Une personne sur quatre se sent régulièrement seule, un "enjeu sanitaire majeur", selon un rapport

Cette "épidémie de solitude", qui n'épargne pas les Français, est synonyme de souffrance pour plus de 80% de ceux qui se sentent seuls, révèle la Fondation de France.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
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Temps de lecture : 4min
Une femme fait face à la mer, le 19 mars 2021, sur la promenade des Anglais, à Nice (Alpes-Maritimes). (ARIE BOTBOL / AFP)
Une femme fait face à la mer, le 19 mars 2021, sur la promenade des Anglais, à Nice (Alpes-Maritimes). (ARIE BOTBOL / AFP)

Ils se sentent seuls. Ils sont pourtant des millions. Près d'un quart des Français (24%) sont confrontés à la solitude de manière régulière ou quotidienne, révèle la Fondation de France, mercredi 22 janvier, en dévoilant les résultats de son étude annuelle sur les solitudes*. Ce taux jugé "important" confirme la hausse observée à l'été 2023 (26% contre 21% en janvier 2023), alors que la moyenne des années précédentes était aux alentours de 20%.

"La solitude produit de la souffrance chez celles et ceux qui y sont exposés", insiste la Fondation de France, à la veille de la journée mondiale des solitudes : 81% des personnes qui se sentent seules disent souffrir de cette situation, tandis que les "solitudes choisies" demeurent "relativement marginales". "Plus qu'une problématique sociale, la solitude et l'isolement relèvent aussi d'enjeux sanitaires majeurs", interpellent les auteurs de l'étude, se référant au concept d'"épidémie de solitude" développé aux Etats-Unis. Fin 2023, l'Organisation mondiale de la santé avait déjà érigé la solitude au rang de "menace urgente pour la santé", du fait d'un risque accru d'anxiété, de démence, de dépression ou encore d'accident vasculaire cérébral.

La solitude est particulièrement ressentie en hiver, relève l'étude. Il en va de même pendant les périodes de fêtes et les vacances, des "rituels collectifs fortement marqués" durant lesquels "un tiers des personnes interrogées se sentent seules". Les auteurs voient dans ces moments connotés positivement une "ligne de fracture entre ceux qui y participent et ceux qui en sont exclus". Ces derniers appartiennent plus souvent aux milieux populaires, le taux de solitude s'y élevant à 37%, contre 16% parmi ceux disposant de hauts revenus.

12% des Français considérés comme isolés

Outre le sentiment de solitude, le rapport examine l'état des relations sociales des individus. Une personne sur dix (12%) s'avère être en situation d'isolement total, un niveau stable par rapport aux années précédentes. Cette notion est définie par l'absence de rencontres régulières avec des amis, des membres de la famille (extérieurs au foyer), des collègues en dehors du travail, des voisins ou des acteurs associatifs. Par ailleurs, 21% des sondés déclarent n'avoir plusieurs contacts physiques par mois qu'avec un seul de ces cinq réseaux de sociabilité. En additionnant ces deux populations, un tiers de la population est considéré en situation d'isolement ou de fragilité relationnelle.

L'isolement est particulièrement prononcé chez les personnes disposant de bas revenus (17%), tandis que les plus aisés sont davantage épargnés (7%). "La faiblesse des revenus minimise les possibilités de sortir de chez soi, de pratiquer une activité sportive, ludique et récréative ou de recevoir des proches à son domicile", souligne la Fondation de France. Comme quoi, si l'argent ne fait peut-être pas le bonheur, il aide au lien social.


* Enquête réalisée par le Crédoc via un questionnaire auto-administré en ligne du 5 au 24 juillet 2024 auprès d'un échantillon représentatif de la population de 3 469 individus âgés de 15 ans et plus résidant en France métropolitaine, en Corse et dans les départements et territoires d'outre-mer. Les personnes interrogées ont été sélectionnées selon la méthode des quotas en fonction de leur région, taille d'agglomération, âge, sexe, type d'habitat et catégorie socioprofessionnelle.

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