"Trafic d'enfants", "appels à l'aide"... La complosphère rivalise de théories après la découverte de mystérieuses inscriptions sur Google Maps à Los Angeles

Sur les réseaux sociaux, ces derniers jours, des internautes partagent de mystérieuses vues satellites de Los Angeles sur lesquelles des messages "help" ou encore "trafico" sont visibles. La sphère complotiste y voit diverses interprétations.

Article rédigé par Audrey Abraham
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Une vue satellite du 919 E César Chavez avenue, à Los Angeles. (CAPTURE D'ECRAN / GOOGLE MAPS)
Une vue satellite du 919 E César Chavez avenue, à Los Angeles. (CAPTURE D'ECRAN / GOOGLE MAPS)

À Los Angeles, au 919 E Cesar Chavez Avenue, les images satellites de Google Maps d'un terrain vague laissent percevoir une multitude d'inscriptions telles que "help" (à l'aide), "trafico" (trafic), "LAPD" (la police de Los Angeles) et "federal" (fédéral)Sur les réseaux sociaux, des théories complotistes sont relayées. Certains internautes y voient un appel à l'aide de victimes de traite d'êtres humains, voire de trafic d'enfants.

D'après les vues satellites que franceinfo a pu consulter sur Google Maps, les inscriptions sont apparues entre février 2023 et juillet 2023 aux abords de ce qui ressemble à une friche industrielle. Sur des panneaux, sur des trottoirs et au milieu d'un terrain vague, à proximité d'une route, le mot "help" est écrit, parfois au marqueur, parfois à partir d'objets assemblés. Les spéculations vont bon train sur les réseaux sociaux depuis qu'un internaute a publié des captures d'écran sur X, dimanche. "Que se passe-t-il à LA ?", s'interroge-t-il.

Sa publication a été repartagée 44 000 fois, likée 523 000 fois et compte, à ce jour, plus de 3 000 commentaires. Toutes les théories relatives à la traite d'êtres humains sont envisagées. Certains pensent même repérer, sur le terrain vague, l'entrée de tunnels qui serviraient au trafic. D'autres vont jusqu'à identifier des conteneurs maritimes qui appartiendraient à la compagnie Evergreen, déjà accusée par les complotistes d'organiser un trafic pédocriminel sous la houlette de la démocrate Hillary Clinton.

Plus raisonnablement, des internautes estiment que ces messages seraient le fait d'un déséquilibré vivant aux abords de la friche. En effet, e Los Angeles Times rapporte que la police de Los Angeles est intervenue sur place, dimanche dernier. A leur arrivée, les agents "n'ont trouvé aucune preuve d'activité criminelle ou de menace", indique leur communiqué.

La police a aussi déclaré avoir informé l'Union Pacific Railroad, la compagnie ferroviraire propriétaire du terrain en question. Jill Micek, porte-parole de l'entreprise, a déclaré dans une réponse au Times, lundi soir, que personne n'était en danger, et qu'un homme s'était introduit sans autorisation sur le terrain "pour créer des messages trompeurs".

Le trafic d'enfants, thématique "virulente dans la complosphère"

Une séquence virale qui comporte "tous les ingrédients d'un cocktail détonnant" pour le milieu complotiste, estime Tristan Mendès France, maître de conférences spécialiste des cultures numériques, et coproducteur du podcast Complorama sur franceinfo. Depuis plusieurs années, l'analyse des images satellitaires est devenue une pratique populaire en ligne. Des images sur lesquelles est projeté "tout un imaginaire, parfois de structures militaires cachées ou de constructions extraterrestres."

Une inscription "HELP" au sol, au 919 E César Chavez avenue, à Los Angeles. (CAPTURE D'ECRAN / GOOGLE MAPS)
Une inscription "HELP" au sol, au 919 E César Chavez avenue, à Los Angeles. (CAPTURE D'ECRAN / GOOGLE MAPS)

À cela s'ajoute la thématique du trafic d'enfants, qui est "extrêmement forte et virulente dans la complosphère", souligne Tristan Mendès France. "Il y a une rencontre entre cet imaginaire lié à la pédocriminalité et l'usage populaire de l'exploration des images satellitaires."

La séquence se propage au-delà de la sphère complotiste du fait de sa nature : un mystérieux appel à l'aide. "C'est quelque chose qui attire l'attention. On ne sait pas à quoi ça correspond et donc ça attise l'intérêt, l'imaginaire et ça génère de l'engagement sur les réseaux sociaux", conclut Tristan Mendès France.

Commentaires

Connectez-vous ou créez votre espace franceinfo pour commenter.