Téléphone portable en prison : Gérald Darmanin va "écouter les conclusions" de la contrôleuse générale mais ne veut pas d'un "discours de défaite"

Le ministre de la Justice n'est prêt ni à accorder "le téléphone portable partout", ni "des massages et des soins du visage à des détenus radicalisés". En revanche, il reconnaît qu'en matière de réinsertion, "on est très mauvais".

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Gérald Darmanin, sur France Inter le 17 mai 2023. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)
Gérald Darmanin, sur France Inter le 17 mai 2023. (FRANCE INTER / RADIO FRANCE)

"Je vais écouter les conclusions de madame Simonnot mais ça ne doit pas non plus être un discours de défaite", déclare mercredi 19 février sur France Inter Gérald Darmanin, ministre de la Justice. L'interdiction "générale et absolue" des téléphones portables en prison est "peu réaliste", a jugé la contrôleuse générale des lieux de privation de liberté dans un avis publié au Journal officiel. Elle dénonce également le système payant des lignes fixes.

"Que madame Simonnot nous invite à changer de système, elle a parfaitement raison et je vais écouter ses conclusions. Mais ça ne doit pas non plus être un discours de défaite et accepter le téléphone portable partout", répond le ministre de la Justice.

La contrôleure générale des lieux de privation de liberté a également regretté sur France Inter mercredi matin que le ministre souhaitait interdire les "activités ludiques" en prison. "Ce que je dis, c'est qu'on ne doit pas faire des massages et des soins du visage à des détenus radicalisés", se défend Gérald Darmanin, qui est en revanche favorable à des "activités éducatives, d'appréhension du français, de réinsertion".

Adapter le lieu de détention en fonction du criminel

"En revanche, ce que nous devons faire en France, c'est mieux réinsérer les détenus qui terminent leur peine de prison, parce que nous sommes très mauvais" en matière de récidive. "C'est une immense question à laquelle la France n'a pas répondu et ce n'est pas digne", regrette le ministre. Concernant la surpopulation dans certaines maisons d'arrêt, il décrit là aussi "une indignité pour la République, un drame pour les agents pénitentiaires et pour les détenus".

Le ministre dénonce un délai d'attente "trop long" avant la tenue d'un procès et la décision de justice. Il milite pour "développer des nouveaux lieux d'incarcération, qui ne sont pas des prisons avec des miradors et des barbelés parce que tout le monde ne doit pas être dans un milieu très carcéral. On doit se séparer aussi d'une partie des personnes qui sont en prison et n'ont rien à faire là", dit-il, citant "25% d'étrangers" et "20 à 30% de gens qui ont des maladies mentales". "L'indignité française est aussi que nous enfermons les fous, alors que les personnes psychiatriquement atteintes doivent être dans des hôpitaux psychiatriques et pas dans des prisons."

"Il faut faire une prison de haute sécurité pour les plus grands narcotrafiquants et avoir des milieux plus humains pour ceux qui ne sont pas dangereux pour la société. C'est ce que nous allons faire dès le mois de juillet", conclut-il.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.