Reportage "En fait, ils sont très de gauche" : au cœur d'une réunion de préparation au blocage du 10 septembre

L'appel qui circule depuis plusieurs semaines sur les réseaux sociaux pour "bloquer le pays" le 10 septembre n'est pas seulement virtuel. Des réunions physiques se tiennent aussi pour organiser la mobilisation. franceinfo a pu y assister.

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Radio France

Publié le 29/07/2025 11:58

Temps de lecture : 2min

Un homme en gilet jaune soulève une pancarte "Révolution" lors d'une manifestation, le 14 juillet 2022, à Paris. (XOSE BOUZAS / HANS LUCAS)

Depuis l'annonce du plan de 44 milliards d'euros d'économies de François Bayrou et surtout sa proposition symbolique de supprimer deux jours fériés, un blog "mobilisation10septembre" a été lancé pour inciter notamment à des actions collectives de boycott et désobéissance civile à la rentrée.

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Cet appel pour un "arrêt total, général et illimité du pays", n'émane ni d'un parti ni d'un organisateur clairement identifié et se présente officiellement comme apolitique et asyndical. Des canaux de discussion sur la messagerie Telegram comptent plusieurs milliers de membres pour discuter de la forme que devra prendre la mobilisation. Certains petits groupes, qui se sont constitués en discutant sur ces forums en ligne, ont déjà décidé de se retrouver physiquement. franceinfo a assisté lundi 28 juillet à une réunion à Paris, dans le parc des Buttes-Chaumont.

Féminisme, antiracisme, antifascisme...

Une cinquantaine de personnes est assise en rond sur la pelouse. Il y a des jeunes avec des keffiehs, quelques retraités et certains ont des lunettes de soleil pour passer incognito. "Est-ce que antiguerre ça fait consensus ? Antiguerre ? On est ok là-dessus à peu près ?," interroge l'un des participants à la cantonnade. Tous sont inscrits sur un groupe Telegram pour répondre à l'appel du 10 septembre, mais c'est la première fois qu'ils se voient.

Lors de cette réunion, on rencontre des militants de la France insoumise ou des "gilets jaunes", comme ce grand homme grisonnant qui donne le mot d'ordre : "Contre le plan d'austérité Bayrou !". "Les gens qui sont là peuvent dire que c'est ça qui nous met en colère, d'autres vont apporter autre chose", explique-t-il.

"C'est ce qui s'est passé avec les 'gilets jaunes'. Ils sont partis sur un problème pétrolier, pouvoir remplir son réservoir pour emmener ses enfants à l'école. Et puis très vite, tout le monde est arrivé avec ses problèmes et on s'est rendu compte que l'on avait à peu près les mêmes."

Un participant
à franceinfo

Certains dans le groupe proposent de "tirer le signal d'alarme du métro au même moment dans tout Paris", le 10 septembre prochain. D'autres évoquent le blocage des usines d'armement.

À la sortie, un jeune homme repart dans son coin, déçu. "Je vois que ce sont beaucoup de gens qui poussent les idées d'antiracisme, de féminisme, d'antifascisme. Je trouve que c'est très inutile, on est là pour combattre Bayrou. Moi, je suis de droite, je ne m'en cache pas. On est parti d'un mouvement qui est antiparti politique... et on découvre qu'ils sont, en réalité, très de gauche", confie-t-il. Le groupe a prévu de se rassembler à nouveau à la fin du mois d'août, mais lui, ne reviendra pas.