Meurtre dans une mosquée du Gard : la famille de la victime va déposer plainte pour que la justice reconnaisse le caractère terroriste de l'attaque

Une manifestation en mémoire du jeune Malien de 22 ans, tué de dizaines de coups de couteaux dans une mosquée du Gard, s'est tenue jeudi 1er mai.

Article rédigé par franceinfo
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Une manifestation en mémoire d'Aboubakar Cissé s'est tenue à Paris le 1er mai 2025. (IAN LANGSDON / AFP)
Une manifestation en mémoire d'Aboubakar Cissé s'est tenue à Paris le 1er mai 2025. (IAN LANGSDON / AFP)

La famille d'Aboubakar Cissé, tué la semaine dernière dans une mosquée près d'Alès, dans le Gard, va déposer plainte avec constitution de partie civile pour acte de terrorisme, a appris jeudi 1er mai franceinfo auprès de leurs avocats. Yassine Bouzrou et Mourad Battikh vont déposer la plainte au tribunal judiciaire de Paris vendredi pour dénoncer "l'acte de terrorisme" qu'a subi, selon la famille, Aboubakar Cissé.

Plusieurs centaines de personnes se sont réunies jeudi, place de la République à Paris, entre midi et 14h, pour soutenir la famille. Quelques élus étaient présents au rassemblement, dont le député insoumis Éric Coquerel. "Il faut que la justice fasse son travail", a affirmé la tante de la victime lors de ce rassemblement. Dans la plainte que franceinfo a pu consulter, l'avocat de la famille trouve "incompréhensible que le caractère terroriste de cet assassinat n'ait pas été retenu dans la qualification juridique des faits".

L'avocat insiste dans la plainte sur "l'acharnement de l'auteur des faits sur cet homme qu'il ne connaissait pas" et cela, selon Yassine Bouzrou, "démontre que son intention dépassait la seule intention de tuer un homme". D'après l'avocat, "le mode opératoire de cet assassinat a été choisi par l'auteur des faits pour terroriser les personnes qui trouveraient son corps, qui auraient accès aux images de la vidéosurveillance [de la mosquée] et qui seraient informées des circonstances de la commission des faits". Ainsi, selon l'avocat, le meurtrier "avait pour but de troubler gravement l'ordre public par la terreur", ce qui constitue, selon la loi, un élément pour que le Parquet national antiterroriste (Pnat) se saisisse de l'enquête.

D'après l'avocat, le fait que le meurtrier ait agi dans un lieu de culte - une mosquée - "censé représenter un lieu de paix pour les croyants démontre que l'auteur des faits avait outre l'intention de tuer, une intention de troubler hautement l'ordre public en intimidant et terrorisant notamment les personnes de religion musulmane". Enfin, "le choix de l'auteur des faits de diffuser ces images au public sur les réseaux sociaux démontre également son entreprise individuelle de terroriser le plus grand nombre de personnes possible", assure l'avocat. Le meurtrier a en effet diffusé la vidéo de l'attaque sur Snapchat.

Une incompréhension largement partagée

Un nom est aussi largement repris, celui de Bruno Retailleau, le ministre de l’intérieur accusé d’avoir tardé à se déplacer sur les lieux du drame. Ali Doucouré, secrétaire général du Conseil supérieur de la diaspora malienne de France, regrette que le ministre ne soit pas venu sur place rapidement. "Pourquoi quand il s'agit d'un Malien, il faut de l'observation, il faut 48 heures ? Le deux poids, deux mesures est clair puisque dans d'autres situations, avec d'autres confessions, les politiques se déplacent séance tenante", dit-t-il.

D'autres, comme Fatima, venue du Val-de-Marne, regrettent un climat islamophobe ces derniers mois en France. "On parle des musulmans, la religion, le foulard… J'ai déjà été agressée à cause de mon foulard. A l'hôpital, on m'a déjà refusé un soin", raconte-t-elle. Elle attend maintenant des réponses fortes pour faire baisser cette tension.

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