Points d'eau potable dans les lieux publics : seule la moitié des établissements sont équipés, 9% respectent la loi, selon l'UFC-Que choisir

Les espaces culturels figurent parmi les bons élèves et la SNCF progresse, relève une enquête de l'UFC-Que choisir et l'association No Plastic In My Sea dévoilée jeudi. Mais les points d'eau ne sont pas bien signalés. Les deux associations réclament des actions concrètes et rapides de la part du gouvernement pour se mettre en conformité avec la loi.

Article rédigé par franceinfo
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Un point d'eau potable dans une gare SNCF à Paris. (BENOIT HASSE / MAXPPP)
Un point d'eau potable dans une gare SNCF à Paris. (BENOIT HASSE / MAXPPP)

Seule la moitié des établissements recevant du public (ERP) sont équipés de points d'eau potable, selon une enquête menée par l’UFC-Que choisir et l'association No Plastic In My Sea, publiée jeudi et que franceinfo a pu consulter. Depuis 2022, la loi impose aux établissements recevant du public (ERP) et accueillant plus de 300 personnes d’installer au moins un point d’eau potable gratuit, accessible et bien signalé. Cela concerne 68 500 établissements sur tout le territoire.

Pour cette enquête, 247 ERP ont été visités sur tout le territoire national. Le constat est que, en mai 2025, seulement 52% de ces établissements sont équipés de points d'eau potable, un taux toutefois en hausse en un an. En juin 2024, 40% des établissements proposaient une fontaine. 114 ERP avaient alors été visités par les bénévoles de l'association.

La loi de 2022 impose d'accompagner l'installation de points d'eau d’une signalétique directionnelle. Mais elle est loin d'être respectée. Quand ils existent, les points d’eau restent peu visibles et mal signalés. Près de la moitié ne dispose d’aucune signalétique et seuls des 22 établissements sur les 128 équipés de points d'eau, soit 9%, ont mis en place une signalétique directionnelle, comme le préconise la loi.

Les centres commerciaux moins équipés que la moyenne

Ce sont les espaces culturels – musées, cinémas, bibliothèques – qui sont les bons élèves. 70% de ces espaces sont équipés. Mais la signalisation demeure problématique. 70% des points d’eau recensés en sont dépourvus. De son côté, la SNCF progresse : 53% des gares visitées proposent des points d'eau, contre 36% il y a un an. Mais leur signalisation des points d’eau pèche encore. Si 88% disposent d’une signalétique sur le point d’eau, aucune signalétique directionnelle n’a été relevée. L'enquête note encore que les centres commerciaux disposent d’un taux d’équipement inférieur à la moyenne. Seuls 45% des centres visités disposent d’un point d’eau. Ils ne sont signalés que dans 52% des cas.

En l’absence d’un point d’eau gratuit, les usagers doivent se tourner vers l’eau embouteillée, rappellent les associations. Elles pointent le prix de l'eau en bouteille. "En gare, une bouteille de 50 cl coûte en moyenne 2,50 euros, soit près de 10 euros pour une famille de quatre personnes", selon leurs calculs. "Cette situation est injuste et inadmissible, alors que la loi impose un accès gratuit à l’eau potable."

Un ultimatum au gouvernement

Au-delà du pouvoir d'achat, l’UFC-Que choisir et No Plastic In My Sea alertent sur la pollution qui continue. 15 milliards de bouteilles plastiques sont mises sur le marché en France chaque année. "Elles représentent le premier déchet plastique à usage unique retrouvé sur les plages européennes. Or, leur tonnage a augmenté de 10% entre 2021 et 2023, à rebours des objectifs fixés." L'enquête rappelle qu'au moment des Jeux de Paris 2024, "la combinaison de fontaines bien visibles, d’une signalétique conforme et d’une campagne d’information efficace a permis de diviser par trois l’usage de bouteilles plastiques par rapport aux Jeux de Londres".

Sur la base de ces "résultats concrets", l’UFC-Que choisir et No Plastic In My Sea donnent "trois mois" au gouvernement pour un "strict respect de la loi sur le déploiement des points d’eau, la présence de signalétique directionnelle et l’application des sanctions prévues par la loi lorsque des manquements". Elles réclament une signalétique "standardisée claire, homogène et nationale" et entendent obtenir une "obligation de déclaration des points d’eau installés par les ERP afin d’alimenter une cartographie nationale des points d’eau en open data".

Les associations plaident encore pour des campagnes publiques de promotion de l’eau du robinet et comptent sur la mobilisation des acteurs économiques et des éco-organismes pour inclure un plan permettant d’atteindre l’objectif de réduction de 50% du nombre de bouteilles en plastique mises sur le marché en 2030.


Méthodologie :

L'enquête de l’UFC-Que Choisir et l'association No Plastic In My Sea a été menée entre mars et mai 2025. 80 enquêteurs bénévoles issus des réseaux locaux des deux associations ont visité 247 établissements recevant du public (ERP), répartis largement sur le territoire. Toutes les catégories d’établissements concernés étaient représentées, transports (gares, stations-service), commerce (centres commerciaux), culture (musées, cinémas, bibliothèques), sport (stades, gymnases) ou encore enseignement supérieur.
Les ERP les plus représentées sont les centres commerciaux (93 ERP), les gares SNCF (47) et les établissements culturels (34). Les régions les plus représentées sont : Nouvelle-Aquitaine (41 ERP), Centre-Val de Loire (40), Ile-de-France (33), Auvergne-Rhône-Alpes (32) et Provence-Alpes-Côte d’Azur (32), mais l’enquête a été menée dans l’ensemble des régions françaises.

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