Convention citoyenne pour la fin de vie : "Pas un énième rapport avec une quête de consensus absolu", selon la présidente du comité de gouvernance
Les participants à la convention citoyenne pour la fin de vie se réunissent pour un cinquième week-end de travail. Leurs conclusions seront rendues en mars. Sur l'aide active à mourir, il y aura sans doute "une réponse argumentée, pas une réponse par 'oui' ou par 'non' puisqu'il y a des divergences fortes", prévoit Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance.
"Cette production citoyenne n'est pas un énième rapport avec une quête de consensus absolu", explique samedi 4 février sur franceinfo Claire Thoury, présidente du comité de gouvernance de la convention citoyenne pour la fin de vie, alors que les 185 citoyens tirés au sort se réunissent ce week-end au Conseil économique social et environnemental (Cese), à Paris, pour une cinquième session de travail. Au cours des quatre premiers week-ends de travaux, les 185 "conventionnels", tous volontaires, ont auditionné une quarantaine de spécialistes français et étrangers. "Ce qu'on leur demande c'est leur manière de voir les choses en étant éclairés, accompagnés, en débattant entre eux", précise Claire Thoury. "L'objectif est qu'ils produisent une réponse sur la question de la fin de vie" en mars, détaille-t-elle.
>> L'article à lire pour comprendre le débat sur la fin de vie en France
franceinfo : Comment se passent ces week-ends de travail avec 185 participants réunis sur un sujet aussi intime que cette question de la fin de vie ?
Claire Thoury : Ils se réunissent depuis le 9 décembre, et vont passer en tout 27 jours ensemble. Donc il y a plutôt intérêt à ce que ça se passe bien. Et je trouve que c'est assez remarquable parce que le sujet de la fin de vie est compliqué. C'est un sujet qui est très intime, qui est traversé par des représentations, par des convictions, par des peurs, par tout un tas de choses. Mais c'est un sujet qui est aussi collectif. Et je trouve assez remarquable de pouvoir observer ces citoyens qui sont ensemble du vendredi au dimanche, qui débattent, qui partagent des choses profondes et qui le font dans un respect à la fois très admirable et qui donne beaucoup d'espoirs quant à l'avenir de notre démocratie.
Ce débat sur la fin de vie est une question qui divise profondément et depuis longtemps la société. Est-ce qu'on retrouve cette division dans les débats de la convention ?
Oui, vous avez des convictions différentes, forcément. La question de la fin de vie, ça veut dire tout un tas de choses différentes. Cela pose la question de l'accompagnement des soins palliatifs, des aidants et du maillage territorial. Cela pose la question de l'aide active à mourir. Et quand vous posez ces questions, vous vous rendez compte que l'aide active à mourir, ça veut dire plein de choses différentes. Un suicide assisté ? Euthanasie ? Autre chose ? Comment ? À quelles conditions ? Est-ce que ce serait une aide active à mourir absolue ? Est-ce qu'elle serait limitée, sous quelles conditions ?
"Un sujet comme celui-ci ne peut pas se régler à coup de sondages. On ne peut pas dire qu'on est pour ou qu'on est contre."
Claire Thoury, présidente du Comité de Gouvernance de la convention citoyenne pour la fin de vieà franceinfo
Cela pose beaucoup de nuances, ce qui exige aussi beaucoup d'humilité. Les citoyens cheminent ensemble, avec des convictions différentes, c'est normal. Les désaccords sont aussi très sains. Ce qu'on leur dit depuis le départ, c'est que cette production citoyenne n'est pas un énième rapport avec une quête de consensus absolu. Éclairer la décision publique, c'est aussi accepter les divergences, les dissensus. Ce qui nous semble indispensable, c'est que ces divergences soient bien expliquées et que le cheminement soit bien expliqué.
Est-ce qu'il y a aussi des consensus parmi les citoyens de cette convention ?
Oui. Par exemple, il y a un consensus fort autour de la question des soins palliatifs. La question de savoir comment avoir accès à ces soins sur tout le territoire, la question des moyens alloués à la fin de vie en France. Mais les citoyens sont là pour poser leur vécu, leurs expériences, leurs représentations et ne vont pas devenir des spécialistes absolus, des experts de la fin de vie car il y a énormément de choses qu'il faudrait appréhender, connaître. Ce qu'on leur demande c'est leur manière de voir les choses en étant éclairés, accompagnés, en débattant entre eux, en croisant leur individualité pour produire quelque chose de collectif. L'objectif est qu'ils produisent une réponse sur la question de la fin de vie.
Vous allez faire un certain nombre de recommandations le mois prochain, après les travaux de cette convention citoyenne. Est-ce que vous donnerez des recommandations précises, par exemple sur cette question de l'aide active à mourir ?
Il reste encore quelques semaines, à ce stade on peut tout imaginer. Vu la façon dont les travaux évoluent, sur la question de l'aide active à mourir, je pense que ce sera une réponse argumentée, ce ne sera pas une réponse par "oui" ou par "non" puisqu'il y a des divergences fortes. Tout le monde n'est pas d'accord. Il ne s'agit pas de dire que certains ont tort et que d'autres ont raison. Il s'agit d'entendre les convictions de chacun et des convictions qui ont été construites dans un cadre un peu particulier qui est celui d'une convention citoyenne où ils passent 27 jours de leur vie à discuter sur un sujet aussi majeur que celui-ci. Il y aura une réponse. Il y aura vraisemblablement des préconisations mais je suis assez sûre que les opinions divergentes seront aussi assez clairement exposées.
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