Chute sur Liège-Bastogne-Liège : "Peut-être que parfois on ne devrait pas prendre autant de risques", déplore Romain Bardet
La grave chute collective sur la Doyenne dimanche suscite le débat parmi les coureurs. Vélos plus rapides, confiance aveugle dans les freins, tracés et stratégies de course, Romain Bardet espère une prise de conscience collective des risques encourus.
Il avait couru, dimanche, au secours de son ami Julian Alaphilippe après la grave chute survenue sur Liège-Bastogne-Liège. Romain Bardet, miraculeusement indemne, a été très marqué par cet incident qui a mis une trentaine de coureurs au sol et provoqué de lourdes blessures dans le peloton.
Le Français avait été l'un des premiers à réagir, sur son compte Twitter : "Je pense à Julian mais aussi à tous ces gars lourdement touchés qui ont dû voir leur vie défiler quand, à plus de 70 km/h, le sifflement du peloton a fait place au chaos, au bruit du matériel qui explose et à des cris humains qui surgissent." Au lendemain des faits, lundi 25 avril, le Français est revenu, lors d'une conférence de presse, sur les enseignements à tirer de l'accident.
Franceinfo:sport : Avez-vous eu des nouvelles de Julian Alaphilippe ?
Romain Bardet : Oui, on a échangé par messages, j'étais soulagé d'avoir de ses nouvelles. Je connais très bien Julian, aussi en dehors du vélo. Mon attitude envers lui après l'accident était normale. C'est le contraire qui aurait été une surprise.
Quel était votre état d'esprit après l'accident ?
Julian était tombé en contrebas et j'étais le seul à le voir. J'ai agi par instinct, je n'ai pas pensé à la compétition. J'étais un peu déboussolé. Après l'accident, je ne savais pas si je voulais remonter sur le vélo. Je me suis arrêté un moment sur le côté. Mon équipe (Team DSM) m'a totalement soutenu. C'est presque un miracle que je m'en sorte sans dégâts. Je me souviens de William Bonnet dans le mur de Huy sur le Tour de France 2015 qui était tombé à pleine vitesse, et du temps qu'il lui a fallu pour revenir (le coureur de la FDJ avait été victime d'une fracture de la deuxième vertèbre cervicale). Quand un si gros accident arrive en tête du peloton, tu ne peux pas faire grand chose pour l'éviter. À la fin de la course, je me sentais à la fois triste et chanceux. Forcément, je ne me suis pas réveillé avec un grand sourire ce matin.
— Romain Bardet (@romainbardet) April 25, 2022
Au lendemain de l'accident, vous avez appelé à plus de responsabilité de la part des coureurs. C'est devenu une nécessité ?
C'est compliqué de trouver des solutions rapide à ces situations que l'on voit à chaque course. On sait que notre sport sous-tend des risques, et je ne veux donner de leçons à personne. Je fais aussi des erreurs, des mouvements qui peuvent mettre en danger d'autres coureurs. Mais peut-être que, parfois, on ne devrait pas prendre autant de risques. Nous sommes dans un milieu de plus en plus compétitif, tout le monde est très fort dans le peloton, et se battre pour les positions est encore plus décisif. On veut tous être à l'avant pour gagner. Donc quand deux coureurs veulent la même place, cela peut les pousser à prendre des décisions désespérées et emporter tout le peloton dans leur chute. Personne ne veut freiner mais à un certain point, si on veut plus de sécurité, il faut être raisonnable et accepter la position que l'on a.
En avez-vous parlé entre coureurs ?
On en discute, j'en parlais ce matin avec Philippe Gilbert (le coureur belge de la Lotto-Soudal), très impliqué dans la sécurité des coureurs. Il essaye de faire avancer les choses. Tous les coureurs connaissaient le parcours et savaient que la route étaient en mauvais état ici. Il n’y a pas que l’attitude des coureurs qui entre en jeu, il y a sans doute eu aussi un changement de surface qui a fait que ça n’est pas passé et qu’ils se sont accrochés. C'est multifactoriel. Le tracé des parcours joue aussi, même si des grosses chutes peuvent arriver en ligne droite sur un sprint avec beaucoup de place. Le cyclisme actuel est un sport de haute technologie. Les vélos sont plus performants, plus rapides. Tout le monde anticipe mieux les virages et freine plus tard en pensant être en contrôle. À des hautes vitesses comme ça, on voit que ce n’est pas le cas.
Avez-vous revu l'accident ?
Je n’ai pas revu le crash, je ne crois pas qu’il y ait d’images du crash en lui-même. Même si je suis curieux de comprendre ce qu’il s’est passé exactement, ce ne sont pas des images que l’on a envie de revoir.
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