: Info France 2 Quatre soldats du 8e régiment de parachutistes de Castres portent plainte contre leurs supérieurs pour violences et harcèlement
Pour leur avocat, les pratiques dont ces militaires disent avoir été victimes sont "d'un autre temps". Une enquête interne a été ouverte par l'armée.
C'était leur rêve d'enfant : intégrer le 8e régiment des parachutistes d'infanterie de marine de Castres, une unité prestigieuse dans l'armée basée dans le Tarn. Mais à leur arrivée au RPIMA en 2021, ils se disent victimes de harcèlement et de brimades. Quatre soldats ont décidé de briser l'omerta et de déposer plainte la semaine dernière auprès du tribunal judiciaire de Paris, selon les informations de "L'Œil du 20 heures". L'un d'eux raconte qu'il s'est engagé dans le 8e RPIMA à 22 ans et qu'il a vite été pris pour cible par sa hiérarchie. Un jour, il poste une photo de lui en uniforme sur les réseaux sociaux. La sanction ne tarde pas : "Mon chef nous a donné l'ordre de nous mettre en rang et d'un coup, il est venu derrière, il m'a mis une balayette comme on dit. Il s'est mis sur moi, il a sorti un couteau et me l'a mis sous la gorge. A cause de tes photos, on peut retrouver ta p... de mère, ta p... de sœur."
Un récit confirmé par d'autres témoins. Et ce n'est que le début. Le militaire raconte que les brimades et les coups vont se multiplier, notamment de la part d'un de ses supérieurs. En 2022, il part en opération en Roumanie mais là-bas, explique-t-il, son état psychologique empire. Désespéré, il ingurgite des médicaments. C'est un camarade qui le découvre et qui prévient la hiérarchie. "L'adjudant est venu en courant. (...) Il m'a mis une très grosse claque de toutes ses forces, je n'entendais plus rien", explique-t-il.
"J'aurais pensé prendre une balle au combat, mais pas une claque ou un couteau sous la gorge et arriver jusqu'au suicide. Sinon, je n'aurais pas signé."
L'un des plaignantsà "L'Œil du 20 heures"
Pour l'armée, cette tentative de suicide était liée uniquement à des problèmes personnels.
"T'as une option : ce soir, tu dégages"
Que s'est-il passé dans cette section de la prestigieuse unité de parachutistes ? En 2021, ils étaient 46 soldats. Quatre ans après, ils ne sont plus que 16. Pour les autres : rupture de contrat, désertion ou encore dépression. Parmi eux, Clovis Tritto affirme avoir été ciblé par sa hiérarchie. Dans sa troisième année, il est convoqué par trois supérieurs qui lui reprochent une insulte à leur encontre. Choqué par la violence de leur réaction, un de ses camarades aurait enregistré la suite, en voici des extraits : "Je vais t'éclater, tu te sentiras comme une merde et ensuite, on va te dégager. Mais bien sûr qu'on en a après toi. Tu vas devenir la p... de la compagnie et jusqu'à ce que j'en aie marre. La hiérarchie, ici, c'est moi qui la fais (...) et pense pas que tu pourras porter plainte. Si tu veux, t'as une option : ce soir tu désertes... C'est la seule option que tu as, si tu ne veux pas que je transforme ton trou de balle en hangar."
Pour attester de la violence de cette altercation, le soldat nous montre une photo d'ecchymoses sur sa poitrine qu'il dit avoir prise à la sortie. Mais ses blessures seraient aussi psychologiques. Des récits qui nous ont été confirmés par d'autres témoignages glaçants sous couvert d'anonymat : "On était au régiment. L'adjudant appelle un camarade et lui demande de téter son téton. On n'avait pas vraiment le choix. Dès qu'on osait remettre en question les ordres, c'étaient des punitions physiques et morales. J'étais dégoûté par ce que j'avais fait."
Au total, quatre soldats du 8e RPIMA ont porté plainte, notamment pour violence volontaire et harcèlement moral. Pour l'avocat de ces soldats, Thibault Laforcade, ces pratiques sont "d'un autre temps". Nous avons pu joindre au téléphone l'un des seize supérieurs du régiment visé par ces plaintes. Il ne sait pas qu'il est enregistré et nie tout recours à la violence.
"C'est un problème de personnes. Il y a des gens qui ne sont pas faits pour être militaires et d'autres qui sont faits pour l'être. C'est aussi simple que ça. ll faut comprendre quelque chose de simple : quand on se trompe dans notre métier, il y a des gens qui meurent, voire des copains, et du coup, on n'aime pas trop l'erreur."
L'un des supérieurs visés par la plainteà "L'Œil du 20 heures"
De son côté, l'armée de terre affirme ne pas avoir été avertie de ces pratiques et condamne toute forme de bizutage ou de harcèlement. Une enquête interne a été ouverte suite à notre enquête. "Ces pratiques ne sont absolument pas tolérées, explique le général Frédéric Danigo, commandant de la 11e brigade parachutiste. Elles font l'objet de sanctions exemplaires dès lors qu'elles sont avérées." Si l'enquête confirmait ces accusations, il s'agirait selon le porte-parole d'un cas isolé dans l'armée. Certains supérieurs visés par la plainte encourent jusqu'à dix ans de prison et 150 000 euros d'amende.
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