: Témoignages "Je n'aurais pas pu être dans une entreprise où il faut rallumer son PC tous les soirs" : les jeunes salariés moins prêts à sacrifier leur vie de famille
D'après un sondage OpinionWay pour Teale et Les Parents Zens, 53% des salariés de moins de 35 ans qui ont un enfant se disent prêts à quitter leur entreprise ou envisagent de le faire pour mieux concilier leur carrière et leur parentalité.
Tout plaquer, ils y ont déjà pensé. Plus d'un jeune salarié parent sur deux a déjà envisagé de quitter son entreprise pour aller vers une entreprise plus compatible avec sa vie de famille. C'est le principal enseignement d'un sondage réalisé par OpinionWay pour les sociétés Teale et Les Parents Zens.
Alors que 89% des salariés ont des responsabilités familiales, d'après les chiffres de l'Observatoire de la Parentalité en entreprise, "la parentalité reste un angle mort RH", analyse ce baromètre. "Aujourd’hui, on demande aux parents de faire comme si leur vie familiale n’existait pas entre 9h et 18h. C’est absurde. Ce baromètre montre qu’ignorer la parentalité, c’est risquer une fuite massive des talents. Il est temps de sortir d’un modèle RH hors sol", déplore Marine Desandre, cofondatrice des Parents Zens, une société qui conseille les entreprises pour améliorer leur politique en faveur de la parentalité, notamment en facilitant l'obtention de places en crèches à certains employés.
Souplesse, crèche et soutien moral
Dans ce sondage commandé par Les Parents Zens, 600 parents salariés ont été interrogés. Parmi eux, un sur trois déclare que sa carrière a été impactée par l'arrivée d'un enfant, un chiffre qui grimpe à 43% chez les femmes. Dans les faits, 17% expliquent par exemple avoir réduit leur temps de travail et 13% avoir refusé une évolution professionnelle. Plus globalement, 57% des parents salariés disent ressentir une augmentation de leur charge mentale liée au travail, induite, pour 27% des salariés, à la difficulté de gérer les urgences familiales et professionnelles. Pour 17%, le problème est lié à une forte pression sur la disponibilité attendue. 12% des parents salariés pointent du doigt une charge mentale due à des horaires de travail rigides.
Quand on leur pose la question de savoir si leur employeur a mis en place des mesures pour les aider, 60% répondent par la négative. Concernant des parents salariés pensant que des mesures de soutien à la parentalité auraient pu les aider, 33% estiment qu'un aménagement des horaires leur aurait été profitable. Ils sont également 19% à plébisciter la mise en place de solution de garde telle qu'une crèche d'entreprise. Enfin, 9% pensent qu'une aide psychologique serait la bienvenue.
Elodie est salariée chez Lucca à Paris, une entreprise de 750 salariés qui édite des logiciels de gestion RH et finance. Elle était déjà salariée dans l'entreprise quand elle est tombée enceinte. Son enfant a aujourd'hui 2 ans et cette maternité a changé sa perception du travail. "Je n'aurais pas pu travailler par exemple dans une entreprise où il faut travailler le week-end et où il faut tous les soirs rallumer son PC à 21 h pour travailler jusqu'à minuit", confie-t-elle.
"Avec un enfant en bas âge, mon équilibre vie perso - vie professionnelle est devenu quelque chose de très important."
Elodie, salariée parentà franceinfo
Au moment de reprendre le travail après son congé maternité, des questions se sont posées à elle. "Il y a eu la question de savoir si je voulais revenir à temps plein ou à temps partiel. J'ai fait le choix de revenir à temps plein mais il y a aussi eu la question de savoir si je ne prenais que le congé maternité ou si je prolongeais avec un congé parental. Ce qui a été appréciable, c'est que j'avais décidé de prolonger plus que prévu en cours de route et pour mon employeur, ça n'a pas été un sujet. Je leur ai annoncé que j'allais prendre trois mois de plus et on m'a dit 'tu as raison, ça n'arrive pas dix fois dans une vie'".
Autre point crucial : le mode de garde. "On avait fait des demandes en crèche publique mais on n'a jamais eu de retour", se souvient-elle. Mais dans son cas, la politique de son entreprise lui a enlevé une grosse épine du pied. "Je savais que mon employeur avait des places en crèche donc j'avais fait la demande et on avait une place avant même que j'accouche, ce qui était très appréciable et assez exceptionnel à Paris", se réjouit Elodie.
Enjeu de "rétention" des employés
Au-delà de la vingtaine de places en crèches garanties, l'entreprise d'Elodie propose d'autres solutions à destination des parents. Lucca permet notamment jusqu'à six jours de congés enfants malades rémunérés à 100%, une mutuelle remboursée à 100% pour tous les parents et enfants de l'entreprise, ou encore l'accès à une plateforme d'accès direct et gratuit à des médecins et pédiatres, notamment pour les urgences. "On est dans une entreprise où le risque principal lié à la santé et la sécurité de nos travailleurs est essentiellement un risque lié à la charge de travail et un possible épuisement professionnel donc la plateforme d'accès à des médecins permet notamment de répondre à ça en donnant accès à des psychologues par exemple", explique Maud Jardin, DRH chez Lucca.
"Ça rentrait aussi dans notre politique de parentalité car les rendez-vous médicaux ça prend du temps aux parents, ça demande toute une organisation, si c'est trop compliqué à gérer ça peut nuire à l'épanouissement, l'engagement et la productivité des collaborateurs."
Maud, DRH chez Luccaà franceinfo
L'entreprise Lucca a également bien conscience de l'enjeu qui se cache derrière cette question de la gestion de la parentalité dans l'entreprise. Dans le vocabulaire parfois trivial du monde professionnel on parle d'enjeu de "rétention", comprenez la capacité d'une entreprise à garder ses talents. "On a une population de salariés qui est jeune, avec de plus en plus de jeunes parents qui ont une charge de travail qu'il faut gérer parce qu'on est dans une dynamique d'hypercroissance, donc il faut qu'on arrive à les maintenir engagés et limiter cette charge mentale", admet Maud Jardin. Pour les entreprises qui n'ont pas encore engagé ce processus, le temps presse. Sur les 31% de parents salariés interrogés qui ont déjà changé ou envisagé de changer d'entreprise pour mieux concilier carrière et parentalité, 10% disent avoir déjà quitté leur entreprise pour une plus "family friendly", 18% l'ont envisagé mais ne sont pas passés à l'action, 13% l'envisagent et s'y préparent.
Méthodologie de l’enquête
L’étude "La parentalité en entreprise" a été réalisée par OpinionWay pour Les Parents Zens et teale, auprès d’un échantillon de 609 parents salariés, extrait d’un panel de 2 038 personnes représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus. L’échantillon a été constitué selon la méthode des quotas (sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle, région, taille d’agglomération). Les interviews ont été conduites en ligne, via un questionnaire auto-administré (CAWI), du 16 au 24 avril 2025. Les résultats doivent être interprétés avec une marge d’incertitude statistique comprise entre 1,7 et 4 points. OpinionWay a réalisé cette enquête dans le respect de la norme ISO 20252.
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