Commémoration de la rafle de Pexonne : la présence de descendants d'un capitaine nazi est "un message de paix", estime le petit-fils d'une victime
Pour la première fois ce dimanche, des descendants du capitaine SS Wenger vont assister à la commémoration de la rafle de Pexonne. Ce responsable de l'armée allemande avait ordonné l'arrestation de 112 personnes, dont 80 avaient été déportées et trois fusillées, il y a 79 ans.
La présence de descendants d'un capitaine nazi à la commémoration de la rafle de Pexonne, en Meurthe-et-Moselle, est "un message de paix", estime sur franceinfo ce dimanche 27 août Guillaume Maisse, petit-fils d'une victime et président de l'association "Pexonne 27 août 1944". Pour la première fois cette année, 79 ans après les faits, des descendants du capitaine SS Wenger vont assister à la commémoration, ce dimanche. Ce responsable de l'armée allemande avait ordonné l'arrestation de 112 personnes, dont 80 avaient été déportées et trois fusillées. Seule une quinzaine de personnes avaient survécu.
franceinfo : Comment ce moment quasi unique peut avoir lieu ?
Guillaume Maisse : Il y a un an exactement, j'ai publié le livre Pexonne 27 août 44, Une rafle oubliée. Et ce livre a eu un petit retentissement dans le landerneau historique et les petits-enfants du capitaine Wenger qui, de leur côté, faisaient des recherches sur ce grand-père au passé très sombre et chargé, ont eu l'occasion de me retrouver grâce aux réseaux sociaux. Le premier contact a eu lieu en octobre 2022 et depuis, nous avons longuement correspondu. Très spontanément, ils ont souhaité participer à une commémoration pour faire acte de compassion et rendre, si tant est que ce soit possible, une forme de justice en rendant l'honneur et en venant s'incliner devant le monument aux morts de Pexonne.
Votre grand-père a lui-même été déporté lors de cette rafle. Qu'avez-vous ressenti en recevant ce message ?
J'ai ressenti une émotion puisque, de mon côté, j'avais comme objectif de partir à leur recherche et je ne pensais pas que ce serait aussi facile. Je craignais d'avoir en face de moi des gens qui auraient pu être dans le déni et dans le culte de ce grand-père. Au contraire, c'est tout à fait l'inverse. Mais c'est vrai que pour eux, le chemin a sans doute été facilité parce qu'ils ont un arrière-grand-père qui est un opposant notoire au nazisme. Ils ont dans leur famille les deux camps : l'opposition au Parti national socialiste et un grand-père fervent nazi.
Si vous acceptez cette demande, cela signifie que le pardon est possible pour vous. Est-ce que c'est le cas pour tous les descendants des victimes de cette rafle ?
Ce n'est pas une question de pardon, c'est une question de fraternité. À la suite de ce drame, le village de Pexonne a été détruit. Je rappelle le bilan : 32 veuves, 84 orphelins. Le village, qui vivait grâce à sa faïencerie, a perdu son dirigeant, un de ses associés et le fils du dirigeant qui était le potentiel repreneur. Ce village a énormément souffert. Le deuil est indéfini, il ne pourra pas avoir lieu puisque les corps sont partis en fumée dans les fours crématoires.
C'est compliqué de venir à la commémoration pour certains descendants ?
C'est pour une infime minorité, mais on le comprend tout à fait et chacun a son propre cheminement. Je pense que ma grand-mère n'aurait sans doute pas été en capacité d'assister à cette cérémonie. Mais aujourd'hui, nous sommes les petits-enfants et il reste très peu d'enfants de déportés. Et puis nous sommes les enfants des accords de Paris de 1963. Il y a eu de Gaulle, Adenauer, il y a eu François Mitterrand et Helmut Kohl. Nous ne sommes pas très loin de la frontière allemande, donc la fraternité l'emporte sur le malheur.
Mais est-ce vraiment aux descendants de venir demander pardon alors qu'ils ne sont pas responsables des actes de leur grand-père ?
Le terme de pardon n'est pas du tout approprié en réalité. C'est de la compassion et c'est un message de paix de dire que sur les cendres de ce drame peut aujourd'hui naître une amitié. Et pourquoi pas ? C'est une belle histoire, tentons-la.
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