: Grand entretien "C'est un rêve qui s'éloigne de plus en plus" : à deux jours du Tour des Flandres, Julian Alaphilippe revient sur son début de saison délicat
Le cycliste français Julian Alaphilippe est en Belgique, deux jours avant le départ du Tour des Flandres, l'une des courses qui l'a toujours fait rêver. Il réaffirme sur franceinfo sa volonté de ne pas faire le Tour de France cet été.
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Alors que le Tour des Flandres se court dimanche 31 mars, Julian Alaphilippe revient sur son début de saison délicat. Pour le Français, rien ne s'est passé comme prévu. Chutes spectaculaires, critiques virulentes de son manager Patrick Lefévère, à plusieurs reprises dans la presse... Le cycliste réaffirme ne pas vouloir faire le Tour de France cette année et si les Jeux olympiques le font rêver, il ne s'estime "pour le moment" pas au niveau pour en être. Le double champion du monde a fait le point au micro de franceinfo et de RMC, vendredi 29 mars, au siège de la Soudal, l'un des sponsors de son équipe, à Turnhout, en Belgique.
Franceinfo : Dans quel état d'esprit êtes-vous, à deux jours du départ du Tour des Flandres ?
Julian Alaphilippe : Ça reste un objectif que je me suis fixé un jour de gagner un Tour des Flandres. Après j'ai l'impression, quand je vois les dernières semaines, que c'est un rêve qui s'éloigne de plus en plus. Il faut toujours y croire, mais il y a un grand favori qui est Mathieu Van Der Poel dimanche. Je ne me sens pas mal, c'est aussi les autres qui sont plus forts donc on a un peu tous le même ressenti en tant que coureurs dans l'équipe. Ça ne sert à rien de s'apitoyer, de pleurer ou d'être triste. Je pense qu'on donne le maximum. Honnêtement, je n'ai aucun regret ces dernières courses, mis à part la chute aux Strade Bianche [début mars]. Mais bon, j'ai récupéré depuis, ça va mieux, je donne le maximum. Je ne suis pas nul, je sens que ça va. C'est juste que le niveau global est beaucoup plus relevé et c'est plus dur pour nous d'être à l'avant. Même collectivement, c'est plus compliqué de se retrouver. Mais on verra dimanche.
Vous semblez presque résigné, on vous a senti plus convaincu, plus déterminé...
C'est vrai, je le ressens aussi. C'est la réalité, tout simplement. Oui, je n’ai pas eu le début de saison que j'espérais. J'étais sincèrement bien parti sur les Strade Bianche avant de tomber, j'avais des sensations que je n'avais pas eues depuis longtemps sur un vélo. Donc la suite m'a vraiment mis un coup derrière la tête. Cela a mis un peu de temps à aller mieux et maintenant il ne me reste que dimanche. J'ai vu mercredi [sur A Travers la Flandre] et la semaine d'avant que les jambes sont là mais loin d'être extraordinaires. Donc j'espère faire une belle course. Je sais qu'il n'y aura pas de miracle mais je donnerai le maximum et ça, c'est une certitude.
Dans quelle mesure les échanges par médias interposés avec votre patron ont joué dans votre tête et dans vos jambes ?
J'ai réussi vraiment à m'en détacher au maximum, comme j'ai souvent l'habitude de le faire. Après, ça m'a plus fait chier pour Marion [Rousse, sa compagne et directrice du Tour de France femmes] qui, elle, n'a rien demandé et qui n'aime pas du tout être dans les histoires avec des propos comme ça qui étaient inutiles et qui n'avaient pas de sens. Parce que voilà, il y a des choses qui sont censées être personnelles. Mais je m'en suis détaché, vraiment, sincèrement. Je suis fatigué de ça en fait et du coup je m'en fous tellement que la seule chose que je peux faire, c'est faire bien mon travail. Et je le fais très bien, du mieux que je peux en tout cas, depuis de nombreuses années. Ce qui m'importe moi, c'est que mon fils soit en bonne santé et que je fasse mon métier du mieux que je peux. Le reste, on pourra toujours me critiquer, on pourra toujours dire : 'Ah il a gagné là, maintenant il n'avance plus', c’est comme ça. Je donne le maximum, tous les matins je vais m'entraîner dur et voilà.
Les chutes, notamment celle qui a eu lieu mercredi sur À Travers la Flandre, comment on les vit à l'intérieur du peloton, est-ce qu'on a peur ?
Peur, c'est un grand mot. Mais oui, moi j'ai beaucoup plus d'appréhension qu'avant. Pour en revenir à mercredi, oui c'était terrible. Juste le bruit, ça me met des frissons d'en parler parce que je suis assez tombé ces dernières années et je sais ce que c'est. À cette vitesse, tu sais par quoi les mecs qui sont par terre vont passer, donc ça refroidit et je leur souhaite un bon rétablissement. Et j'ai déjà fait un message à Wout Van Aert [lourdement tombé et blessé lors de cette même course] mais il y a d'autres coureurs... C'est un sport cruel parce qu'il y a beaucoup de sacrifices, beaucoup de travail et une chute comme ça, même loin de l'arrivée, tout s'effondre.
Cela peut vous empêcher de prendre des risques pour aller chercher une victoire ?
Il faut être mesuré, il y a risques et risques. Honnêtement cette chute-là, mercredi, ça peut être évité. On est loin de l'arrivée, on arrive avec beaucoup de vitesse, on sait qu'il faut faire attention parce qu'on arrive à 70-80 km/h. On tourne à droite sur un petit chemin. On sait que tout le monde ne va pas passer et tout le monde a les mêmes ordres au même moment. Toutes les équipes doivent être placées au même endroit stratégique. Ce sont des endroits stratégiques qui font qu'il y a un stress et une pression qui s'instaurent dans le peloton et qui sont, pour moi, durs à supporter. Parce que tu sens qu'à chaque moment, c'est chiant.
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