Qu'est-ce que la charge raciale, évoquée dans un rapport sur les actes racistes en France ?

Le dernier rapport de la Commission nationale consultative des droits de l'homme évoque ce terme venu des Etats-Unis et encore peu employé en France.

Article rédigé par Thomas Pontillon
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Des manifestants participent à une mobilisation sur la place de la République à Paris le 22 mars 2025, dans le cadre de la journée internationale contre le racisme et le fascisme. (BERTRAND GUAY / AFP)
Des manifestants participent à une mobilisation sur la place de la République à Paris le 22 mars 2025, dans le cadre de la journée internationale contre le racisme et le fascisme. (BERTRAND GUAY / AFP)

Le nombre d'actes racistes est en hausse en 2024. C'est ce que pointe la Commission nationale consultative des droits de l'homme qui publie ce mercredi 18 juin son rapport annuel. On peut y lire qu'un racisme du quotidien souvent "inconscient", "insidieux" touche "tous les pans" de la société. Le rapport utilise même un terme relativement nouveau : celui de la charge raciale.

Ce terme est apparu aux Etats-Unis il y a plus de 20 ans et commence à arriver chez nous. Le concept est développé dans un ouvrage de Douce Dibondo La charge raciale, publié en 2024. Le rapport explique que le racisme vécu au quotidien induit une charge raciale, c'est-à-dire une hypervigilance qui pousse les personnes victimes de discriminations à être toujours dans l'attente, usante, d'une agression ou d'une réflexion raciste. Cette charge raciale finit par modifier le comportement des personnes discriminées qui se mettent, sans forcément s'en rendre compte, à planifier constamment des éléments de leur vie pour anticiper le racisme. Par exemple éclaircir sa peau ou ses cheveux.

Cette charge raciale commence très tôt, dès le plus jeune âge, où les enfants issus de l'immigration sont déjà exposés aux discriminations. Par exemple, les actes racistes et antisémites ont triplé l'an dernier à l'école avec plus de 3 600 cas recensés. Et les autorités reconnaissent que ce phénomène est sous-évalué, qu'il échappe aux statistiques.

Dans la liste des discriminations récurrente mais impossible à recenser, on peut ajouter toutes les mauvaises blagues, les remarques qui représentent des micro-agressions, dit le rapport, comme par exemple demander à une personne "d’où elle vient vraiment". Ce racisme insidieux, parfois inconscient, finit par affecter sur le long terme les personnes qui en sont victimes.

Des conséquences sur la santé physique et mentale

Même s'il existe peu d'études en France sur ce sujet, des études internationales ont montré que ça a un impact, y compris chez les plus jeunes. Par exemple, une étude citée dans le rapport affirme que les adolescents régulièrement victimes de discriminations ont un niveau de stress globalement plus élevé, ce qui provoque plus souvent des maux de tête ou même de l'hypertension artérielle.

Sur la santé mentale, les conséquences sont aussi très variées et importantes quel que soit l’âge. Ça peut aller d'une faible estime de soi, à la dépression ou encore à des troubles alimentaires. Ce qui est certain, c'est que c'est un phénomène majeur : d'après l'Insee, plus de la moitié des victimes de discriminations à cause de la couleur de peau, des origines ou de la religion, affirme que cela a des conséquences psychologiques "plutôt importantes" ou "très importantes".

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