"Je ne suis pas morte, ce n'est pas le cas de tant d'autres", témoigne Dolores renversée par son ex-conjoint

Cette habitante du Calvados de 68 ans a frôlé la mort après avoir été volontairement percutée en voiture par son ex-compagnon. Deux mois plus tard, elle souffre encore d'importantes blessures et de lourds traumatismes.

Article rédigé par franceinfo, avec ICI Normandie
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Temps de lecture : 3min
Marche à Niort en mémoire de Jennifer, victime d'un féminicide (illustration). (Noémie Guillotin)
Marche à Niort en mémoire de Jennifer, victime d'un féminicide (illustration). (Noémie Guillotin)

"Je ne suis pas morte, ce n'est pas le cas de tant d'autres", témoigne Dolores, qui a échappé à un féminicide, en août dernier. Grièvement blessée par son ex-compagnon qui a tenté de l'écraser avec sa voiture à Falaise (Calvados), elle estime mardi 21 octobre sur ICI Normandie (ex-France Bleu) qu'il y a "urgence à faire bouger les choses". Toujours hospitalisée, elle peut depuis peu se déplacer en fauteuil roulant.

Le 19 août, Dolores, 68 ans, a frôlé la mort, percutée par la voiture de son ex-compagnon, un automobiliste d'une soixantaine d'années. L'homme l'a volontairement percutée, alors qu'elle marchait sur le trottoir. Une fois à terre, il a tenté de l'écraser une deuxième fois. Dolores avait quitté son ex-compagnon depuis le mois d'avril, "c'était soit je restais avec lui, soit je mourais", explique-t-elle, et "jusqu'à cet accident, j'ai été persécutée tous les jours, j'ai été agressée, ma fille Morgane aussi. Je ne pouvais pas accepter ça", confie-t-elle à ICI Normandie. Multi-traumatisée, avec des blessures aux jambes et un traumatisme crânien, elle a été prise en charge par les pompiers.

"Malgré toutes les plaintes qu'on a portées, ça n'a servi à rien"

Auparavant, son ex avait été condamné pour violences, le 8 août, juste avant la tentative de féminicide, à 18 mois de prison, dont un an avec sursis. Il a été laissé libre avec un bracelet électronique. "Ce bracelet ne servait à rien, il avait interdiction de nous contacter, mais pas de nous approcher", regrette Dolores qui dénonce cette décision de justice. "Malgré toutes les plaintes qu'on a portées, ça n'a servi à rien. Ce qu'a décidé la justice, ça a été vraiment tout et n'importe quoi."

Deux mois après les faits, elle est toujours hospitalisée à Caen. Elle est encore très marquée et "en colère", parce qu’elle avait porté plainte à plusieurs reprises contre son ex-compagnon. Elle dénonce des dysfonctionnements : "Il y a eu au moins sept plaintes. Après, ils demandent des preuves qui ne sont pas possible donc c’est compliqué, mais à chaque fois les choses ont été dites. On est allé à chaque fois à la gendarmerie", se remémore-t-elle. Mais "il n'y a rien eu de plus, en réalité", déplore Dolores.

"Faites ce qu'il faut pour que les femmes ne meurent plus sous les coups de leurs maris !"

Après avoir passé huit semaines alitée, Dolores peut, depuis le week-end dernier, se déplacer en fauteuil roulant. Elle se reconstruit peu à peu et veut témoigner pour "faire bouger les choses" dans la lutte contre les violences faites aux femmes. "Je ne suis pas morte, mais après, il faut pouvoir se reconstruire quand même", dit-elle en sanglots. "Il y a urgence, faites ce qu'il faut pour que les femmes ne meurent plus sous les coups de leurs maris ! Il faut vraiment que les choses bougent", alerte-t-elle. Il faut que les femmes soient "un peu plus entendues", conclut-elle.

Un numéro d'appel d'urgence, le 3919, pour les femmes victimes de violences et leur entourage, a été instauré. Il a reçu en 2024 un nombre record de sollicitation avec "plus de 100 000 appels pris en charge" selon la Fédération nationale Solidarité femmes (FNSF).

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