Harcèlement moral et sexuel chez Ubisoft : le procès de trois ex-hauts cadres de l'entreprise renvoyé à juin

Les témoignages recueillis rapportent notamment des humiliations publiques et des actes s'apparentant à du bizutage au quotidien au sein des locaux du géant français du jeu vidéo. L'un des accusés est aussi poursuivi pour tentative d'agression sexuelle.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Temps de lecture : 3min
Le logo de l'entreprise Ubisoft au Paris Games Week, le plus grand salon français des jeux vidéo à Paris, le 25 octobre 2024. (SERGE TENANI / HANS LUCAS / AFP)
Le logo de l'entreprise Ubisoft au Paris Games Week, le plus grand salon français des jeux vidéo à Paris, le 25 octobre 2024. (SERGE TENANI / HANS LUCAS / AFP)

L'affaire ébranle le géant français du jeu vidéo depuis plusieurs années. Le procès de trois anciens hauts cadres de la société Ubisoft qui devait s'ouvrir lundi 10 mars, pour des accusations de harcèlement moral et sexuel systémique envers leurs employés pendant près d'une décennie, a été renvoyé au 2 juin, a annoncé le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis).

Les avocats des parties civiles et de la défense ont estimé n'avoir eu accès que très tardivement à l'ensemble du dossier. L'affaire a été révélée en 2020 à la suite d'une vague de témoignages anonymes sur X et d'enquêtes publiées dans Libération et Numerama. Ces révélations ont conduit à la démission du numéro 2 du groupe, Serge H., et au licenciement de Thomas F. et Guillaume P. pour faute grave.

Les témoignages, qui se concentrent notamment sur Thomas F. (dit "Tommy"), décrivent une attitude inappropriée au sein des locaux du géant français du jeu vidéo. Selon les personnes entendues, celui qui était alors vice-président du service éditorial d'Ubisoft a eu pour habitude de diffuser des films pornographiques dans l'open-space et de commenter publiquement le physique des employées qu'il insultait de façon régulière. Des humiliations publiques et des actes s'apparentant à du bizutage au quotidien ont également été rapportés.

Des faits de harcèlement moral, tentative d'agression sexuelle et de racisme 

Il est aussi poursuivi pour tentative d'agression sexuelle, ayant voulu lors d'une fête de Noël, embrasser de force une jeune employée, maintenue par d'autres collègues. Il incitait "ses subordonnés à agir de même, usant notamment à cette fin de son aura et de sa position hiérarchique élevée au sein de la société", selon un rapport d'enquête consulté par l'AFP.

Serge H. est, lui, accusé de comportements libidineux et de questions intrusives de nature sexuelle, ainsi que de commentaires et actes racistes. D'après les témoignages recueillis, il a demandé à une employée de confession musulmane si elle adhérait aux idées du groupe Etat islamique. Cette assistante de direction a retrouvé des images de sandwich au bacon en fond d'écran de son ordinateur, de la nourriture déposée sur son bureau pendant le mois du ramadan.

L'intéressé "nie catégoriquement avoir harcelé une seule de ses collègues. Il nie avoir eu connaissance d'actes répréhensibles commis par différents collaborateurs d'Ubisoft", selon un communiqué transmis à l'AFP par son avocat.

Troisième prévenu dans ce procès, l'ancien "game director" Guillaume P., 39 ans, est renvoyé pour harcèlement moral. Des dizaines de témoins ont été entendus lors de l'enquête mais "un grand nombre renonçait à déposer plainte par crainte des réactions du milieu du jeu vidéo", selon le rapport dont l'AFP a eu connaissance.

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