F1 : le deuxième baquet Red Bull, un siège convoité devenu cadeau empoisonné

Après seulement deux week-ends de course, Liam Lawson a été débarqué et remplacé par Yuki Tsunoda pour rouler sous les couleurs de Red Bull, ce week-end sur le circuit de Suzuka au Japon.

Article rédigé par Maÿlice Lavorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Liam Lawson (Red Bull/Racing Bulls) lors du Grand Prix de Chine, à Shanghai, le 23 mars 2025. (AFP)
Liam Lawson (Red Bull/Racing Bulls) lors du Grand Prix de Chine, à Shanghai, le 23 mars 2025. (AFP)

Trois petites courses et puis s'en va. Quelques jours après le Grand Prix de Shanghai, deuxième manche de la saison de Formule 1, Red Bull a annoncé la rétrogradation de son deuxième pilote, Liam Lawson, vers l'écurie petite sœur Racing Bulls, tandis que Yuki Tsunoda a effectué le chemin inverse pour devenir le nouveau coéquipier de Max Verstappen, une semaine avant le week-end du Grand Prix de Suzuka (Japon), dimanche 6 avril.

Une décision motivée par le début de saison très compliqué du pilote néozélandais, titularisé chez l'écurie championne du monde des pilotes avec une expérience de seulement 11 départs en Grand Prix. Mais qui devrait continuer à faire parler puisque Yuki Tsunoda s'est classé 15e des qualifications chez lui samedi, juste derrière... Liam Lawson.

Cet échange de pilotes est le dernier changement d'une série de rebondissements autour du deuxième baquet de l'écurie au taureau depuis 2016 et l'arrivée en fanfare du phénomène Max Verstappen. Avant cela, il y avait déjà eu la relégation-promotion de Pierre Gasly et Alexander Albon (2019), mais aussi le cas Sergio Pérez, qui a semblé progressivement décliner au cours de son aventure avec l'écurie autrichienne (2021-2024) pour finir en huitième position du championnat du monde la dernière année, après seulement quatre podiums. Pourquoi cette deuxième voiture est-elle si difficile à appréhender ?

Une voiture particulière à piloter

Une partie de la réponse se trouve sans doute dans la voiture en elle-même. Depuis plusieurs saisons, la monoplace Red Bull a la réputation d'une voiture portée vers l'avant et le survirage (lorsque l'adhérence est réduite sur les roues arrière car elles se décollent avant les roues avant). Un style qui convient particulièrement au pilotage du Néerlandais.

"La voiture est construite de façon unique autour du pilote numéro 1, qui est Max [...] Il a un style de pilotage très propre, et il aime les voitures construites d’une certaine manière qui est difficile à appréhender pour de nombreux pilotes, assurait ainsi Alex Albon à The Player's Tribune en février 2023. Bien sûr, tu peux toucher et bidouiller ta propre voiture, mais la Red Bull, en général, est faite pour le style de Max."

Si l'écurie n'a jamais affirmé que la voiture était construite pour Max Verstappen, le ressenti du quadruple champion du monde, pilote numéro 1, prend forcément une certaine place. "Il demande toujours plus d’avant pour la voiture, et tu suis toujours les demandes de ton pilote le plus rapide, et ça guide l’organisation en termes de développement", a reconnu le patron de Red Bull, Christian Horner, au micro de Sky Sports pendant le Grand Prix de Chine.

De quoi se casser les dents pour un deuxième pilote qui ne partage pas forcément le même style, et qui peut expliquer les difficultés à performer. "Nous avons déjà pensé à paramétrer la deuxième voiture différemment, avec un setup moins agressif. Quelque chose qui la rendrait plus facile à appréhender", a d'ailleurs confié Helmut Marko, le conseiller sportif de l'écurie, à Motorsport cette semaine.

Une comparaison difficile à tenir

Dans ce contexte, le deuxième pilote Red Bull souffre toujours de la comparaison avec le quadruple champion du monde. Tous les week-ends ou presque, le Néerlandais s'illustre dans la manière de tirer le maximum de la voiture. "Ce n'est pas que Red Bull a designé une voiture qui convient uniquement à son style de pilotage [...] Il faut réussir à comprendre comment piloter la voiture. Max sait comment piloter dans n'importe quelle situation, dans n'importe quelles circonstances", a assuré Jaime Alguersuari, ancien pilote de la filière jeune Red Bull, à Talksport après l'annonce du changement de pilotes.

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Depuis 2019, Max Verstappen a dominé tous ses coéquipiers dans tous les exercices, victoires, pole positions, nombre de points inscrits et classement final au championnat. Depuis le début de saison, le parallèle était particulièrement dur pour Liam Lawson, qui n'a inscrit aucun point, et qui était parti dernier du sprint et de la course en Chine, pendant que son leader pointait déjà deuxième au classement des pilotes.

Cette comparaison s'accompagne donc d'une inévitable pression sur les épaules du deuxième pilote, dont les performances sont particulièrement scrutées et commentées. Après le Grand Prix de Chine, Helmut Marko avait estimé au média autrichien oe24 que la promotion de Liam Lawson, trop hâtive, avait été une "erreur". Mais il a également fait remarquer que Yuki Tsunoda, désormais deuxième homme chez Red Bull, avait été jugé "trop inconstant" en fin de saison dernière, ce qui avait finalement mené au choix de Lawson. Sur le circuit de Suzuka, devant son public et à bord d'une monoplace motorisée par Honda, le Japonais est attendu au tournant pour ses premiers tours sous ses nouvelles couleurs. "J'ai trouvé la voiture assez intéressante, je vais pouvoir vous donner du feedback [retour]. C'était une bonne session", a déclaré à la radio le Nippon à son ingénieur après la première séance d'essais libres vendredi, finie à la 6e place juste derrière Max Verstappen. Au vu des qualifications, il en faudra pourtant beaucoup plus en course pour espérer briser la malédiction.

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