Louer des places de prison à l'étranger : "Une fuite en avant pour ne pas prendre les mesures qui s'imposent", fustige l'Observatoire international des prisons

Pour lutter contre la surpopulation carcérale, Emmanuel Macron se dit favorable à la location de places dans des prisons étrangères. L'OIP dénonce une idée "coûteuse pour la société".

Article rédigé par franceinfo
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Une cellule de la prison de Mons, en Belgique, le 14 mars 2025 (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)
Une cellule de la prison de Mons, en Belgique, le 14 mars 2025 (JEAN-LUC FL?MAL / MAXPPP)

"On assiste depuis quelques semaines, à une espèce de concours Lépine, une fuite en avant, pour ne pas prendre les mesures qui s'imposent", fustige, mercredi 14 mai sur franceinfo, Matthieu Quinquis, président de l'Observatoire international des prisons (OIP). Emmanuel Macron, mardi soir sur TF1, s'est dit favorable à louer des places de prison à l'étranger, pour lutter contre la surpopulation carcérale. Elle a atteint 133% en avril en France, avec 82 921 détenus pour 62 358 places.

Pour le président de l'OIP, il y a d'autres moyens pour faire de la place dans les prisons. Selon lui, il faut plutôt revoir les politiques d'incarcération "de plus en plus sécuritaires et répressives", décrit-il. L'ONG pointe particulièrement la détention avant le jugement, "plus d'un quart de la population carcérale est en détention provisoire [avant jugement]". Il estime que la France a "un usage immodéré de cette mesure de privation de liberté".

Une solution "coûteuse pour la société"

Selon Matthieu Quinquis, placer les prisonniers à l'étranger, c'est une solution "coûteuse pour la société, on parle de plusieurs millions d'euros et coûteuse humainement, parce qu'elle aura des implications sur la vie des personnes concernées et de leurs proches". Le président de l'OIP s'inquiète aussi des conditions de détention dans les autres pays. "Il faut aussi avoir un certain nombre de garanties, sur les conditions dans lesquelles ils pourraient être placés", affirme le président de l'OIP.

Parmi les pays européens, le Danemark s'est déjà lancé dans la location de places de prison à l'étranger. Selon la cellule décryptage de franceinfo, 300 places de prison au Kosovo sont réservées aux détenus en provenance du Danemark. Ça ne concerne que les personnes condamnées à l'expulsion. D'autres pays envisagent d'en faire autant. Contacté par franceinfo, l'entourage du garde des Sceaux, Gérald Darmanin, étudie cette solution, mais pour l'instant, il est trop tôt pour faire des annonces. 

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