: Reportage "Les besoins augmentent et les ressources baissent" : les associations de solidarité manifestent pour dénoncer les coupes budgétaires

Elles appellent à manifester, samedi 11 octobre à Paris et dans toute la France. Les associations de solidarité qui viennent en aide aux plus précaires voient, pour la moitié d'entre elles, leur situation financière se dégrader. C'est ce qui ressort d'un rapport de la FAS, la fédération des acteurs de la solidarité, publié cette semaine à partir des données de 900 associations interrogées : associations d'aide alimentaire, centres d'hébergement d'urgence, chantiers d'insertion... Cet état des lieux révèle une fragilisation sans précédent. Une association sur trois est menacée de disparaître.

L'association La Cloche, qui lutte contre l'exclusion sociale, se prépare à manifester. "Ma pancarte est la plus nulle... Ce n'est pas grave, elle est faite avec volonté et vrai engagement", s'amuse Valérie Fayard, présidente de La Cloche. L'association, née il y a dix ans, aide les personnes en situation de grande précarité. 

Dans le bureau, l'ambiance est joyeuse, mais l'heure est grave : "Aujourd'hui, on est menacés, essentiellement parce que les financements sont en baisse. Aussi bien les financements de l'Etat que des collectivités locales et on est obligés de faire un peu la manche vers le privé. On a heureusement des partenaires qui nous suivent, mais c'est extrêmement précaire."

L'association compte 30 salariés, contre 45 auparavant. Elle est présente dans une dizaine de grandes villes de France mais a dû fermer les antennes de Montpellier et Tours cette année, et ce sera bientôt le tour de celle de Rennes : "Effectivement on a déjà pas mal réduit nos activités. Or, on voit bien sur le terrain que la question de la précarité et de l'isolement augmente, c'est ça qui est dramatique. Il y a quand même près de dix millions de personnes en France qui vivent sous le seuil de pauvreté. C'est un chiffre énorme. Des familles monoparentales, des personnes exilées, des jeunes... Les besoins augmentent et les ressources baissent."

"Nos facultés d'intervention baissent. C'est absolument dramatique en terme social."

Valérie Fayard, présidente de la Cloche

à franceinfo

Le budget annuel de plus de deux millions d'euros a été amputé de plus de 500 000 euros en deux ans.

D'une structure à une autre, c'est le même constat : par exemple dans une cantine solidaire du 13e arrondissement de Paris où 600 repas d'aide alimentaire sont préparés chaque jour grâce à l'association Refugee Food. Julia Colin est directrice du développement et de la restauration sociale : "La difficulté pour nous aujourd'hui, c'est que cette instabilité politique, ce manque de visibilité et la réduction des dotations nous amènent à réduire nos accompagnements pour nos bénéficiaires. Sur l'aide alimentaire, par exemple, lorsqu'on pouvait proposer des menus avec entrée, plat, dessert, on va peut-être enlever l'entrée ou le dessert pour s'adapter aux contraintes économiques qu'on vit." L'association a pour l'instant sécurisé 20% de son budget 2026, après c'est l'incertitude.