La nomination à Toulouse d'un prêtre condamné pour viol "est intenable", estime l'évêque Hervé Giraud

"Quand j'ai entendu la nouvelle de la nomination, j'ai immédiatement pensé aux victimes, des victimes que j'ai rencontrées tout au long de ma vie d'évêque et je me suis dit que ça ne passerait pas", réagit mardi 22 juillet sur France Inter Hervé Giraud, évêque de Viviers (Ardèche), après la nomination à Toulouse d'un prêtre condamné pour viol. 

Des collectifs de victimes de l'enseignement catholique avaient fait part de leur "profonde indignation" vendredi 11 juillet dans un communiqué transmis à franceinfo. Ils dénonçaient la promotion de Dominique Spina, prêtre du diocèse de Toulouse, au poste de chancelier. Dominique Spina a été condamné en 2006 en appel à Tarbes (Hautes-Pyrénées) alors qu'il était prêtre du diocèse de Bayonne (Pyrénées-Atlantiques) à cinq ans de prison, dont un avec sursis, pour le viol d'un lycéen de 16 ans en 1993.

"J'entendais des confrères réagir et je me suis qu'il fallait dire quelque chose. Je me suis mis du côté des victimes, du côté des réactions indignées des gens."

Hervé Giraud, évêque de Viviers

à France Inter

"Comme j'étais moi-même atterré par cette nomination que je ne comprenais vraiment pas, je me suis dit : il faut essayer de dire quelque chose", poursuit-il. "J'avais une sorte de conscience intérieure. Je devais parler au nom de quelques victimes, de quelques confrères. C'est rare de prendre la parole ainsi, je n'aime pas du tout me mettre en avant. J'ai pris conseil auprès de confrères, de femmes, d'hommes, d'associations", détaille Hervé Giraud. 

"Il y a d'autres manières de lui confier un avenir"

"J'ai mis beaucoup de temps, je suis quelqu'un qui va pas à pas et je me suis dit, je vais quand même dire ce que je pense sur cette nomination qui est intenable. On ne peut pas la maintenir en l'état, elle est inacceptable du point de vue des victimes", s'indigne-t-il. "Je voyais que tout le monde était indigné" et "il fallait que cette opinion s'exprime par une voie un peu plus épiscopale". "On avait tellement travaillé à nous mettre à l'écoute des victimes pendant des années, on arrivait à trouver une attitude juste, vis-à-vis d'elles, à se mettre de leur point de vue", confie l'évêque. Il s'est dit qu'il "ne fallait pas qu'on revienne en arrière". "Il y avait un moment favorable pour moi", justifie-t-il. 
 
"Je suis un évêque qui a un peu d'expérience au bout de 22 ans. Je me suis dit que c'est peut-être à un plus ancien de parler et dire quelque chose qui soit juste". Il ne s'agit pas d'infliger "une double peine à ce prêtre. Mais il y a d'autres manières de lui confier un avenir par un simple travail ordinaire", estime l'évêque de Viviers, sans "lui confier une mission qui demande une intégrité assez forte".