Ultra-trail : "Un retour à l'essentiel, à ma nature sauvage"... Mathieu Blanchard réagit à sa victoire sur l'une des courses les plus dures au monde

L'athlète français de 37 ans a franchi, lundi, la ligne d'arrivée de la Yukon Arctic Ultra à Faro (Canada), après avoir parcouru 600 kilomètres dans des conditions extrêmes de froid.

Article rédigé par Othélie Brion
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié
Temps de lecture : 3min
L'ultra-traileur français Mathieu Blanchard, le 31 mars 2023. (ALAIN JOCARD / AFP)
L'ultra-traileur français Mathieu Blanchard, le 31 mars 2023. (ALAIN JOCARD / AFP)

C'est une performance XXL. Lundi 10 février au soir, le Français Mathieu Blanchard, a remporté le Yukon Arctic Ultra, une course de trail de 608 km dans le nord-ouest du Canada. À 37 ans, l'aventurier a franchi la ligne d'arrivée à Faro, après sept jours et 22 heures de course sur des sentiers enneigés où les températures ont pu atteindre -50°C. "Ce n'est pas une victoire contre le froid ou la distance. C'est un retour à l'essentiel. À l'instinct. À ma nature sauvage", a confié le vainqueur de la dernière Diagonale des Fous, sur son compte Instagram.

"Il avait l'air soulagé que ce soit enfin fini, fatigué aussi. Il me disait qu'il allait dormir pendant plusieurs jours et qu'il allait mettre du temps à récupérer de cette aventure qui fut quand même très intense psychologiquement et physiquement", a de son côté avoué sa compagne, Alix Noblat, à France Télévisions.

Une préparation extrême

La Yukon Arctic Ultra est, en effet, considérée comme l'ultra-trail le plus dur au monde. Par sa distance, mais aussi par les conditions d'extrême froid qu'on y croise. Tout au long du périple, chaque concurrent doit, en plus, tracter plus de 30 kg de matériel, du réchaud au sac de couchage, imposés par l'organisation de la course. "Physiquement, je pense que son corps n'était pas totalement adapté à ce genre d'effort", concède Alix Noblat.

Le natif de Cavaillon (Vaucluse) avait pourtant mis en place une préparation millimétrée, s'entraînant dans un réfrigérateur géant tempéré à -21°C ou en tractant, sur des routes enneigées, un pneu accroché à sa taille. "On n'est jamais vraiment prêt pour un défi hors norme", affirmait malgré tout le coureur quelques jours avant le départ. Et il ne s'y trompait pas.

Proche de l'abandon

Après trois jours de course, Mathieu Blanchard, également connu pour sa participation à Koh Lanta en 2020, a frôlé l'abandon à cause de difficultés respiratoires. "Lors de cette nuit glaciale, mes poumons sont bloqués, j'ai la sensation de ne plus pouvoir respirer correctement, comme si je n'avais qu'un quart de ma capacité, impossible de faire trois pas sans être extrêmement essoufflé !", partageait-il sur Instagram, sollicitant sa communauté pour avoir l'avis d'un pneumologue. Il est finalement reparti après quinze heures de pause.

"Il a lutté des jours contre le froid jusqu'à ce qu'il comprenne qu'il ne fallait pas lutter contre le froid mais l'accepter", analysait après coup Alix Noblat. Un retour à l'état sauvage qui était précisément ce que recherchait l'ultra-traileur, d'après sa compagne. "Ce qui l'anime, au-delà de l'aventure, c'est de s'adapter au milieu naturel. Il aime se challenger pour savoir jusqu'où le corps humain peut aller".

Le Français a franchi la ligne d'arrivée moins de huit jours après son départ, des morceaux de glace accrochés à sa barbe et la larme à l'œil. "Elle contient tout. La douleur, la joie, la folie, la survie, l'accomplissement, le combat, la souffrance, l'euphorie et la peur", a-t-il écrit dans un post Instagram. 

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