Pédocriminalité dans l'Eglise : "La blessure sera toujours là mais on peut leur permettre de renouer avec l'avenir", selon le président de la Commission
"On parle de réparation parce qu'on sait que l'indemnisation poste par poste, comme le font les juges, c'est impossible", estime sur franceinfo Antoine Garapon, qui est à la tête de la Commission indépendante de reconnaissance et de réparation.
"La blessure sera toujours là mais on peut permettre" aux victimes de violences sexuelles dans l'Eglise "de renouer avec l'avenir", a expliqué sur franceinfo Antoine Garapon, essayiste et magistrat. Il est à la tête de la Commission indépendante de reconnaissance et de réparation, qui poursuit une médiation entre victimes de crimes sexuels et Église, propose un barème de 5 000 euros et 60 000 euros.
franceinfo : Est-ce que c'est une étape indispensable après le rapport Sauvé ?
Antoine Garapon : C'est la suite du rapport Sauvé et c'est un travail sensiblement différent puisque-là il faut passer à l'action, se confronter à des victimes directes. C'est un travail qui devait commencer par construire des instruments qui soient partagés par tous. On a pris contact avec les avocats qui sont chargés de régler le problème des scouts américains. Ils nous ont dit de toujours garder les victimes de notre côté et de communiquer avec elles.
Comment s'est passé le contact avec les victimes ?
Il n'y a pas de réponse parfaite et on s'est appuyé sur notre expérience, sur les thèmes qui revenaient souvent. Beaucoup de victimes nous ont dit qu'elles avaient peur. Il fallait les aider avec ce questionnaire, qui va dans les détails parfois, et ces détails les aident. Elles ne sont pas obligées de répondre, mais le questionnaire a été très bien reçu parce que c'est une manière d'extérioriser quelque chose que l'on porte en soi.
Est-ce que vous vous êtes inspirés du travail de la justice française ?
Je suis magistrat, donc mon premier réflexe est de regarder ce que fait la justice. Ce sont les tribunaux qui ont inventé cette échelle de 1 à 7 et nous nous sommes calés sur eux. On a remonté les planchers les plus faibles. Cela a été une très bonne base de départ. Ensuite, il y a eu la délicate question du plafond. On s'est dit qu'on allait prendre le maximum de ce qui était décidé en Europe, 50 000 euros en Allemagne, et on va mettre 10 000 euros de plus pour faire accepter ce qui est une déception pour certaines victimes. Certaines arrivent avec l'espérance de pouvoir obtenir une grosse somme et je pense que ce n'est pas sain de les entretenir dans cette perspective.
Il s'agit bien d'une indemnisation prévue par l'Eglise dans la démarche du rapport Sauvé ?
On parle de réparation parce qu'on sait que l'indemnisation poste par poste, comme le font les juges, c'est impossible. On ne s'en sortirait pas. On ne peut pas établir des faits qui se sont passés il y a 50-70 ans dans l'intimité d'un confessionnal ou d'un dortoir d'internat. Pour bénéficier de ces réparations il faut nous écrire. Si on n'est pas compétents, on le dit.
"On répond à tout le monde et on essaie de ne laisser personne sans solution."
Antoine Garapon, essayiste et magistratà franceinfo
Quelle va être la suite ?
Maintenant qu'on a les instruments, on va essayer d'avoir un rythme soutenu parce que toutes les victimes veulent en finir. Une victime qui a été enfermée dans le silence pendant 40 ans, le jour où elle libère la parole elle veut que cela vienne tout de suite, elle veut en finir. C'est pour ça qu'on va s'organiser. La blessure sera toujours là mais on peut leur permettre de renouer avec l'avenir. Au niveau des victimes, on a des personnes dont les enfants sont partis, pour qui la retraite approche. Les souvenirs de l'enfance ou de l'adolescence reviennent. Les jeunes eux restent moins longtemps dans le silence et parlent plus volontiers.
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