Mondiaux d'athlétisme : promenades, rendez-vous avec les sponsors, "hibernation"... Comment les Français ont géré l'attente avant leur entrée en lice
Les derniers Tricolores engagés aux championnats du monde sont arrivés au Japon le 10 septembre. Certains n'ont fait leur entrée en lice que samedi, à la veille de la clôture de la compétition.
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"C'est un enjeu de taille que de bien supporter ces dix jours à l'hôtel, surtout que c'est un gros hôtel. Tout le monde court, il y en a qui finissent, il faut rester dans sa bulle." Vendredi 19 septembre, neuf jours après avoir posé le pied sur le sol japonais, le fondeur tricolore Etienne Daguinos n'était pas mécontent d'avoir enfin pu fouler la piste du stade national du Japon lors de sa série du 5 000 m (durant laquelle il a gagné sa place en finale) des championnats du monde. Passé en "mode fantôme pendant une semaine", d'après les mots de ses proches, le Bordelais a rebranché ses émotions la veille de son entrée en lice pour se "mettre dans le championnat".
"J'étais là pour la finale de Jimmy [du 10 000 m, gagnée par le Français]. C'était incroyable, mais j'étais tellement dans ce mode off que le soir j'ai réussi à dormir tranquillement. On est obligé d'être un peu égoïste et de mettre le focus sur nous. C'était mon choix, j'ai l'impression de l'avoir bien supporté, il reste quarante-huit heures."
Etienne Daguinos, engagé sur le 5 000 men zone mixte, vendredi
Comme à chaque compétition, les arrivées des athlètes français sont échelonnées en plusieurs vagues selon la date de leur entrée en lice. Les premiers ont profité d'un pré-camp à Wakayama (à 500 kilomètres de Tokyo) du 3 au 10 septembre pour finaliser leur préparation, quand ceux engagés lors de la fin des Mondiaux ont atterri à Tokyo, depuis Paris, le 10 septembre, trois jours avant l'ouverture de la compétition qui s'achève le 21 septembre. Samedi 20, les derniers à entrer en lice étaient le lanceur de disque Lolassonn Djouhan, les décathloniens Makenson Gletty et Antoine Ferranti et les collectifs du relais, dont certains membres étaient déjà présents au stage de Wakayama.
Les équipementiers aux petits soins
Les Français sont logés au Shinagawa Prince Hôtel de Tokyo, à une dizaine de kilomètres du stade. Nouveauté de cette édition des Mondiaux, la gigantesque tour accueille l'ensemble des délégations (à l'exception de celle du pays hôte), alors que traditionnellement les sélections logent à différents endroits. Si le quotidien est d'abord rythmé par les entraînements, les temps de récupération et de soins, les athlètes ont aussi pu par exemple s'essayer à l'art de la calligraphie : des ateliers ont été organisés dans le hall de l'hôtel pour occuper les sportifs. Certains Tricolores ont aussi été aperçus en tribunes, comme le décathlonien Makenson Gletty. "Il y est allé au début mais a cessé quatre-cinq jours avant sa compétition", précise son entraîneur Rudy Bourguignon.
Plusieurs Français ont aussi partagé des photos et vidéos sur leurs réseaux sociaux de moments passés aux "maisons" de leur équipementier (Adidas, Asics, On...) installées à Tokyo le temps de l'événement. De quoi faire le plein de vêtements, mais aussi de découvrir quelques cultures locales. Pour rester concentré, Etienne Daguinos a lui choisi de limiter ses sorties. "Je suis allé manger deux fois dehors. Je n'ai pas fait des folies à faire des kilomètres et des kilomètres. Je sortais de temps en temps, j'allais m'entraîner. Je faisais ma petite vie pour essayer de passer au plus vite ce timing", décrit le coureur licencié à l'US Talence. À l'instar des marcheurs tricolores, il est par exemple allé courir autour du Palais impérial, lieu prisé par les coureurs à pied à Tokyo, avec son compatriote Yann Schrub.
Se forcer à s'aérer
Les deux spécialistes du 800 m Anaïs Bourgoin et Rénelle Lamote sont, elles, restées principalement dans la chambre qu'elles partagent à l'hôtel. "C'était super long mais moi j'ai un peu besoin d'hiberner, donc finalement ce n'était pas plus mal", souriait Anaïs Bourgoin, jeudi, à l'issue de sa victoire en série. "J'ai vraiment eu l'impression de pouvoir enfin sortir et de m'exprimer. C'est aussi pour ça que je mets une accélération aux 250 parce que ça me fait du bien et ça fait un moment que j'attends ça."
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L'aînée du duo a tout de même tâché de forcer sa camarade à quitter l'hôtel pour aller boire un café en ville et à discuter d'autres choses que de l'athlé. "On peut parler de 800 toute la journée. Donc on s'est fait des petits jeux en se disant 'bon allez, la première qui parle d'athlé a perdu'. Sauf que dix minutes après, on en parlait, racontait Rénelle Lamote, après sa série. On s'est vraiment forcé à sortir parce que c'est long d'attendre."
Les montagnes russes face aux performances françaises
Et si la cadre de l'équipe de France a d'abord suivi à la télé les résultats de ses camarades, elle a rapidement cessé d'allumer l'écran. "Entre l'élimination d'Azeddine [Habz, en séries du 1 500 m], la médaille de Jimmy, je me suis rendu compte que mon moral faisait des hauts et des bas", a justifié l'athlète de 31 ans.
L'esprit collectif et tricolore chevillé au corps, l'heptathlète Auriana Lazraq-Khlass reconnaissait de la même manière avoir eu du mal à gérer les émotions de ses camarades lors des neuf jours d'attente. "Je suis extrêmement émotive. Je soutiens tout le monde et peut-être que je laisse un petit peu d'influx nerveux avec chaque Tricolore qui court. Il faudrait que j'arrive à plus me concentrer sur moi mais c'est ma personnalité", soufflait celle qui avait en revanche choisi de supporter les Bleus derrière l'écran et pas en tribunes. "Il va falloir que je bosse sur ça parce qu'on ne choisit pas le programme." Parce que la performance passe aussi par la gestion des temps morts.
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