"La volonté des enfants qui passent à l'acte, ce n'est pas de mourir, mais c'est de ne plus souffrir", explique une psychologue après la mort de Sara, 9 ans

Les enquêteurs privilégient la piste de suicide, après la mort samedi en Moselle de la jeune Sara, qui subissait des "moqueries" à l'école.

Article rédigé par franceinfo
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Un enfant et sa peluche, image d'illustration.  (MAXPPP)
Un enfant et sa peluche, image d'illustration.  (MAXPPP)

"Un enfant qui souffre, c'est vraiment important de ne jamais banaliser parce qu'une petite souffrance peut devenir quelque chose d'absolument effroyable pour l'enfant", explique mardi 14 octobre sur franceinfo la docteure en psychopathologie et spécialiste du traumatisme chez l’enfant Hélène Romano. Sara, une petite fille de 9 ans, élève en CM2, a été retrouvée morte chez elle à Sarreguemines (Moselle) samedi. La piste du suicide est privilégiée par les enquêteurs. Selon les premiers éléments de l'enquête, elle subissait des moqueries à l'école.

Il est "extrêmement compliqué" de quantifier "les suicides des jeunes enfants", explique Hélène Romano, mais "on intervient de plus en plus pour des tentatives de suicides et des suicides d'enfants", constate-t-elle. "La volonté des enfants qui passent à l'acte ce n'est pas tellement de mourir, mais c'est de ne plus souffrir", détaille l'experte référente auprès du ministère de l'Education nationale.

"Une violence très sournoise"

La mort de Sara ravive les inquiétudes concernant le harcèlement scolaire. "Le harcèlement c'est une violence très sournoise qui ne se voit pas […] avec des violences verbales qui peuvent tuer, des violences physiques, sexuelles, des attaques sur la vêture, sur le cadre de vie de l'enfant", indique la docteure en psychopathologie.

Certains signes doivent alerter sur une situation de souffrance psychique. "Pour les parents, le signal principal, c'est la rupture dans le comportement de leur enfant", explique Hélène Romano. Des enfants "très agités et qui tout d'un coup sont en retrait, sont tristes, s'isolent, ne veulent plus sortir, ne veulent plus aller à l'école" mais aussi "d'autres enfants qui vont au contraire avoir des troubles externalisés, très agressifs" sont symptomatiques d'une situation de harcèlement, explique la psychologue. "L'attaque du matériel scolaire" est "une réalité" qui doit également alerter, indique Hélène Romano, citant "des enfants qui ont leurs vêtements abîmés, tachés de colle, déchirés".

"La marque d'attention n'est jamais de trop"

À l'école, les enseignants sont "insuffisamment" préparés à ce type de risque, selon la psychologue. "Il faudrait qu'on ait un médecin par établissement, alors qu'actuellement ils sont un pour des dizaines d'établissements", regrette Hélène Romano, qui insiste sur le fait qu'il est "très important d'avoir des services avec des professionnels formés au repérage de la souffrance psychique".

Pour repérer cette "souffrance psychique", il faut "essayer d'avoir des questions ouvertes", conseille la psychologue. "L'enfant veut nous rassurer", il "ne se plaint pas en première intention" car "l'enfant harcelé, il a peur, il a honte, il se sent coupable, il ne parle pas a priori, donc aller vers l'enfant c'est important", rappelle-t-elle.

Des questions simples comme "J'ai l'impression que tu es triste, j'ai l'impression que ça ne va pas, est-ce que tu veux me parler ?" peuvent aider. "La marque d'attention n'est jamais de trop", confie Hélène Romano. Elle rappelle l'importance du numéro d'alerte 3018 en cas de situation de harcèlement ou de cyberharcèlement, "absolument fondamental" et qui réalise "un travail remarquable en termes de prévention".


Si vous avez besoin d'aide, si vous êtes inquiet ou si vous êtes confronté au suicide d'un membre de votre entourage, il existe des services d'écoute anonymes. La ligne Suicide écoute est joignable 24h/24 et 7j/7 au 01 45 39 40 00. D'autres informations sont également disponibles sur le site du ministère de la Santé.

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