GPA : "Je n'ai pas l'impression de prêter mon corps, ni de le vendre", témoigne Ambre, mère porteuse
Alors que la Cour de cassation rend ses décisions dans six affaires distinctes ayant toutes trait à la filiation des enfants nés de GPA à l'étranger, franceinfo a recueilli le témoignage rare d'Ambre, 29 ans, une mère porteuse.
La Cour de cassation doit dire, ce mercredi, si les deux personnes élevant un enfant né à l'étranger d'une gestion pour autrui (GPA) peuvent être légalement reconnues comme ses parents. Puisque la GPA est interdite en France, les parents font appel à des mères porteuses qui proposent leurs services dans l'illégalité. Franceinfo a recueilli le témoignage rare de l'une d'entre elles.
Son annonce reçoit une cinquantaine de réponses
Elle se fait appeler Ambre et a 29 ans. En octobre dernier, elle poste un simple message sur un forum spécialisé, intitulé "Mère porteuse avec une adresse mail". Elle recevra une cinquantaine de réponses : des homosexuels, des hétérosexuels, des femmes seules, des hommes seuls. De toutes les classes sociales. "La plupart des personnes demandent directement quelle sera la somme à payer, quand il faudra la payer, puisque tous savent qu'il y aura un aspect financier."
Après des recherches sur les sommes demandées par les mères-porteuses en clinique, elle demande finalement 40 000 euros :"Cela fait faire des économies au couple, puisqu'ils n'auront pas à payer la clinique", souligne-t-elle. Son choix se portera sur un couple qui ne peut pas avoir d'enfants et dont les demandes d'adoption n'ont pas abouties. Pour l'insémination, Ambre se rend au domicile des "parents d'intention", comme on les appelle, pendant sa période d'ovulation. "C'est une insémination artisanale avec une seringue et le sperme du donneur, explique-t-elle. Il y a des vidéos sur YouTube qui expliquent comment faire... En fait, je fais don de mes ovules et de la gestation."
Elle accouchera sous X en donnant le nom du père
Depuis, les contacts avec les parents se limitent au suivi médical et à des coups de fil de temps en temps. Dans quelques mois, elle accouchera de leur petit garçon dans un hôpital, près de chez eux. "Je vais accoucher sous X, explique-t-elle. Puis j'indiquerai ensuite qui est le père de l'enfant pour qu'il puisse récupérer son enfant. Dès lors, il pourra partager son autorité parentale avec la mère. Par exemple via une adoption simple, ou un partage d'autorité parentale : il y a plusieurs solutions."
Ceci fait, Ambre prendra son envol :"Après, je pars et je continue ma vie, en sachant qu'ils seront une famille. Je fais une distinction très nette : ce n'est pas mon bébé que je porte. Pour moi c'est très clair. On est une nounou pendant neuf mois."
"Je n'ai pas l'impression de vendre mon corps"
Dans son entourage, peu sont au courant de cette grossesse cachée. Ambre a elle-même trois enfants en bas âge. La mère au foyer affirme que ce n'est pas qu'une transaction. "Cela permet d'apporter un peu de finances en aidant des personnes qui ne peuvent pas avoir d'enfants. Et aussi, je peux le faire facilement. Je n'ai pas l'impression de prêter mon corps, ni de le vendre."
Ambre a bien conscience d'être dans l'illégalité, de prendre des risques. Mais ne se sent pas "mal" pour autant : "Je sais que ce je fais n'est pas immoral, assure-t-elle. Ce n'est pas comme si quelqu'un souffrait ou était lésé. Au contraire, tout le monde y trouve son compte." Si tout se passe bien, Ambre est d'ailleurs prête à recommencer.
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