Quatre ans de la loi PMA pour toutes : "Dans certains centres, il y a une recherche de prétexte pour refuser" les femmes seules

Quatre ans après la promulgation de la loi de bioéthique grâce à laquelle les couples de femmes et les femmes seules ont eu accès à la procréation médicalement assistée, le parcours des "mamans solos" reste souvent difficile.

Article rédigé par franceinfo
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Le service d'aide médicale à la procréation de l'hôpital de Lille le 15 décembre 2021 (STEPHANE MORTAGNE / MAXPPP)
Le service d'aide médicale à la procréation de l'hôpital de Lille le 15 décembre 2021 (STEPHANE MORTAGNE / MAXPPP)

C'est une date que des milliers de femmes ne sont pas près d'oublier. Le 2 août 2021, il y a quatre ans, la quatrième version de la loi bioéthique était promulguée en France. Elle permettait d'ouvrir la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes mais aussi aux femmes seules. Ces "mamans solos", comme elles s'appellent parfois entre elles, représentent environ 10% des demandes de PMA aujourd'hui en France. Depuis 2021, le phénomène a pris de l'ampleur. Pour autant, le parcours de ces femmes avant d'accoucher de leur enfant est souvent semé d'embûches.

Maryline nage dans le bonheur. "Je suis très contente, c'est une très belle surprise", confie-t-elle. Cette graphiste parisienne, célibataire, a accouché d'une petite fille en mai dernier. Cet heureux événement n'aurait jamais été possible sans la loi de bioéthique de 2021 puisqu'avant cette date, les femmes devaient se rendre à l'étranger pour suivre un processus long et coûteux. "Je ne sais pas si j'aurais été capable d'aller à l'étranger, ça m'aurait mis beaucoup de freins et je ne sais pas si j'aurais franchi le cap, explique-t-elle. 

"Je suis très heureuse que la loi soit passée, elle m'a permis de me sentir légitime à faire ce choix et à répondre à ce désir."

Maryline, mère ayant bénéficié d'une PMA

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Maryline a entamé son parcours de PMA en avril 2023 à l'hôpital Tenon à Paris. Dans cet établissement de santé, les femmes seules peuvent bénéficier d’un accompagnement psychologique et de groupes de parole dédiés. Mais ce n'est pas le cas partout et le regard des personnels de santé sur ces femmes n'est pas toujours aussi bienveillant.

Manque de moyens et situations parfois discriminatoires

Noëlle Bidaud, membre de l'association Mam'enSolo, a recueilli de nombreux témoignages. "Parfois on leur fait sentir qu'elles prennent la place de couples stériles, raconte-t-elle. Par exemple on dit à des personnes jeunes qu'elles peuvent attendre quelques années, on juge leur choix, on considère qu'elles ne sont pas capables de décider pour elles-mêmes. On dit à d'autres femmes qu'elles ne peuvent pas accéder à la PMA parce qu'elles sont en CDD. C'est quelque chose qu'on ne reprochera pas à un couple hétérosexuel par exemple. On a l'impression que dans certains centres, il y a une recherche de prétexte pour refuser les parcours."

Les femmes seules, parfois, ne seraient donc pas prioritaires à en croire l'association qui pointe aussi le manque de moyens des centres de PMA. "A certains moments on nous dit qu'il faut encore faire tel rendez-vous et la psychologue est en arrêt par exemple, détaille Noelle Bidaud. Il n'y a parfois qu'une seule psychologue dans le service et tant qu'on n'a pas fait ce rendez-vous on ne peut pas avancer. Oui, il y a une question de moyen je pense et cela pousse les services à faire des arbitrages." Et ceux-ci se font souvent en défaveur des femmes seules. Voilà pourquoi, en cas de situation possiblement discriminatoire, l'association appelle ces femmes à se tourner vers les services de médiation des hôpitaux.

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