Circulaire sur les naturalisations : Bruno Retailleau "est en campagne, il n’agit pas comme un homme d’État", dénonce Najat Vallaud-Belkacem

La présidente de France terre d'asile appelle le ministre de l'Intérieur à "commencer par donner à ses propres services les moyens d’exécuter les décisions qu’il prend".

Article rédigé par franceinfo
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Najat Vallaud-Belkacem au Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le 25 mars 2025. (MARQUET FREDERIC / MAXPPP)
Najat Vallaud-Belkacem au Conseil régional Auvergne-Rhône-Alpes, le 25 mars 2025. (MARQUET FREDERIC / MAXPPP)

Bruno Retailleau "est en campagne, il n’agit pas comme un homme d’État, comme un homme politique aux responsabilités éminentes", dénonce, lundi 5 mai sur franceinfo, Najat Vallaud-Belkacem, présidente de France terre d’asile. Le ministre de l’Intérieur a publié dimanche une nouvelle circulaire demandant aux préfets de durcir les conditions d’accès à la nationalité française. Ce texte insiste sur le renforcement du niveau de maîtrise du français, l’adhésion aux valeurs de la République, une insertion professionnelle sur cinq ans et des ressources stables hors prestations sociales.

Cette annonce intervient alors qu’Emmanuel Macron organise, lundi, à Paris la conférence "Choose Europe for Science" pour attirer des chercheurs étrangers et notamment Américains. Ce qui est, selon Najat Vallaud-Belkacem, en contradiction avec la volonté de moins bien intégrer les étrangers. "On est en train en même temps de faire régresser tout ce qui pourrait contribuer à mieux intégrer et à mieux permettre aux étrangers qui viendraient s’installer sur notre territoire de s’insérer dans notre société. C’est totalement orthogonal avec ce qui se passe dans les autres pays", déclare l’ancienne ministre socialiste, citant en exemple les politiques d’intégration de l’Allemagne et de l’Espagne.

Le ministre de l’Intérieur se justifie en indiquant qu’il y a eu une augmentation de 8% des naturalisations en 2024 par rapport à 2023. Pour Najat Vallaud-Belkacem, il s’agit d’un effet de rattrapage : "La direction générale des étrangers en France n’est pas suffisamment outillée pour procéder en temps et en heure aux naturalisations des gens qui correspondent déjà parfaitement aux critères. D’où les retards qui s’accumulent". Selon elle, "Monsieur Retailleau devrait commencer par donner à ses propres services les moyens d’exécuter les décisions qu’il prend plutôt que de passer son temps en interviews et en annonces démagogiques".

"Une vacuité du discours politiques"

L’ancienne ministre dénonce "une division par deux du nombre d’heures de formation en langue française" et appelle à faciliter l’accès aux cours de français dès la demande d’asile. Les examens de français "sont d’un tel niveau que c’est déjà extrêmement difficile. La plupart des Français qui ont été invités à faire ces examens ont pris conscience qu’en réalité, ils n’y arrivaient pas", citant "des exemples incroyables", notamment celui d’un jeune Albanais : "Il y a quelques mois, il s’est vu refuser sa demande de naturalisation au motif d’une culture insuffisante parce qu’il savait pas, entre autres, citer le nom du ministre de l’Économie ou dire qui avait ordonné la construction de l’Arc de Triomphe."

Najat Vallaud-Belkacem regrette que le débat politique se résume à des "restrictions administratives" qui compliquent la vie "de milliers de personnes". Elle s'attaque au ministre de l'Intérieur : "On a vraiment le sentiment d’une vacuité du discours politique qui ne sert qu’à nourrir des petits intérêts politiciens."

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