergement disponible dans les structures d'accueil spécialisées. À la suite de son suicide et de l'émotion qu'il avait provoquée dans le pays, un décret avait été publié pour limiter au maximum le recours aux hôtels pour loger les enfants de l'ASE.

Dès la publication de ce décret, les associations de protection de l'enfance avaient émis des doutes. Le texte interdit certes le placement des enfants de l'ASE dans des hôtels mais il prévoit tout de même des exceptions à la règle, notamment pour les mineurs âgés de plus de 16 ans. Résultat : le recours aux hotels perdure, d'après Perrine Goulet, députée de la Nièvre et présidente de la délégation aux droits des enfants à l'Assemblée nationale. "J'ai l'impression que sur les plus jeunes, ils évitent [de les placer à l'hôtel]. Mais pas sur les plus âgés, dit-elle. Parce qu'on ne l'a pas vraiment interdit, en fait. On a laissé une tolérance."

"Si on veut vraiment mettre fin à ces placements à l'hôtel, il faut être clair : je souhaite une interdiction pure et dure. Souvent on y met les enfants sans accompagnement suffisant. On n'a pas les éducateurs qui vont avec."

Perrine Goulet

à franceinfo

La députée MoDem, qui est elle-même une ancienne enfant placée, constate tout de même des progrès depuis l'entrée en vigueur du texte. Mais ces progrès sont difficiles à évaluer précisemment puisque les départements, en charge de la protection de l'enfance, ne sont pas assez transparents selon elle : "Il n'y a pas de gestion de ces données, et donc on ne sait pas où sont les enfants." 

Les places en centres d'accueil spécialisés sont insuffisantes

Les données sont effectivement parcellaires. On sait seulement que 3 000 enfants ont été herbergés dans des hôtels en 2023. Mais pour 2024, pas de chiffres précis pour le moment, reconnaît Florence Dabin, la présidente du département du Maine-et-Loire et vice-présidente de l'Association des départements de France, en charge de l'enfance. Elle aussi constate que le recours aux hôtels diminue. Mais, pour faire encore mieux, il faudrait de nouvelles places dans des structures d'hébergement spécialisées. Et "créer des places, cela ne se fait pas si facilement, souligne Florence Dabin. Au-delà des moyens financiers, il y a aussi un grand nombre de recommandations légales pour créer ces lieux d'accueil. Il faut parfois deux à trois ans pour que les décisions portent leurs fruits." 

Et une fois ces places créées, il faut aussi embaucher de nouveaux encadrants. Difficile dans un secteur qui peine à recruter. 

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