Mondiaux de cyclisme : avec Pauline Ferrand-Prévôt en tête d’affiche, les Françaises découvrent le statut de favorites

Après un Tour de France historique, les sept coureuses françaises sélectionnées pour les Mondiaux font figure de favorites autour de Pauline Ferrand-Prévôt, mais pas seulement.

Article rédigé par Adrien Hémard Dohain
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Marie Le Net et Pauline Ferrand-Prévôt à l'entraînement sur le parcours des Mondiaux de Kigali au Rwanda, le 24 septembre 2025. (DIRK WAEM / AFP)
Marie Le Net et Pauline Ferrand-Prévôt à l'entraînement sur le parcours des Mondiaux de Kigali au Rwanda, le 24 septembre 2025. (DIRK WAEM / AFP)

Une équipe de France cinq étoiles. Avec Pauline Ferrand-Prévôt en tête d’affiche, les Françaises font figure de favorites pour la course en ligne des championnats du monde de cyclisme, samedi 27 septembre (en direct sur france.tv dès 12h05 et sur France 3 dès 13h35), à Kigali au Rwanda. "Ce statut d’équipe favorite est nouveau pour nous. On a bien échangé dessus avec les filles pour s'y adapter, car il change la donne mais c'est une force", apprécie Paul Brousse, sélectionneur des Bleues depuis 2018.

"Ça ne change pas notre façon de travailler", précise toutefois le sélectionneur, qui échange souvent à ce sujet avec Thomas Voeckler, sélectionneur de l’équipe de France masculine. "Les garçons ont cette expérience de ce statut, ce qui nous aide à mieux appréhender cet évènement", précise Paul Brousse, qui disposera d’une équipe XXL menée par Pauline Ferrand-Prévôt, vainqueure du dernier Tour de France, épaulée par deux autres grimpeuses de premier plan, Juliette Labous et Evita Muzic, mais aussi par la révélation Maëva Squiban (vainqueure de deux étapes sur le Tour) et l’électron libre Cédrine Kerbaol. Sans oublier les deux valeurs sûres que sont Léa Curinier et Marie Le Net, attendues dans un rôle d'équipières.

Ferrand-Prévôt vise un 16e titre mondial toutes catégories

"On y va avec le sentiment qu’on va pouvoir vraiment peser sur la course, ce qui n’était pas forcément le cas les autres années. Même s’il y a d’autres nations collectivement coriaces comme l’Italie, la Suisse et les Pays-Bas, et aussi des individualités comme Katarzyna Niewiadoma ou Liane Lippert", énumère Paul Brousse, conscient que ses coureuses auront "la pancarte" aux yeux du reste du peloton. Surtout Pauline Ferrand-Prévôt.

À 33 ans, la Champenoise est l’une des grandes favorites de ces Mondiaux relevés, disputés à 1 500 mètres d’altitude (une première depuis 30 ans et les Mondiaux de Duitama en Colombie), avec 3 350 mètres de dénivelé positif à avaler en 165 km. La vainqueure du dernier Tour de France ne vient pas faire du tourisme.

"On vient ici pour remporter le titre. Après je pense que ma saison est déjà plus que réussie donc je le prends plus en bonus. Forcément c'est un objectif pour moi mais c'est aussi un objectif d'équipe."

Pauline Ferrand-Prévôt

en conférence de presse

Auréolée de 15 titres de championne du monde toutes disciplines confondues, Pauline Ferrand-Prévôt vise un seizième maillot arc-en-ciel, un an après les Mondiaux 2024 de Zurich, qu’elle n'avait pas terminés, malade, pour ce qui était sa toute première course sur route après son titre olympique en VTT. "Ça m'a permis de me poser les bonnes questions et de progresser pendant l'hiver. C'est toujours bien d'avoir des échecs pour apprendre. Aujourd'hui, je suis une cycliste différente", a reconnu la Rémoise au Rwanda.

Libérée depuis son titre olympique en VTT à Paris, et encore plus après sa victoire finale dès sa première participation au Tour de France, PFP veut "continuer sur sa lancée" en prenant "du plaisir" tout "en remerciant quelque part aussi le public français de [lui] avoir donné des ailes". Autant de motivations qui l’ont poussée à revenir sur sa décision initiale de ne pas faire le voyage au Rwanda, encouragée en ce sens par son équipe Visma-Lease a bike, avant de revenir sur sa décision.

"Tout le monde râlait un peu en disant qu'il fallait faire les vaccins, faire ci, faire ça. Mais je trouve ça bien de s'adapter à un autre pays. Il y a une vraie culture vélo ici. Tout le monde utilise des vieux vélos pour transporter des bananes, de l'eau, des avocats. C'est incroyable de voir la caisse qu'ils ont pour emmener tout sur leur vélo."

Pauline Ferrand-Prévôt

en conférence de presse

Après avoir pris le temps de redescendre de son nuage post-Tour de France, Pauline Ferrand-Prévôt a effectué un stage de trois semaines en altitude pour préparer ces Mondiaux. "Pour l'instant je me porte plutôt bien. Mais c'est pour tout le monde la même chose : on est en fin de saison, tout le monde est fatigué et un peu usé mentalement", prévient toutefois la leader des Bleues, qui ne sera pas la seule cartouche dans le barillet tricolore. D’autant que le contexte rwandais peut rebattre les cartes à tout moment, rappelle le sélectionneur Paul Brousse : "On est sur des œufs avec la chaleur, l’humidité, la pollution ici, qui font varier les états de forme d’un jour à l’autre, pour nous comme pour les autres nations."

Labous, Squiban, Kerbaol... Les Bleues bien armées

"On a une équipe complète, qui vise un même objectif : que la France brille. On prendra les risques qu’il faut, en fonction des capacités le jour J de nos filles et des adversaires", enchaîne le sélectionneur, qui a bâti son équipe sur un principe central : "On voulait des filles prêtes à se mettre au service des autres, quelles qu’elles soient. C’est le cœur de mon métier. On a discuté avec chacune des filles des stratégies possibles, et sur le fait qu’on vient en équipe de France pour faire briller le maillot bleu avant tout."

Une responsabilité que peuvent largement assumer des coureuses comme Evita Muzic, Juliette Labous, Cédrine Kerbaol, ou Maëva Squiban. D’autant que ces trois dernières ont toutes brillé lors du contre-la-montre par équipes mixtes, à l’issue duquel elles se sont parées d’argent. "Cette médaille d’argent lance bien la semaine, ça crée une bonne spirale, note Paul Brousse. Ça a fait du bien aux têtes, notamment pour Juliette qui n’était pas bien le jour du chrono individuel (7e), mais qui était dans une forme exceptionnelle en équipes."

Les Bleues ont donc en tête "plusieurs scénarios évoqués avec les coureuses", qui évolueront selon les aléas. Et au moins cinq coureuses taillées pour jouer la gagne, face aux Néerlandaises, Italiennes et aux autres stars isolées. Car, contrairement aux hommes, le gratin du peloton féminin sera presque au complet au départ de ces Mondiaux. Avec au bout, peut-être, une première championne du monde française sur route depuis le sacre en 2014 d’une certaine… Pauline Ferrand-Prévôt.

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