Voile à l'école : "Il faudrait que les forces de l'ordre soient appelées immédiatement", suggère une chercheuse spécialiste des réseaux salafistes
Selon l'anthropologue Florence Bergeaud-Blackler, qui vit sous protection policière, il ne faut plus que "les enseignants, les cadres des écoles prennent le risque d’intervenir directement".
"Il faudrait que les forces de l'ordre soient appelées immédiatement" quand le voile est porté dans un établissement scolaire, suggère jeudi 28 mars sur franceinfo Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue au CNRS et auteure du livre Le frérisme et ses réseaux publié aux éditions Odile Jacob. Elle est la seule chercheuse française à vivre sous protection policière.
Le proviseur du lycée Maurice-Ravel à Paris qui avait demandé à une élève de retirer son voile a décidé de quitter ses fonctions après avoir reçu des menaces de mort. L’État a décidé de porter plainte pour "dénonciation calomnieuse". La jeune femme avait accusé à tort le proviseur de l’avoir violentée. "On peut comprendre qu'il ait quitté son poste", mais "si chacun, effectivement, se retire, oui, nous aurons perdu d'avance" contre "l’idéologie salafiste", estime Florence Bergeaud-Blackler. Elle préconise d’interdire le voile également dans les écoles privées et plus globalement de l’interdire en France "pour les mineures".
franceinfo : Gabriel Attal a décidé de porter plainte pour "dénonciation calomnieuse". Il a également dénoncé "une forme d'entrisme islamiste". Il utilise les bons mots ?
Florence Bergeaud-Blackler : C’est important de mettre les mots dessus. Il a raison de prendre une telle mesure. Il faut même aller beaucoup plus loin quand il y a comme une infraction à la loi caractérisée. Tout le monde sait bien qu'il ne faut pas mettre de voile dans un établissement scolaire. Il faudrait que les forces de l'ordre soient appelées immédiatement. Il faut maintenant que les écoles, les enseignants, les cadres des écoles ne prennent pas le risque d’intervenir directement. Ça fait quand même 40 ans que l’on connaît ce problème. Ça remonte à l'affaire de Creil en 1989. Nous savons exactement comment ces réseaux agissent.
"Ces derniers temps, il est de plus en plus difficile de travailler parce qu'on est menacé, parce qu'on n'a même plus accès quand on est universitaire comme moi, au campus."
Florence Bergeaud-Blackler, anthropologue au CNRSà franceinfo
Donc, il y a un certain nombre de mesures à prendre. J'en ai donné un certain nombre dans mon livre. J'ai le sentiment quand même que ces mesures ne sont pas encore prises au sérieux.
Le proviseur a quand même préféré se mettre en retrait à quelques mois de la retraite. Vous le regrettez ?
Nicole Belloubet a immédiatement réagi dès les menaces. Il y a eu un accompagnement. Maintenant, on est très loin du compte. Il faut un travail beaucoup plus en amont pour que ces choses-là n'arrivent pas. Après, le proviseur, qui est un fonctionnaire, aurait pu rester en poste. Il a fait ce choix et c'est tout à fait respectable. À l'approche de la retraite, on peut comprendre qu'il ait quitté son poste. C'est très important que partout où nous le pouvons, nous résistions à cette poussée parce qu’évidemment, si chacun, effectivement, se retire, oui, nous aurons perdu d'avance. Il faut s'y prendre beaucoup plus sérieusement sur ces questions. Et de nommer l'idéologie qui est derrière, qui est une idéologie salafiste, qui est frériste en particulier.
Cette idéologie pousse les jeunes à provoquer l’autorité scolaire ?
Absolument. Ça ne prend pas la forme d'un ordre explicite, mais c'est dans un bain idéologique dans lequel ces jeunes baignent et qui les incite à faire ça. On est dans une période un peu particulière de l'après 7-Octobre.
Que préconisez-vous ?
Déjà, il faut être beaucoup plus ferme sur l'application de cette loi qui doit non seulement toucher l’école publique, mais les écoles privées. J'irais même plus loin, je pense qu'il faut interdire le voile des mineures.
"L'objectif du frériste, ce sont ces micro-sociétés islamiques qui ont vocation à s’étendre. Et il n'y a pas de société islamique sans l'imposition du voile."
Florence Bergeaud-Blacklerà franceinfo
On peut freiner cette idéologie en prenant de telles mesures. Mais il y a encore de très grands tabous. On ne parle toujours pas tranquillement, sans censure, sans avoir la voix tremblante, du frérisme, de ces réseaux et des Frères musulmans qui agissent en France.
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