Mondiaux d'athlétisme : "Pas grand-chose à regretter"... Dans un concours au sommet, la barre était trop haute pour les trois perchistes français

Dans une finale remportée par Armand Duplantis avec un nouveau record du monde, Thibaut Collet termine 5e, comme à Budapest deux ans plus tôt. Diminué physiquement, Renaud Lavillenie pointe en 8e position, Ethan Cormont se classe 11e.

Article rédigé par Anaïs Brosseau - envoyée spéciale à Tokyo
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 5min
La déception de Renaud Lavillenie, lors de la finale du saut à la perche des Mondiaux de Tokyo, le 14 septembre 2025. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)
La déception de Renaud Lavillenie, lors de la finale du saut à la perche des Mondiaux de Tokyo, le 14 septembre 2025. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

Trois Français présents en finale du saut à la perche. Trois chances de médaille. L'avantage du nombre n'aura pas suffi, lundi 15 septembre, aux championnats du monde d'athlétisme à Tokyo. Sans surprise, le concours a été dominé par les deux extraterrestres de la discipline actuellement : le Suédois Armand Duplantis, auteur d'un nouveau record du monde à 6,30 m, et le Grec Emmanouil Karalis. 

"J'ai été à mon meilleur niveau ce soir. C'est frustrant de ne pas avoir de médaille, de faire partie d'une génération comme ça. J'ai pris 40 centimètres par le recordman du monde. C'est dur à accepter", a soufflé Thibaut Collet, 5e avec 5,90 m, exactement comme aux Mondiaux de Budapest il y a deux ans, mais en étant attendu cette fois. Comme en Hongrie, la finale a atteint des sommets. Pas moins de sept sauteurs ont franchi 5,90 m.

5,95 m, la barre d'écrémage

Mais lorsque la barre s'est élevée de cinq centimètres supplémentaires, les Français n'ont pas réussi à suivre la cadence et sont restés sur le tapis. "Émoussé par ses qualifications" de son propre aveu, le plus jeune des trois Français engagés, Ethan Cormont, a très vite quitté les débats, après trois échecs à 5,75 m. Restaient Renaud Lavillenie et Thibaut Collet, deux perchistes aux stratégies bien différentes.

Le cadet a préféré attaquer à 5,55 m, franchi au deuxième essai, pendant que l'aîné, en vieux roublard enchaînait quelques gammes toujours en survêtement pour se lancer à 5,75 m. Diminué par une inflammation tendineuse à la jambe droite depuis deux semaines, Renaud Lavillenie avait anticipé sa stratégie. "Ce n'est pas ce qui se fait de manière très commune, encore moins quand tu es diminué physiquement. C'était réellement très plaisant parce que j'aurais pu m'effondrer totalement et ça m'a sécurisé une huitième place", a retracé le champion olympique de 2012. 

À 5,75 m, le pari a fonctionné pour l'ancien recordman du monde, venu à Tokyo effacer les mauvais souvenirs des JO de 2021 où il était déjà blessé. Après une nouvelle impasse à 5,85 m, tout s'est joué à 5,90 m. "Je savais qu'il fallait que je sois à mon maximum. Je n'ai pas grand-chose à regretter sur l'échec à 5,90 m."

Des jeux d'impasses

Nouvelle impasse pour tenter 5,95 m et nouvel échec. "J'ai réussi, sans être vraiment très à l'aise dans ma course d'élan, à prendre ma plus grosse perche de la saison et à faire des bons sauts", a savouré Renaud Lavillenie, partagé entre la "frustration" et l'envie de retenir le positif. 

"Il y en a un qui pousse les limites de la hauteur. Ça, je l'ai fait il y a dix ans. Maintenant je m'occupe de pousser les limites temporelles. Et je ne suis pas sûr que Mondo arrive à me battre là-dessus."

Renaud Lavillenie, 8e des Mondiaux 2025 au saut à la perche

en zone mixte

Pendant ce temps, Thibaut Collet, version Budapest 2023, a passé 5,75 m, 5,85 m et 5,90 m au premier essai. "Je n'ai jamais été à ce niveau-là, physiquement ou techniquement", s'est réjoui le Grenoblois à l'issue de la finale. Le voilà à un centimètre de sa meilleure performance de la saison... réalisée en février. Le printemps et l'été ont été bien plus tourmentés, avec un plafond de verre à 5,82 m. 

Une perche pas assez dure

Pour continuer de rivaliser avec la communauté des perchistes, Thibaut Collet devait alors égaler son record personnel à 5,95 m. Une formalité pour Armand Duplantis, quand le Français échouait une première fois, puis une seconde. L'Australien Kurtis Marshall, l'Américain Sam Kendricks et le Grec Emmanouil Karalis passaient eux l'obstacle, poussant le Français à garder son ultime tentative pour tenter 6,00 m. Le saut, pas mauvais, faisait tomber la barre.

"Il m'a manqué une perche plus dure. J'ai pris la plus grosse que je n'ai jamais eue aujourd'hui, et elle n'a pas suffi, a grimacé le Tricolore. J'en ai encore une plus dure, mais qui est restée en France parce qu'on s'est dit que ce n'était pas le moment. Elle aurait pu servir... Mais, ça montre que j'ai vraiment franchi un cap, que la page de 2024 est tournée." Seuls le Grec et le Suédois effaceront finalement 6 mètres – l'Australien Marshall prend le bronze au jeu des essais. 

Renaud Lavillenie félicite Armand Duplantis, le 15 septembre 2025, à Tokyo. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)
Renaud Lavillenie félicite Armand Duplantis, le 15 septembre 2025, à Tokyo. (KIRILL KUDRYAVTSEV / AFP)

Malgré des tentatives à 6,10 m et 6,15 m convaincantes, Emmanouil Karalis n'aura jamais réussi à inquiéter "Mondo" Duplantis, une nouvelle fois impressionnant de facilité.

Assis sur les bancs réservés aux athlètes posés, au bord de la piste d'élan, Thibaut Collet et Ethan Cormont n'avaient plus qu'à observer le maître livrer sa partition jusqu'au record du monde. Renaud Lavillenie, lui, était posté juste à côté du Suédois. Et comme à Paris un an plus tôt, Armand Duplantis s'est offert un 14e record du monde au bout de la soirée, à son troisième essai. La barre était définitivement trop haute pour les Bleus.

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