Euro d'athlétisme en salle : "En ayant franchi 5,91 m, j'ai forcément des ambitions", assure Renaud Lavillenie, de retour en Bleu après deux ans et demi d'absence

Le perchiste participe, vendredi, aux qualifications des championnats d'Europe en salle à Apeldoorn (Pays-Bas). À 38 ans, le Clermontois retrouve l'équipe de France après avoir longuement soigné son ischio-jambier.

Article rédigé par Anaïs Brosseau
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 4min
Renaud Lavillenie, le 5 mars 2025, à Apeldoorn (Pays-Bas), à la veille de l'ouverture des championnats d'Europe en salle d'athlétisme. (HERVIO JEAN-MARIE / KMSP)
Renaud Lavillenie, le 5 mars 2025, à Apeldoorn (Pays-Bas), à la veille de l'ouverture des championnats d'Europe en salle d'athlétisme. (HERVIO JEAN-MARIE / KMSP)

Le retour d'un taulier. Pour la première fois depuis les championnats d'Europe de Munich (Allemagne), en août 2022, Renaud Lavillenie renfile le maillot France. Le perchiste tentera, vendredi 7 mars, de faire partie des huit athlètes à décrocher un ticket pour la finale, prévue dimanche 9 mars, des championnats d'Europe en salle, à Apeldoorn (Pays-Bas). Fidèle à son caractère d'inexorable compétiteur, et fort d'une barre franchie à 5,91 m, le 28 février, le Clermontois ne cache pas son désir de remonter sur le podium, en l'absence du recordman du monde Armand Duplantis.

À Apeldoorn, le doyen des Bleus (38 ans) enregistre une 45e sélection en équipe de France, dix ans après son troisième et dernier titre de champion d'Europe en salle. "Je suis super content de revenir. Je ne suis pas du tout blasé. Je mesure l'importance de cette sélection-là dans mon parcours", a souligné l'ancien détenteur du record du monde de la discipline (6,16 m), mercredi, lors d'une conférence de presse.  

"Au lendemain de Munich, à aucun moment je me suis dit que j'allais mettre deux ans et demi pour retrouver l'équipe de France. Ça a été une période parsemée de blessures, de retours, de difficultés."

Renaud Lavillenie, champion olympique 2012 de saut à la perche

en conférence de presse

Victime d'une rupture partielle d'un tendon des ischio-jambiers à l'été 2023, après plusieurs mois de douleurs handicapantes, Renaud Lavillenie a choisi de passer sur le billard en septembre 2023 pour se donner une chance de pouvoir continuer sa carrière et de participer aux JO de Paris. Mais en ne franchissant pas plus de 5,72 m en 2024, le champion olympique 2012 n'est pas parvenu à se qualifier pour les Jeux en France.

"Franchir 5,91 m a changé la donne"

Avec une rentrée cet hiver à 5,80 m à Caen, le Clermontois a vite entrevu la possibilité de retrouver les grands championnats. "Pour moi, c'est vraiment important. Un championnat est un championnat. On ne m'enlèvera jamais cette envie et philosophie", tranche-t-il. Franchir 5,91 m au All Star Perche de Clermont-Ferrand, compétition qu'il organise depuis dix ans, a ensuite bousculé ses objectifs.

L'émotion de Renaud Lavillenie, lors du All Star Perche de Clermont-Ferrand, le 28 février 2025. (MOBUCHON GAELLE/ AFP)
L'émotion de Renaud Lavillenie, lors du All Star Perche de Clermont-Ferrand, le 28 février 2025. (MOBUCHON GAELLE/ AFP)

"Si j'avais juste sauté 5,80 m, je n'aurais pas eu la prétention de dire que je joue le podium. Là, avec 5,91 m, cela change la donne. J'ai forcément des ambitions", glisse Renaud Lavillenie, qui dit rester "vigilant" par rapport à la première étape des qualifications. Avec seulement huit tickets pour la finale, une barre de qualification directe à 5,85 m, et une forte densité européenne, la marche reste haute. "Je n'ai pas de compétition à moins de 5,72 m cet hiver. J'ai retrouvé de la régularité, donc c'est encourageant."  

"Si je suis en finale, je ferai le concours pour monter sur le podium. Je sais que ça jouera à une barre, à un essai."

Renaud Lavillenie

en conférence de presse

Les "12 sauts à fond plus ceux de l'échauffement" du All Star Perche de Clermont-Ferrand ont rassuré le perchiste sur son physique. Mais la vigilance reste de mise en compétition comme à l'entraînement. "Il saute beaucoup moins en volume à l'entraînement pour préserver son intégrité. Il faut éviter le saut de trop", résume son entraîneur Philippe d'Encausse, qui se refuse à tout pronostic. "Je ne sais pas jusqu'où je peux aller tout de suite. Mais il n'y a pas de raison de dire que je ne peux pas faire mieux", complète celui qui détient désormais le record du monde des plus de 35 ans.  

Concurrence française

Mondo Duplantis absent, Renaud Lavillenie aura fort à faire face au Grec Emmanouil Karalis (6,02 m à Clermont) mais aussi face à ses compatriotes Thibaut Collet et Baptiste Thiery, qui ont aussi franchi 5,91 m à Clermont-Ferrand. "Renaud, on sait comment il est dans un championnat. On sait qu'il vient pour la médaille", pose Thibaut Collet, "boosté" par cette émulation française.

"Je le regardais beaucoup à la TV quand j'étais enfant. Donc c'est cool de pouvoir vivre ça. C'est la première fois que je l'affronte en forme en championnat. Malheureusement pour lui, je suis aussi en forme", poursuit-il, goguenard. 

Si le cadet des perchistes tricolores chasse sa première médaille en dehors de la scène française, l'aîné pourrait en ajouter une 19e à un palmarès déjà bien riche. Près de sept ans après sa dernière breloque, Renaud Lavillenie est assurément prêt à trouver de la place dans son armoire à trophées.

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