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Autorisation du burkini à Grenoble : "C'est un choix de simplicité, enlevons les interdits", plaide Éric Piolle

"On doit juste permettre aux femmes de se vêtir ou se dévêtir comme elles le souhaitent", estime le maire de Grenoble.

Article rédigé par franceinfo
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Éric Piolle, maire de Grenoble et candidat à la primaire écologique pour la présidentielle de 2022, invité de franceinfo, le 9 septembre 2021. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)
Éric Piolle, maire de Grenoble et candidat à la primaire écologique pour la présidentielle de 2022, invité de franceinfo, le 9 septembre 2021. (FRANCEINFO / RADIO FRANCE)

"C'est un choix de simplicité, enlevons les interdits", plaide lundi 16 mai sur franceinfo Éric Piolle, le maire de Grenoble, qui veut autoriser le burkini dans les piscines municipales de sa commune. Il veut aussi laisser les femmes se baigner seins nus si elles le souhaitent. "Ces interdits sont récents, ils ont été mis en place à Grenoble en 2012 et on doit juste permettre aux femmes de se vêtir ou se dévêtir comme elles le souhaitent". La préfecture de l'Isère a annoncé dimanche soir que le préfet demanderait au tribunal administratif d'annuler l'autorisation du burkini à la piscine si le conseil municipal de Grenoble modifiait lundi en ce sens la réglementation des piscines.

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Pourquoi vouloir autoriser le burkini dans les piscines municipales de Grenoble ?

Éric Piolle : C'est un choix de simplicité. Enlevons les interdits, ils sont récents et ils ont été mis en place à Grenoble en 2012. On doit juste permettre aux femmes de se vêtir ou de se dévêtir comme elles le souhaitent, qu'elles puissent se baigner seins nus comme les hommes, que l'on puisse porter des maillots couvrant pour se protéger du soleil, qu'on puisse exprimer à la piscine comme dans la rue ses convictions politico-religieuses. Il faut revenir à la loi et à la simplicité. C'est ce qui s'est fait à Rennes, sans aucun problème. Laissons les femmes libres. Il y a dix ans, on ne pouvait pas rentrer en pantalon quand on est une femme à l'Assemblée nationale ou au Sénat, tout ça n'a pas de sens. Menons un combat contre l'islam politique à l'endroit où il le faut et faisons respecter la loi de la laïcité. La loi de 1905 est extrêmement moderne.

Est-ce que toutes les femmes qui aujourd'hui portent le burkini le font librement ?

Le burkini, en l'occurrence, franchement je pense que oui, puisque les islamistes politiques ne veulent pas que leurs femmes soient à la piscine avec qui que ce soit. Laissons juste les femmes libres de se vêtir ou de se dévêtir. Et faisons un combat de l'émancipation des femmes partout et toujours. Enlevons les interdits. Pourquoi toujours réglementer le corps des femmes ? Appliquons la loi.

Votre décision provoque une levée de boucliers à droite. Que répondez-vous au président Les Républicains de votre région, Laurent Wauquiez, qui menace de couper les subventions à votre ville ?

Au lieu de s'occuper des piscines de Grenoble, si jamais il veut aller dans sa croisade contre le voile, il pourrait décider d'interdire le voile dans les trains express régionaux. Ça va dépendre de sa responsabilité, donc qu'il fasse sa croisade dans les endroits où il est en responsabilité et qu'il laisse les piscines de Grenoble tranquilles.

Votre majorité et la gauche grenobloise également se divisent sur cette question du burkini, notamment le PS et votre première adjointe LFI. Elle affirme que le burkini est un "outil d'oppression patriarcale". Êtes-vous sûr d'avoir la majorité au conseil municipal pour faire adopter la mesure ?

Nous verrons. En conseil municipal, le conseil est souverain, donc nous délibérons et nous votons. Si nous passons ce texte, c'est que nous avons décidé en majorité de le passer. Avant la réouverture des piscines d'été début juin à Grenoble, on laisse tout le monde pouvoir accéder au service public. Je suis profondément universaliste. L'universalité d'accès aux services publics, c'est important.

Le préfet de l'Isère annonce déjà que si le burkini est autorisé, il saisira en urgence le tribunal administratif, au nom de la loi de 1905 sur la laïcité et de la loi contre les séparatismes votée l'an dernier. Que répondez-vous ?

Je suis ravi que le gouvernement nous attaque. Il n'a pas attaqué Rennes quand il y a eu la décision à Rennes, il y a plein d'autres piscines en France qui permettent de rentrer avec des burkinis. Le Défenseur des droits Jacques Toubon avait pointé qu'on ne pouvait pas interdire le burkini au nom de la laïcité. J'ai hâte que le gouvernement nous explique en quoi dans une piscine, on devrait masquer tous nos signes religieux. Ça va être un débat effectivement intéressant qui est dans la suite de ce qu'a choisi la macronie depuis l'été 2020 avec les remarques de monsieur Darmanin, qui se voyait choqué de voir des rayons halal et casher dans les supermarchés. Avec M. Blanquer, qui considère qu'une jeune fille ne devrait pas aller au lycée, au collège en crop top. Éduquons les regards des garçons et le regard de monsieur Blanquer. Ça fera du bien à tout le monde.

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